Virée à Saint-Claude

Publié le 22 juillet 2014 par Micheltabanou

Passage à Saint-Claude pour me rendre à la Fraternelle qui est issue d'un cercle ouvrier, créé à la fin des années 1870 puis transformé en coopérative d'alimentation en 1881. La Fraternelle se distingue radicalement des autres coopératives par ses statuts de 1899, en grande partie dus au socialiste Henri Ponard. Ceux-ci prévoient que les bénéfices seront intégralement reversés à une caisse sociale permettant la mise en place de services de prévoyance, de secours, de retraite et d'entraide avec les autres coopératives.

Projetée en 1902 par Henri Ponard et l'architecte Charles Meunier, la maison du peuple est bâtie de 1908 à 1910 par l'architecte Paul Mouret. Elle constitue, à Saint-Claude, un lieu polyvalent où, au fil du temps, l'esprit coopératif et socialiste s'est manifesté au travers de nombreuses fonctions : production alimentaire (boulangerie, laiterie, charcuterie, atelier de torréfaction), commerce (épicerie, caves à fromage et à vin, café et restaurant), culture et instruction (imprimerie, bibliothèque et théâtre), sport (gymnase et sections gymniques), vie politique et syndicale (Bourse du travail et siège des syndicats, rédaction du journal Le Jura Socialiste.

Si la coopérative a disparu en 1984, son nom et ses locaux ont été repris par une association loi 1901 dans le but de poursuivre son œuvre, notamment dans les domaines de l’éducation et de la culture : elle ouvre des salles de cinéma et un atelier Patrimoine dans les années 1980, organise différentes manifestations musicales, des expositions, résidences d’artistes... L’importance du rôle de la Fraternelle et de sa maison du peuple dans l’histoire récente du Haut-Jura a été reconnue par une protection au titre des Monuments historiques, en 1993.

La diversité de ses domaines d'intervention se traduit par la présence d'un mobilier abondant et varié, dont la majeure partie est toutefois composée de matériel d'imprimerie. En effet, l'Imprimerie de la Maison du Peuple fut créée en 1920 pour succéder à un établissement fondé en 1893 à Oyonnax, dans l'Ain (l'Imprimerie populaire, devenue Imprimerie ouvrière par la suite). Elle constituait un élément important de la vie coopérative : là fut imprimé, jusqu'à sa disparition en 1947, le journal Le Jura socialiste.Fermée au début des années 1970, elle a été relancée par l'association, notamment par Michel Bastien, enseignant en Arts plastiques, qui a remis le matériel en état en 1987 puis, deux ans plus tard, a ouvert l'atelier Patrimoine à destination des scolaires. Son succès a conduit la Fraternelle à poursuivre une politique d'acquisition de matériel auprès d'établissements disparaissant ou se modernisant. Actuellement, l'atelier Patrimoine arrive à la fois à concilier un rôle de conservatoire du matériel d'imprimerie traditionnel et de lieu d'expérimentation et d'invention, extrêmement vivant.

j'ai prêté beaucoup d'intérêt pour l'artotheque qui permet de choisir, emprunter et accrocher, à la maison, en classe ou au travail, une ou plusieurs œuvres et d’en changer régulièrement.

L’art’Othèque de La fraternelle dispose d’une collection d’environ 250 œuvres, principalement des estampes réalisées à l’atelier de sérigraphie par des artistes de passage, en résidence ou via des coproductions avec d’autres structures. Ce qui est essentiel c'est qu'à partir d'un désir ou d’une curiosité, l’emprunt d’œuvres induit une relation privilégiée à l’œuvre d’art dans l’espace et le temps du quotidien. Il permet de se familiariser avec l’art, de prendre le temps de l’apprécier, d’acquérir un regard critique sur l’art contemporain et d’approfondir son rapport au langage des œuvres. Dans un espace collectif, l’œuvre suscite l’expression et l’échange, participe à l’amélioration d’un cadre de travail ou peut être utilisée comme outil pédagogique. Je le suis entretenu de notre projet municipal de création d'une arthoteque, projet esquisse il me souvient il y a près de deux ans avec une tentative avortée.

Je me suis rendu ensuite au Musée de l'Abbaye qui accueille les trésors de la collection Guy Bardonne et René Genis. l'ancien palais abbatial présente les œuvres issues de cettE exceptionnelle donation de peintures et dessins figuratifs de la fin du XIXe siècle aux années 2000. Le Musée soutient aussi la création contemporaine par des invitations d'artistes en résidence. 

Je garde précieusement en mémoire la découverte lumineuse de Bonnard, Dufy, Marquet, Braque, et des Lesieur, Brianchon ainsi que les œuvres des donateurs. L'exposition Jacques Truphemus a été un enchantement.