Depuis déjà quelques mois, une odeur de colle Cléopâtre souffle sur nous, adultes à tendance régressive, qui avons légués depuis trop longtemps crayons de bois contre claviers tactiles pour assommer notre quotidien. Le nom de ce nouveau penchant créatif: le coloriage pour "âmes matures".
Alors non, je n’ai pas "testé pour vous" cette fois-ci. J’ai délégué ma mère à cette tâche, à travers l’ouvrage "100 coloriages mystères" de Jérémy Mariez. Le matériel requis: une riche palette de crayons ou feutres, selon que vous soyez plutôt graphite ou Crayola. Le principe: pas le droit de dépasser. Et attention, interdiction de se concentrer en tirant la langue (le retour en enfance doit avoir ses limites tout de même, dignité oblige!).
Notre testeuse s’est appropriée avec bonheur ce loisir populaire autrefois réservé aux moins de dix ans, cette petite madeleine aux vertus dites "anti-stress" et approuvée "pur-plaisir". Et c’est officiel, elle fait désormais partie du gang (pas très sélect car plébiscité en masse) des colorieuses.
Outre cette orientation "mystères" éditée chez Hachette Loisirs, les thématiques pullulent dans les librairies: des emblématiques Mandala aux scènes de rue new-yorkaises. Petit coup de cœur pour le très esthétique : « Graff, l’art de rue à colorier ».
Moins dangereux qu’un anxiolytique (à moins d’être renifleur de Veleda ou descendant direct du père castor), ce livre conduit en effet à un apaisement, à une envie d’apporter des couleurs vives à une page terne, au besoin de relever de mini-défis artistiques, de posséder un espace personnel d’expression à entretenir avec soin.
Une recherche de bien être? Peut-être... Je laisserai les thérapeutes jugés du bienfait de cet ouvrage. Une nostalgie du spirographe? Très certainement... Car il est si bon et léger de retourner aux sources par trois coups de crayon!
Emilie Genevrier