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Signes biophysiologiques du vieillissement

Publié le 23 juillet 2014 par Claire Roques @GUIDEIDE

INTRODUCTION

  • Le vieillissement correspond à un processus de réduction des réserves physiologiques rendant l’organisme plus vulnérable.
  • Il se caractérise par une baisse de résistance et d’efficacité du corps qui s’exprime, pour la plupart des fonctions, dès la fin de la croissance.
  • C’est un phénomène naturel mais qui varie d’un individu à l’autre.
  • C’est un processus lent et progressif qui conduit à l’état de vieillesse.
  • Le vieillissement est un processus complexe dont les effets varient en fonction de l’organe ou de la fonction considérée.
  • Tous les organes subissent les effets du vieillissement, certains plus que d’autres, et plus ou moins précocement.
  • Ce processus va créer des difficultés fonctionnelles organiques qui vont progressivement perturber la vie quotidienne des personnes âgées.

LE VIEILLISSEMENT DES ORGANES DES SENS

La vision

Le vieillissement de la vue et de l’audition sont constants et concourent à isoler la personne âgée de son environnement.

  • Presbytie : atteinte du cristallin qui perd sa souplesse ⇒ difficulté de voir nettement, sans fatigue, les objets rapprochés, ayant pour cause la diminution de l’accommodation, due à la vieillesse.
  • Cataracte : le cristallin, lentille transparente, peut s’opacifier, rendant la vision impossible.
  • Glaucome : si non traité, il entraîne à terme une cécité totale.
  • Œil sec : du à une baisse des sécrétions lacrymales, entraîne une sécheresse puis une atteinte de la cornée.
  • Œil qui pleure : obstruction des voies lacrymales provoque un larmoiement permanent.
  • Entropion : repli de la paupière à l’intérieur entraînant une irritation par frottement des cils sur la cornée
  • Ectropion : déversement de la paupière vers l’extérieur provoquant des larmoiements et une irritation de la conjonctive.

L’ouïe

La perte des neurones auditifs et des cellules sensorielles de l’oreille interne perturbe l’audition de façon habituelle chez la personne âgée.

Les atteintes auditives débutent vers 30 ans mais ne deviennent gênantes que vers 60 ans.

  • Presbyacousie : modification de l’ouïe avec difficulté de discrimination des sons à mieux entendre de loin que de près ⇒ la personne âgée a tendance à mieux percevoir la voix chuchotée que la voix haute.
  • Acouphènes : bourdonnements, sifflements ne résultant pas d’une excitation extérieure.
  • Hypoacousie : diminution de l’acuité auditive ⇒ surdité (penser à l’entretien de l’appareil auditif).

La peau

De nombreuses anomalies cutanées sont directement liées au vieillissement de la peau chez la personne âgée. Elle est amincie, desséchée, et prend un aspect de papier à cigarette froissée. Cet aspect est dû à la conjugaison de 3 phénomènes :

  • Fonte de la graisse sous cutanée
  • Atrophie du derme
  • Atteinte du tissu élastique.

*  Sécheresse : escarre ou prurit sénile

*  Rides : par modification des tissus graisseux sous cutanés, plus baisse de l’élasticité de la peau

*       Ptose : affaissement de la peau dû à une diminution de l’élasticité des tissus

Les phanères

Toute production épidermique apparente (poils, ongles, dents).

  • Alopécie : chute ou absence partielle ou généralisée des cheveux ou des poils.
  • Canitie : décoloration du système pileux normal ou pathologique.
  • Calvitie : perte des cheveux plus ou moins complète et définitive.
  • Modification des ongles : deviennent ternes, durs, cassants.
  • Carie : maladie dentaire due à la destruction progressive de l’émail et de la dentine.
  • Minéralisation de la dentine : édentation.

VIEILLISSEMENT DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR

Particulièrement touché par le vieillissement.

Vieillissement lent et progressif et diminue la validité du sujet.

Le vieillissement du système osseux (ostéo articulaire) produit deux effets majeurs sur le squelette :

  • Les os accusent une diminution de leur taux de calcium.
  • Ostéoporose chez la femme après 40 ans, chez l’homme après 60 ans.

On observe une raréfaction de la trame protéique et une déminéralisation qui diminuent la résistance de l’os expliquant les fractures plus fréquentes et les déformations squelettiques (cyphoses) chez les personnes âgées.

Les os

Le processus de décroissance de la masse osseuse s’amorce de façon lente.

