Shango s'est invité à Sablet

Publié le 21 juillet 2014 par Dominique_lin

Ce week-end, les 19 et 20 juillet 2014 à Sablet, Shango, l’orisha de la foudre et du tonnerre, avait pris possession des esprits. Dans les coursives du Salon du livre, des mots se faufilaient comme les courants d’air, les hommes avaient peur et regardaient le ciel.

Était-ce la mise à l’épreuve de Patrick Bosone, le nouveau président des Journées du livre, qui avait la lourde tâche de remplacer Jean Ripert, figure emblématique de la manifestation ?
Était-ce le rappel qu’il faut préserver le livre envers et contre tout ?
Était-ce une leçon d’humilité des éléments pour ceux qui oublieraient leur nature humaine ?
Était-ce tout simplement la rencontre des masses d’air chaud avec des cumulonimbus… ou un peu de tout cela à la fois ?
Le salon a commencé comme tous les ans, sous le soleil, même si quelques nuages passagers avaient décidé de donner l’alerte en nous envoyant quatre gouttes de pluie insignifiantes, messagères de Shango : « Nous sommes là, nous gardons un œil sur vous, nous reviendrons. » Quand ? Nul ne le savait… le plus tard possible, sur cela tout le monde s’accordait.
Les invités célèbres ont vu les files d’inconditionnels en quête du graph se former devant leur stand.
Les lecteurs habitués sont venus voir leurs auteurs, connus ou pas, parfois devenus amis, avec la complicité des mots partagés. Certains sont venus voir si un nouveau titre était paru, car ils (ou plus souvent elles) avaient déjà tout lu.
Les éditeurs de Vaucluse, invités par le Conseil général, ont rencontré leur public, retrouvé des amis, des lecteurs.
Chez Élan Sud, Jean-Pierre Cendron venait défendre son Prix première chance à l’écriture 2014, Les deux bouts du bâton, Bruno Alberro ses quatre romans, Michèle Pouget, La poupée mexicaine et pour Dominique Lin, en plus de ses quatre romans, c’était 39-45 en Vaucluse, l’ouvrage collectif, recueil de témoignages dont il a assuré la direction. Corinne Niederhoffer présentait, bien entendu, l’ensemble du catalogue de romans intemporels de la maison d’édition. Jean-Pierre Cendron a répondu aux questions de Philippe Garcia, journaliste à France Bleu Vaucluse, ce qui lui a valu quelques visites de lecteurs intéressés.
Slobodan Despot a reçu le prix du premier roman pour Le miel paru chez Gallimard, doté d’un chèque de 1000 € et de son poids en vin, ce qui, pour ce lauréat, approche le quintal ! Macha Méryl a officié dans la joie et la tonicité !
Les personnalités ont dit leurs mots, à propos du salon, à propos du soutien au monde du livre. Ainsi, Claude Haut, Président du Conseil général de Vaucluse, qui subventionne plusieurs manifestations littéraires telles que les journées de Sablet et l’Antre des livres, a confirmé que malgré vent et marées — tiens, Shango lui aurait-il soufflé à l’oreille ? — il continuerait à donner au livre toute la place qu’il mérite.
Vint l’heure de l’apéro sur la place… où nous avons pu déguster les vins de Sablet. Les vignerons fêtaient le 40e anniversaire de leur appellation. Shango, à l'affût, s’immisçait dans les esprits et soufflait la tempête après quelques verres… demain serait un autre jour.
Dimanche matin, sur la place de Sablet, on pouvait reconnaître les organisateurs, pas seulement à leur Tshirt bleu, mais au fait qu’ils scrutaient sans arrêt le ciel. Tiendra, tiendra pas… jusqu’à quelle heure ?
Les tentes d’écrivains et d’éditeurs étaient réorganisées, les livres recentrés, les cartons surélevés. À nouveau, les files d’inconditionnels en quête du graph, les amis d’auteurs et d’éditeurs, l’apéro, etc.
Pause repas… dans la salle des fêtes et non à la pinède… au cas où.
Chez les éditeurs de Vaucluse, chacun a déposé sa salade, sa pizza, son gratin de légumes, son fromage, ses melons, sa bouteille, et le repas s’est déroulé sous un parasol naturel, gris en dégradés de blancs, bienvenu. Étaient présents, en plus de Corinne, Bruno, Jean-Pierre et Martine, sa femme, Dominique, Michèle, sans oublier Françoise et Émilienne, bénévoles d’ELU, qui tenaient les stands de Lutin Malin et des éditions Barthélémy.
De belles rencontres, comme souvent dans les salons du livre… mais toujours un œil là-haut.
Le ciel s’est assombri. Il fallait regarder vers le sud, d’où soufflait le vent. Un escadron de nuages gris est passé, accompagné d’éclairs au loin. Puis, Chango est arrivé dans toute sa puissance et s’est mis à danser sur la place, soufflant tout sur son passage, mettant à terre les arbustes en pot, les nappes mal accrochées, les objets trop légers. Les tentes ont oscillé, se sont tordues sous les rafales, mais ont résisté. Les auteurs se sont tenus aux mâts pour qu’ils ne plient pas. Et l’orage a éclaté ! La pluie, forte, les éclairs, cinglants, le tonnerre, tonitruant.
Les visiteurs se sont réfugiés sous les tentes, prenant le temps de découvrir, au hasard de leur abri, des auteurs qu’ils n’auraient pas rencontrés sans Chango.
L’eau a commencé à ruisseler, à monter ; tout a été surélevé.
Chacun est parti, un peu dans le désordre. La fête était terminée, mais, heureusement, elle avait eu lieu : c’est le principal.

D.L.