Titre : La quête de l'oiseau du temps, T8 : Le chevalier Bragon
Scénariste : Régis Loisel
Dessinateur : Vincent Mallié
Parution : Décembre 2013
« La Quête de l’oiseau du temps » fait incontestablement partie des œuvres majeures de la bande dessinée. Pour beaucoup, elle est la série qui a marqué l’entrée du neuvième art dans la fantasy. Cette tétralogie culte est le fruit de la collaboration entre le scénariste Serge Le Tendre et le dessinateur Régis Loisel. Après l’avoir lue il y a une vingtaine d’année, je peux affirmer que qu’elle s’avère à la hauteur de sa brillante réputation. C’était donc avec plaisir que j’ai vu apparaître il y a seize un cinquième tome. Il ne s’agissait pas d’une suite mais d’un prequel des aventures du héros prénommé Bragon. C’était également l’occasion de m’immerger à nouveau dans un univers dont je gardais d’excellents souvenirs. Depuis, ce prequel a fait son petit bout de chemin et en décembre dernier est sorti en librairie son quatrième épisode intitulé « le chevalier Bragon ».
Le site « BD Gest’ » propose le résumé suivant : « C’est en plein forêt, sur le territoire même du Rige, que Bragon a été choisi pour être son élève. Pour Bragon, l’enjeu est aussi simple que compliqué : accéder au statut de chevalier et gagner alors le cœur de la princesse Mara. Mais Bragon s’expose à de grands dangers en tentant d’affronter le redoutable prédateur. Celui-ci n’a d’ailleurs aucune pitié pour son élève. A l’issue de la confrontation, la vie de Bragon va basculer. »
La lecture de cet album nécessite quelques prérequis. Il m’apparaît indispensable d’avoir lu les trois qui le précèdent. Les enjeux s’avèreront au mieux nébuleux pour quelqu’un qui entamerait sa quête par cet opus. De plus, connaître parfaitement les personnages participe activement au plaisir dégagé par ces nouvelles pages. Par contre, maîtriser les arcanes du cycle originel ne me semble pas forcément nécessaire pour profiter pleinement de cette nouvelle aventure. Les quelques allusions distillées par les auteurs ne sont pas fondamentales à la compréhension de l’ensemble de mon point de vue.
Un contact sensoriel
Le premier contact avec un monde fantastique est, à mes yeux, sensoriel. L’atmosphère dégagée par les décors et les sensations générées par les lieux sont des indicateurs forts de la qualité d’une série. En me plongeant dans cet ouvrage, j’ai rapidement été rassuré sur ce point. Le premier tiers de l’histoire conte l’initiation de Bragon par le Rige. Les voir isolés dans cette forêt dense coupée du monde renforce la dureté de l’apprentissage du héros. De plus, l’oppression dégagée par le trait de Vincent Mallié transpire des planches et renforce l’attention du lecteur. L’hostilité du milieu incite à la concentration.
Soyez rassurés, ce bouquin ne se résume pas à des pérégrinations au milieu d’une forêt touffue et angoissante ou dans les rues boueuses d’une cité fortifiée au milieu d’un marais. La richesse découle aussi d’une galerie de personnages aussi consistante sur le plan qualitatif que quantitatif. Tout d’abord, son héros est un modèle du genre. Bragon est à la fois charismatique et fragile. La dureté de ses traits laisse place malgré tout à une sensibilité touchante. Sa droiture et sa loyauté ne l’empêche pas d’avoir des faiblesses. Je rajouterai que le coup de crayon de son créateur graphique renforce toutes ses caractéristiques et confirme son statut de personnage légendaire en devenir. Mais la narration ne se contente de faire exister un unique protagoniste qui attirerait toute la lumière. Les personnages secondaires bons, méchants ou plus ambigus qui parsèment son parcours ne lui servent pas de faire-valoir bien au contraire. Ils participent à sa construction et existent aussi individuellement. Que ce soit sur le plan scénaristique ou graphique, chacun est travaillé de la même manière pour le plus grand bonheur de l’aventurier qui sommeille dans chaque lecteur.
Les décors sont réussis, les personnages tout autant. Il ne restait plus qu’à les faire exister dans une quête épique. Le talent qui avait construit les épisodes était tel que j’étais plein d’optimisme en commençant ma lecture. Il n’a pas été douché, loin de là. L’apprentissage de Bragon auprès du Rige était un moment espéré. Il a été à la hauteur des attentes. Ensuite, les auteurs sont arrivés à relancer l’intrigue en confiant une nouvelle mission au nouveau chevalier. Il s’agit de ces missions qui apparaissent impossible tant les méchants semblent se diriger irrémédiablement vers une victoire inéluctable. Le moins que je puisse vous dire est que la dernière planche n’est pas des plus rassurantes.
Pour conclure, vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé le moment passé au côté de Bragon dans « Le chevalier Bragon ». C’est avec joie que j’ai appris dans la dernière case que cet album ne serait pas le dernier de la saga. J’attends donc avec une impatience certaine ce nouvel acte des aventures de ce chevalier pas comme les autres…
par Eric the Tiger
Note : 17/20