*   Ostéoporose : c’est une pathologie qui est due à la déminéralisation des os et particulièrement, la perte du calcium. Elle provoque :

  • Des déformations osseuses, des fractures. Accentuée par l’ostéopénie. Elle s’exprime souvent chez la femme, surtout à la ménopause, en raison de la carence en œstrogènes
  • Ostéopénie à déminéralisation des os due à la perte du calcium et diminution de la masse osseuse.

*   Ostéomalacie : décalcification des os due à une carence en vitamine D par manque d’exposition au soleil et insuffisance d’apport alimentaire. Elle touche 10 % des personnes âgées.

*   Déminéralisation : L’ostéopénie et la déminéralisation expliquent la fréquence des tassements vertébraux et des fractures, notamment celle du col du fémur.

*   La maladie de Paget : déformation et augmentation du volume de certains os. Touche 5 % des personnes âgées.

Les articulations

Modification de la couleur du cartilage qui perd son aspect blanc nacré pour une coloration jaunâtre. Malgré cela, le cartilage reste un tissu sain et résistant sauf s’il y a diminution ou non utilisation.

  • Arthrose : pathologie de l’articulation et non le vieillissement physiologique de l’articulation. Elle est pourtant de plus en plus fréquente quant on avance en âge.
  • Arthrite : rhumatisme inflammatoire aiguë ou chronique des articulations qui peut débuter tardivement (lésions synoviales puis cartilagineuses et osseuses). Evolution rapide et destructrice, avec déformation des mains, des pieds et des genoux ⇒ polyarthrite.
  • Au niveau du genou ⇒ gonarthrose
  • Au niveau de la hanche ⇒ coxarthrose
  • Au niveau des articulations intervertébrales ⇒ favorise la survenue de tassements, hernies discales entraînant des lombalgies et des sciatiques.

Les muscles 

La masse musculaire diminue avec l’âge (entre 30 et 40 % entre 20 ans et 70 ans).

LE VIEILLISSEMENT DE L’APPAREIL CARDIO-RESPIRATOIRE

L’appareil cardio-vasculaire et respiratoire fonctionne ensemble.

Les lésions ou maladies de l’un d’eux entraînent souvent des effets secondaires dans l’autre.

Les poumons

Les voies aérifères et les tissus de l’appareil respiratoire, les sacs alvéolaires perdent de leur élasticité et deviennent plus rigides ainsi que la paroi thoracique ce qui entraîne :

  • Réduction de la capacité pulmonaire
  • Capacité vitale réduite jusqu’à 35 %
  • Réduction du taux d’oxygène dans le sang

Phénomène général :

  • Atrophie des muscles respiratoires (et en particulier du diaphragme) et rigidité de la cage thoracique qui limitent l’amplitude des mouvements respiratoires. La respiration moins ample devient plus rapide et s’accélère pour des efforts minimes (+/- cyphose).
  • Les échanges gazeux vont être diminués, une diminution des cils bronchiques avec pour conséquence l’encombrement bronchique.
  • En vieillissant, il y a une baisse du réflexe de toux à fausse route.

Les artères

La diminution de l’élasticité des artères et des artérioles, la réduction de la lumière des vaisseaux, qui est, en plus, le siège de calcifications sont les signes de l’artériosclérose physiologique (qui est un phénomène qui débute dès l’âge de 20 ans) ⇒ lésions dégénératives des vaisseaux.

  • Artériosclérose : lésions dégénératives des vaisseaux (+ chez l’homme que la femme). Facteurs favorisants : vie sédentaire, tabagisme, alcoolisme, suralimentation calorique avec excès de lipides, stress nerveux de la vie moderne.
  • Athérosclérose : maladie artérielle généralisée, associant des dépôts lipidiques athéromateux (plaque d’athérome) à une sclérose diffuse des parois vasculaires (artériosclérose). Ce qui entraîne leur obstruction progressive ⇒ diminution de l’apport sanguin à tous les organes due à la  baisse du débit cardiaque et la perte de l’élasticité des artères et à l’athérome.       En bref, se traduit par des dépôts de lipides dans la paroi des artères d’où risque d’embolie.
  • L’hypotension orthostatique : chute brutale de la tension artérielle au lever. Peut être responsable de malaises graves avec chute.
  • Hypertension artérielle : pathologie fréquente chez le sujet âgé en raison de la perte progressive de l’élasticité de ces gros vaisseaux.

