L’impression du travail accompli !

Publié le 21 juillet 2014 par Cathcerisey @cathcerisey

Je n’écris pas beaucoup en ce moment et je me demande bien pourquoi ?
Peut-être l’actualité sur le cancer est-elle en sommeil en ces mois d’été, peut- être aussi ai-je épuisé tous les sujets qui me faisaient prendre la plume. Il est aussi vrai que ce blog m’a mené à d’autres activités qui me prennent beaucoup de temps. Toujours est-il que je me culpabilise un peu car j’ai l’impression de vous abandonner. Alors aujourd’hui me revoici pour vous donner quelques nouvelles fraiches.

Nous avons fêté ce mois-ci les 18 ans de ma fille qui après avoir décroché son baccalauréat avec brio (mention TB tout de même), s’est inscrite à l’université Paris Dauphine pour l’année prochaine.

Mon fils quant à lui, du haut de ses 21 ans, continue son bonhomme de chemin en cursus de biologie et postule pour intégrer en septembre un magistère européen de génétique. On croise les doigts !

Je suis donc une maman comblée de deux « adulescents » qui démarrent plutôt bien leur vie après, ou plutôt devrais-je dire malgré, les épreuves que notre famille a traversées.

Je ne peux m’empêcher de repenser à l’effroi qui m’a frappé à l’annonce de mon cancer : « alors voilà, je ne serai pas là pour les élever, eux si petits alors, si fragiles encore ». Il m’était insupportable d’imaginer un seul instant qu’une autre que moi prenne ma place auprès d’eux, les voit grandir, leur inculque des valeurs qui ne sont pas miennes. Peut être même oublieraient-ils mon visage, à peine présent sur quelques photos témoins d’une vie fauchée en plein vol ; regards et sourire figés pour l’éternité d’une maman partie trop tôt.  Ils oublieraient ma voix, la sensation des nombreux câlins que je leur infligeais en permanence, la douceur de mes baisers sur leur joue.

Et puis j’ai eu l’extrême chance de passer entre les gouttes, de pouvoir déjouer la grande faucheuse quelques années de plus et d’être présente à toutes les étapes de leur vie d’enfant et d’adolescent. Nous avons profité des moments qui nous ont été donnés malgré les hauts et les bas qui ont ponctués les 14 dernières années. Même si je n’ai pas été toujours disponible physiquement et moralement j’ai été là pour eux, enfin je l’espère. Nous avons partagé rires et pleurs, bonheurs et peines tous ensemble, soudés pour la vie.  Je suis fière de ce qu’ils sont devenus, heureuse au delà de ce que l’on peut imaginer du jeune homme et de la jeune femme qu’ils sont aujourd’hui. Je n’aurais pas pu imaginer meilleure récompense. Je suis une maman comblée.

Mais, aujourd’hui ils sont partis seuls en vacances, et demain ils partiront pour de bon. Un sentiment double m’anime : celui de la peine d’une mère qui voit ses enfants commencer à voler de leur propres ailes et l’apaisement que donne le travail accomplit.

Alors, merci à vous mes amours, merci d’être ce que vous êtes, je vous aime au delà de tout ! Que votre vie future soit douce, et que vous soient épargnées d’autres souffrances. Comme je vous le dis souvent, profitez de l’existence, aimez, sortez, voyagez, travaillez …  Sans jamais perdre de vue que le bonheur est fragile et que ces joies sont de merveilleux cadeaux du ciel.

Néanmoins, je ne peux m’empêcher de penser à vous toutes qui vous battez courageusement pour survivre. Je pense aussi très fort à celles qui ont perdu la bataille et ont laissé leurs enfants orphelins, amputés d’une partie de leur vie, privés de leur insouciance par une maladie sournoise et encore trop souvent victorieuse.

Et si, comme je le disais dans un billet récent,  je suis persuadée que l’amour est immortel, même si, en fait, je suis sure qu’on n’oublie jamais vraiment une maman, je suis triste et révoltée par l’injustice qui frappe ces familles trop tôt endeuillées.

Je pense aux filles de Laurence qui s’est envolée la semaine dernière, aux enfants de Carmen partie cette année, au petit bout de femme d’Anne Laurence décédée voici bientôt deux ans. Vos mères ont été merveilleuses de volonté, de ténacité, de courage. Où qu’elles soient maintenant, soyez certains qu’elles vous aiment au delà de la mort, malgré l’absence et le vide béants qu’elles ont laissés dans vos vies.

Je vous embrasse tendrement.

Catherine

Photo : mes enfants quelques mois avant le diagnostic