Murdered Soul Suspect : l’aventure à l’épreuve de la modernité

Publié le 23 juillet 2014 par Be-Games @be_games
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Publié le 23 juillet 2014 par spacecowboy

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Murdered Soul Suspect : l’aventure à l’épreuve de la modernité

À moins de s’appeler Tim Schafer, la réalisation d’un jeu d’aventure est une expédition risquée à l’heure actuelle. Envisagez de le sortir « en boîte » et « au prix fort », et vous serez un vrai warrior. Egaré dans la vallée infernale, le héros s’appelle Murdered Soul Suspect.

Vous êtes mort, comme vous le dirait Resident Evil. Mais le décès n’est ici que le point de départ, puisque votre mission consiste à découvrir qui vous a tué. Vous, c’est un flic au look rebelle, griffonné de tatouages, chapeau Fedora posé sur le crâne et cigarette entre les doigts. Vous, c’est la classe « dur à cuire » du roman noir américain.

La mort vous va si bien, à vous qui aimez fourrer votre nez partout. Parce que, cliché oblige, votre âme erre ici-bas tant qu’elle n’aura pas trouvé le repos éternel, soit pas avant qu’elle ait trouvé le gros bâtard qui a défenestré son enveloppe terrestre. Matérialisée comme un être humain flouté, votre âme se dirige confortablement. Elle marche tranquillement et monte les escaliers comme si elle se croyait encore vivante, à ceci près qu’elle est capable de traverser la plupart des murs et des objets. Ce n’est pas encore totalement la fin des « portes fermées de l’autre côté », mais on s’amuse à imaginer les développeurs en train de triturer leur moteur physique pour laisser le personnage se fondre dans le décor.

En somme, le héros peut entrer où il veut sans se faire voir, comme le bon fantôme qu’il est. Il est aussi expert en possession d’âme, ce qui lui sert à écouter des conversations indiscrètes, à lire dans les pensées ou à suggérer des réflexions chez la personne possédée (oui, c’est comme ça qu’on dit !). Les deux premières interactions sont basiques en termes de jeu, mais la suggestion est plutôt astucieuse en ce qu’elle vous demande de choisir un indice préalablement récupéré pour raviver la mémoire de la personne interrogée à son insu. Précisons que le processus de possession se fait relax, sans chronomètre ennuyeux, menace factice ou QTE de malheur. L’action et le rythme ne sont pas des critères essentiels de Murdered Soul Suspect. Un mal pour un bien ?

Assurément, et le jeu nous le prouve lui-même quand il cède aux exigences modernes. Chose qu’il fait très maladroitement en imposant des séquences d’action-infiltration qui n’ont rien à faire là. Leur fin est un soulagement lorsque reprend le rythme normal de l’aventure, une cadence que le joueur dicte lui-même, en toute décontraction. Cette langueur donne même l’impression que le jeu est constamment en pause, à vous de trifouiller dans l’interface pour faire évoluer l’histoire. L’interface très visible renforce justement cette sensation, à l’instar du menu d’actions qui tapissait le bas de l’écran dans les classiques de l’aventure. L’aventure serait-elle condamnée à être rétro ?

Rétro, Murdered Soul Suspect l’est sans conteste. Mais sa plongée dans la modernité ne tient pas à grand-chose et peut-être même seulement à un manque de confiance envers le joueur actuel. Par peur de nous embrouiller, il fonctionne selon une progression par « tableaux ». Une question vous est posée en surimpression sur l’écran, et la réponse se trouve dans les indices regroupés dans la scène (quelques mètres carrés). L’ambition d’un grand titre d’aventure aurait voulu que le joueur recueille les indices un peu partout et recompose le puzzle au moment opportun, et pas forcément dans la minute. D’autant plus que le contexte est très étoffé par les notes trouvées dans l’environnement (rappelant ainsi Alan Wake) ; certaines d’entre elles demandent même au joueur de choisir l’information la plus pertinente dans ce qu’il vient de lire. Intelligent, mais souvent trop simple à nouveau.

Et si une suite venait régler les problèmes de Murdered Soul Suspect ? Outre les soucis techniques évidents (ralentissements costauds et réalisation de la génération précédente), ce concept étriqué mériterait en effet d’être approfondi dans un prochain titre. En effet, on ne peut s’empêcher de penser que le jeu en l’état est un brouillon de ce qu’il aurait dû être. Une ébauche agréable et rafraîchissante, mais perfectible.

En revanche, faites que l’ambiance reste ce qu’elle est. Murdered Soul Suspect a le bon goût de rester à sa place et le fait qu’il assume complètement son statut de série B le rend immédiatement sympathique. L’histoire et l’atmosphère, mises en scène notamment dans les nombreuses et courtes cinématiques, sont celles d’un film ou d’une série de fin de soirée, avec un ton un peu glauque mais jamais faussement perturbant. Après avoir sorti un cadavre (fantôme) de la rivière, vous aiderez une jeune fille à découvrir si elle a bien fait de se suicider en pensant que son petit ami la trompait. Morbide certes, mais terre à terre. Les enjeux restent donc raisonnables et s’abordent sereinement. Comme tout le jeu en réalité, qui se parcourt avec un plaisir simple que n’offrent pas toutes les grosses productions. Loin de là !


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Conclusion : L’essai n’est pas transformé cette fois, mais le concept mériterait d’être approfondi et peaufiné dans une suite. Pas irréprochable, Murdered Soul Suspect a néanmoins le mérite de ne pas en faire des tonnes pour se montrer plus beau qu’il n’est. Un jeu plaisant et atypique, c’est pourtant déjà beaucoup.

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