Les veines

Perte de l’élasticité, dilatation et déformation des veines, ce qui peut entraîner des varices superficielles.

  • Stase veineuse (avec sensation de lourdeur dans les jambes, douleur et œdème) qui disparaît lors de la position allongée, lorsque l’atteinte est modérée.

Le cœur

  • Le débit du cœur va diminuer avec l’âge (de moitié chez un sujet de 80 ans par rapport à son jeune âge).
  • Le poids du cœur et le volume des cavités cardiaques se modifient peu avec l’âge. L’endocarde est épaissi, les valvules sont moins souples.
  • Les oreillettes se dilatent.
  • Les troubles du rythme sont fréquents.
  • Les valvules ont tendance à se calcifier ⇒ fréquence des souffles
  • La rigidité du myocarde ⇒ diminution de la force de contractions cardiaques.
  • Toutes ces altérations sont progressives et favorisent la survenue de l’insuffisance cardiaque.

LE VIEILLISSEMENT DU SYSTÈME IMMUNITAIRE

La vieillesse n’est pas synonyme de déficit immunitaire total.

Certes, il existe une baisse de l’efficacité du système de défense qui survient en vieillissant mais l’immunité acquise durant l’enfance est conservée.

Par contre, il y a une hypersensibilité à certaines infections ⇒ la grippe.

LE VIEILLISSEMENT DU SYSTÈME ENDOCRINIEN ET DE L’APPAREIL REPRODUCTEUR.

Le vieillissement endocrinien s’exprime surtout au niveau des glandes sexuelles.

Les autres glandes endocrines sont peu altérées par le vieillissement en dehors de toute pathologie spécifique. Notons quand même l’hypothyroïdie.

Les ovaires

La ménopause apparait vers l’âge de 50 ans. Arrêt des menstruations : raréfaction des follicules ovariens ⇒ chute des hormones.

C’est le déséquilibre temporaire entre les œstrogènes et la progestérone qui occasionne les troubles.

Les testicules

Vers l’âge de 50 ans, les hormones mâles (testostérone et androstérone) commencent à diminuer très progressivement. On parle de début d’andropause mais les manifestations sont très tardives (vers 80 ans) et souvent discrètes.

C’est la diminution de testostérone qui entraîne une réduction de la force musculaire, du nombre de spermatozoïdes viables et une diminution du désir sexuel.

VIEILLISSEMENT DU SYSTÈME DIGESTIF ET NUTRITION

Alimentation et vieillissement

  • Modification de la morphologie, le poids diminue à partir de 70 ans ⇒ surveillance rapprochée.
  • Composition corporelle (diminution de la masse maigre, musculaire, hépatique, cerveau), plus rapide chez l’homme que chez la femme, la masse grasse augmente. Masse hydrique : l’eau intracellulaire diminue ⇒ risque de déshydratation.
  • Modification des fonctions physiologiques (buccale, intestinale, hépatique, pancréatique).
  • Besoins nutritionnels à moduler (personnes âgées : 1800 kcal/24 h)

La bouche

Les problèmes de dentition (mauvaise dentition, perte de dents, prothèses inadaptées) ainsi que la diminution de la sécrétion salivaire provoquent des difficultés à la mastication.

  • Atrophie des papilles gustatives, perception réduite des odeurs.
  • Arthrose des gencives qui va rendre la mastication pénible + difficulté à ouvrir la bouche.

Toutes ces raisons peuvent entrainer un changement progressif des habitudes alimentaires.

Les soins dentaires, une hygiène quotidienne, la mise en place d’une prothèse et d’une alimentation adaptée peuvent apporter des réponses efficaces et prévenir ou enrayer un état de dénutrition.

Le tube digestif

  • Foie : atrophie hépatique.
  • La constipation : plus fréquente et favorisée par le fait que les personnes âgées boivent moins en raison de la moindre sensation de soif, par l’hypotonie de la paroi abdominale et la diminution de l’activité physique qui stimule le péristaltisme intestinal.
  • La diarrhée : risque de déshydratation et de troubles électrolytiques, surveillance d’un éventuel fécalome.
  • L’incontinence fécale : c’est la perte involontaire de gaz et/ou de matières fécales par l’anus.

Il peut y avoir un traumatisme des muscles du périnée, réduction du volume et de l’élasticité du rectum. Parfois une perte de reflexe de défécation liée à la « démence ».

