The Raid premier opus fut un véritable choc cinématographique pour les amateurs de films d’action, mais aussi pour les cinéphiles plus exigeants, stupéfaits par l’énergie dégagée par ce film indonésien sorti de nulle part, par la violence et la magnificence des combats, chorégraphiés avec une précision et une fluidité inédites, ou encore par le parti-pris gonflé de l’unité de temps, de lieu et d’action. D’action non stop, même…
Ce second opus est de la même veine. En encore plus fort.
Plutôt que de tomber dans la facilité en reprenant exactement le même schéma – un raid de police dans une barre d’immeubles entièrement aux mains de dangereux gangsters – il s’appuie sur un scénario totalement différent, conservant le même personnage principal, Rama (Iko Iwais) mais explorant d’autres voies narratives et jouant sur d’autres codes du genre.
The Raid 2 est à la fois la suite directe du premier épisode, un film carcéral dans sa première partie, un film d’infiltrés dans sa seconde et une variation autour de la guerre des gangs dans le dernier tiers. Rama, après être sorti de l’immeuble du cartel de la drogue, un flic ripou sous le bras, n’a pas le temps de souffler qu’il est déjà chargé d’une mission d’infiltration tout aussi périlleuse.
Ses chefs le font incarcérer dans une prison particulièrement gangrénée par la violence, sous l’identité factice d’un petit délinquant. Là, il doit oeuvrer pour gagner la confiance d’un de ses codétenus, fils d’un des plus gros chefs de gang de Jakarta, puis se faire recruter comme homme de main par ce-dernier. Une fois dans le gang, il devra accumuler suffisamment d’éléments à charge pour permettre à ses collègues de coincer d’autres flics ripoux et de faire tomber les principaux chefs de gangs. Beau programme…
Comme il se doit, chaque étape de ce parcours (du combattant) au coeur de la pègre s’avère riche en surprises et en montées d’adrénaline, mais est aussi émaillée de vrais morceaux de bravoure, qui imposent instantanément le film de Gareth Evans comme une nouvelle référence en matière d’action.
Dans la première partie, les deux combats dans la prison en mettent plein les yeux. Dans le premier, Rama doit se battre seul contre une quarantaine d’enragés, une broutille… Dans le second, une bagarre entre détenus éclate et se termine, avec l’intervention des matons, en bataille rangée dans la boue. Pourquoi pas… Si les bains de boue sont bons pour la peau, ils sont peut-être nécessaires pour aider les belligérants à soigner leurs plaies et leurs contusions…
Dans la deuxième partie, on compte une fusillade digne d’un John Woo de la grande époque, l’assassinat spectaculaire d’un homme de main (Yayan Ruhian, le terrifiant Mad Dog du premier opus, ici dans un rôle secondaire), et une course-poursuite en voiture mouvementée, qui, en moins de dix minutes chrono, rend ringarde toutes celles des productions EuropaCorp réunies.
Quant au final, il est évidemment grandiose, avec au menu un affrontement sauvage entre Rama et deux tueurs psychopathes, une bricol’girl armée d’un marteau et un fan de baseball énervé, puis, surtout, un mano a mano d’anthologie entre le héros et un vilain encore plus impressionnant que Mad Dog.
Certains trouveront sans doute le film trop long (2h30, tout de même) et déploreront même des sautes de rythme fréquentes. Mais ces pauses sont nécessaires pour permettre au spectateur de profiter pleinement de toutes ces scènes d’action magistrales, chorégraphiées à la perfection.
C’est d’autant plus fort que le cinéaste ne se contente pas d’illustrer platement les combats. Il les filme avec des mouvements de caméra extrêmement élaborés, des plans-séquences virtuoses qui feraient pâlir de jalousie un Johnnie To. Et sa mise en scène brille aussi dans les moments plus calme, à l’image de la scène introductive, un plan fixe et assez large, en plongée, décrivant une exécution sommaire. Glaçant…
Bref, n’ayons pas peur des mots, The Raid 2 est tout simplement l’un des films d’action les plus marquants de l’histoire du 7ème Art. Un plaisir brut pour amateurs du genre et pour cinéphiles purs et durs, du moins pour ceux qui ne seront pas effarouchés par l’extrême violence de l’oeuvre.
A quand un troisième volet, pour clore une magnifique trilogie?
_______________________________________________________________________________
The Raid 2 : Berandal
Réalisateur : Gareth Evans
Avec : Iko Uwais, Arifin Putra, Cecef Arif Rahman, Estelle Julie, Yayan Ruhian, Oka Antara, Ryuhei Matsuda
Genre : action élevée au rang des Beaux-Arts (martiaux)
Durée : 2h30
Date de sortie France : 23/07/2014
Note : ●●●●●●
Contrepoint critique : Cinevibe (critique contre)
_______________________________________________________________________________