« La boîte aux lettres du cimetière » est une chronique d'enfance douce-amère. Trente récits de quelques pages, autant de souvenirs égrainés avec humour, tendresse et nostalgie. Le narrateur est un enfant de la guerre d'Espagne réfugié en France. Un enfant « rouge et noir », « fier d'être le fils d'un homme qui n'a pas peur de Dieu ». Un enfant vivant dans une communauté libertaire, toujours en lutte contre le fascisme, les bondieuseries et l'État.
Dans cette communauté, pour accueillir les camarades autour d'une table trop petite, on n'hésite pas à dégonder la porte de la maison familiale pour la coucher sur deux tréteaux. Parce qu'après tout, c'est bien connu, « les portes nous aiment quand on ne les ferme pas ». Dans cette communauté, on colle les timbres à l'envers, façon symbolique de renverser l'État, le chien de la maisonnée s'appelle Proudhon et il dort par terre sur un drapeau noir, l'école se trouve dans une ancienne porcherie et un clown équilibriste vient apprendre aux enfants à ne pas tomber.
On croise aussi des personnages haut en couleur, de la grand-mère égorgeuse de poulets à Chucho le chasseur de grillons en passant par la tante Hirondelle ou encore Pedro, le guitariste aux ongles impeccables et lisses.
Il y a beaucoup de poésie dans ces petites histoires. Un soupçon de cruauté aussi. L'écriture est belle et sonne comme une musique mélancolique aux accents autant burlesques que poignants. Simple et touchant, tout ce que j'aime.
La boîte aux lettres du cimetière de Serge Pey. Zulma, 2014. 200 pages. 17,00 euros.
L'avis d'Hélène, à qui je dois cette découverte.