Il faut noter la fréquence des selles pour le rythme du transit. Il faut surveiller le retentissement sur la vie du patient. L’incontinence fécale se rencontre beaucoup moins. Il faut une surveillance des apports hydriques et un bilan des entrées-sorties. On surveille le poids.

La nutrition

  • Anorexie : favorisée par les éventuels problèmes dentaires, une alimentation inadaptée, les papilles gustatives qui diminuent leur sensibilité (ce qui entraîne une baisse du goût), une atteinte du centre de la faim.
  • Modification du goût ⇒ orientation vers des aliments très sucrés.
  • Modification de la sensation de soif ⇒ risque de déshydratation
  • Peser le patient une fois par mois, l’IMC (indice de masse corporelle) est valable que s’il est corrélé à la courbe de poids.
  • Dénutrition : déséquilibre entre les apports en calories, protides et les sorties (dépenses énergétiques)
  • Déshydratation : souvent la 1ère étape de la pathologie en cascade.

Rôle IDE :

  • Compléments alimentaires : 2 différents, les hyperprotéinés pour la perte de masse musculaire,  et les hypercaloriques chez les personnes âgées globalement dénutries, avec perte de poids
  • Surveillance préalbuminémie, albuminémie, IMC.
  • Fractionner les repas, voir les goûts de la personne âgée, fiche de surveillance alimentaire pendant 3 jours puis on le donne à la diététicienne pour qu’elle cible si il y a des défaillances des apports, le nombre de kcal, pas besoin d’attendre le médecin pour le commencer.
  • Surveiller pli cutané, langue rôtie, confusion.
  • Surveiller urines, couleur, odeur.
  • Surveiller l’haleine (fétide)
  • Bilan hydrique : faire boire compote, soupe, tisane, jus de fruits, eau gélifiée
  • Surveiller courbe de poids

LE VIEILLISSEMENT DE L’APPAREIL URINAIRE

Les reins

  • Diminution de la masse des reins ainsi que le nombre de néphron.
  • Diminution de la filtration glomérulaire, donc diminution de la fonction d’épuration (entre 40 et 70 ans, elle est réduite de moitié)
  • Baisse de l’irrigation sanguine, donc vieillissement du rein.

Vessie et urètre

  • Diminution de la capacité de rétention et du tonus vésical (faiblesses vésicales) ⇒ mictions fréquentes.
  • Augmentation du volume résiduel de la vessie (évacuation vésicale incomplète) ; incontinence et infection urinaire sont des troubles majeurs.
  • Chez l’homme, la prostate est responsable de divers troubles.
  • Changement de la structure de l’urètre.
  • Faiblesse du sphincter.

La prostate

  • Tendance à l’hypertrophie de la prostate qui va gêner l’évacuation de la vessie.
  • L’adénome prostatique est très fréquent chez l’homme de plus de 60 ans.

L’incontinence urinaire

*   Plusieurs types :

  • Incontinence d’effort
  • Incontinence par impériosité
  • Incontinence mise (effort et impériosité)
  • Incontinence par regorgement ⇒ associe des fuites à l’effort, un goutte à goutte permanent, une impériosité et témoigne d’une vessie distendue

*   Très fréquente chez le sujet âgé :

  • 12 % des femmes de + de 65 ans
  • 7 % des hommes de + de 65 ans

*   Causes réversibles ⇒ suite à un problème de santé, à une hospitalisation, diurétique, difficulté à la mobilisation, somnifère, trouble de la communication, blocage psychologique, penser à une infection urinaire chez quelqu’un qui n’était pas incontinent urinaire avant.

*   Causes irréversibles ⇒ démence, maladie neurologique (hémiplégie)

Rôle IDE :

  • Evaluer l’incontinence
  • La mettre en sécurité (protection juste avant d’aller manger, enlever après manger)
  • Accompagnement au WC, à heures fixes
  • Regarder le traitement (si favorise élimination)
  • Lit à la bonne hauteur pour le lever, déambulateur et fauteuil à proximité, sonnette aussi.
  • Rehausseur dans WC, poignet de relèvement
  • Evaluer fonction mentale
  • Limiter le soir les boissons, uriner avant de se coucher et avant la toilette.
  • Bien boire toute la journée puis ralentir à partir de 17 h
  • Veiller à l’hygiène, mesurer le retentissement de l’incontinence sur la personne.
  • En équipe, prise en charge efficace au niveau des soins d’hygiènes.

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