La terrasse était surchauffée par le soleil, hier encore je ne pouvais sortir de peur d'être transformer en homard, rouge mais pas forcément succulent. Et puis soudain, le vent, des bourrasques, des volets qui claquent, des chaises en plastique qui raclent le sol en avançant vers la table, seules. Un coup de tonnerre, des gouttes, des grosses gouttes de pluie, un orage d'été. Court et fort, une mare d'eau, un jardin qui sourit, relève les épaules en se gavant de cette manne nouvelle.
Derrrière les vitres, je vois les dalles humides relâcher une respiration, sous forme de vapeur, la température est plus douce, tout le monde sort pour inspirer ce nouvel air.
Moi aussi je reprends place sur le transat, humide mais chaud, une serviette, mon corps en maillot de bain, je regarde au loin les montagnes, les pins, cette végétation sèche. Quel bonheur cette première semaine de vacances, seule. Première fois depuis des années, premiers moments sans lui, sans ce plafond de plomb qui s'installe dans un couple à la dérive. Oui, sans amour, mais avec tant de routine pour tuer les dernières attaches entre lui et moi, un vide naturel, un réel manque d'envie. Alors les enfants grands, bien conscients de la situation, étudiants ailleurs, on a décidé de divorcer, de se séparer en premier lieu, de vivre nos vies, car rien n'est plus en commun.
Quelques mots en arrivant ici, avec la vieille dame qui loue cette maison d'hôte, et puis cette nouvelle solitude, ce pays que j'aime tant, ce paysage chaud, dur, si véritable, si loin de la ville grouillante, ici je me retrouve. Hier il y a eut quelques larmes et une copine au téléphone pour passer à autre chose, des regrest mais curieusement aucun remord, rien à regretter, c'était ainsi, une lassitude, un éloignement en désamour de l'un et l'autre, une non-vie commune.
Et maintenant, que vais-je faire ? car si nous avons oublier de nous aimer en bossant beaucoup, en élevant nos enfants, en construisant notre maison, maintenant la vie est encore longue, à peine quinqua, je dois peut-être revoir ma vie, mon corps, mes envies, mes sentiments. Vaste chantier, mais une énergie nouvelle, des copines, des collègues, certaines comme moi, à un tournant, avec des rires, des motivations multiples pour changer. Oui je vais changer.
Revoir mon image dans le miroir, certes j'ai vieilli, je ne suis pas trentenaire mais pas non plus une vieille, trop fanée, trop usée, trop âgée. D'ailleurs c'est ma tête qui a envie de revivre avec un corps plus harmonieux, avec une taille qui sera la mienne, une robe dessus, des hanches rondes, les miennes. Les soldes ont été chaussures et petits accessoires, les prochaines, après un peu de sport seront plus mode encore. Rassurez-vous, pas de programme minceur, ni de relooking trop intensif, mais juste cet équilibre entre mes menus, mes envies, mes craquages, mes soirées seules, mes doutes, mes soirées copines, mes nouvelles envies d'une silhouette plus vive, moins relâchée. Paradoxalement c'est un peu de lâcher-prise qui me fera du bien, au boulot, en vacances, mais avec quelques motivations différentes, pour me plaire, pour me regarder à nouveau dans le miroir, pour me voir comme j'ai envie d'être, et ne rien regretter. Tous les éléments sont entre mes mains, entre mes courbes et mes yeux.
Et ce copain d'avant, recroisé par l'intermédiaire du net, si je prenais enfin confoance en moi, pour le séduire, pour le faire chavirer, pour l'avoir plus près de moi, plus tout à fait seule. Un été, des vapeurs intérieures. Et si j'allais marcher après cette pluie, sentir mon corps, l'effort, ressentir la nature autour de moi, refaire les premiers pas d'une nouvelle vie.
Nylonement