Un film de Terrence Malick (1975 - USA) avec Martin Sheen, Sissy Spacek
Sauvage et doux à la fois...
L'histoire : Kit, jeune homme pas trop gâté par l'existence, éboueur, rencontre la jeune Holly, qui vient d'arriver dans la ville. Mais le père de cette dernière s'oppose fermement à leur relation : elle est trop jeune, et ce garçon n'est pas assez bien pour elle. Alors Kit tout simplement tue cet empêcheur de tourner en rond et emmène sa belle dans une cavale à travers les forêts et les grandes plaines ; une cavale meurtrière, parce qu'ils ne veulent pas aller en prison, tout simplement...
Mon avis : Une sorte de Tueurs nés, vingt ans avant celui Oliver Stone. S'il est certes beaucoup moins trash, il n'en reste pas moins qu'à cette époque, le nombre de cadavres laissés sur la route par le jeune couple a dû en effrayer plus d'un ! Moins violent, de facture plus classique, cette balade sauvage porte néanmoins bien son nom... Les comportements de Kit et Holly sont hallucinants, comme dénués de tout sentiment humain (alors qu'ils s'aiment l'un l'autre). La mort semble être si naturelle que l'infliger à autrui ne leur pose aucun état d'âme. Holly ne pleure pas son père, on dirait qu'elle s'en fiche éperdument ; elle et Kit sont comme deux petits robots totalement disjonctés par rapport au reste de l'humanité. A la fin, lorsque Kit blague avec les flics et que ces derniers lui tapent l'épaule comme un bon copain... c'est surréaliste ! En gros : les gens sont dingues ; seule la nature mérite notre attention !
Des personnages hors du commun que pour ma part je ne suis pas prête d'oublier. On est chez Terrence Malick ; un réalisateur à part qui fait des choses grandioses (Le nouveau monde) et d'autres beaucoup plus bizarres (The tree of life). Vu le lyrisme du premier, que l'on retrouve dans le second, l'hermétisme en plus, j'avais envie de découvrir autre chose pour mieux comprendre... Ce film m'y a aidée. Il est beau, très étonnant, assez fascinant, parce qu'il croise deux mondes qui ne devraient rien à voir ensemble : la nature, immense, mystérieuse, nourricière, et deux jeunes tarés qui savent s'émerveiller mais tirent sur tout ce qui bouge. Une sorte d'Adam et Eve... bien ennuyés par tous ces inconnus dans leur jardin d'Eden. Les images, les cadrages, sont renversants de beauté. En opposition totale avec le sujet, douceur et calme semblent émaner du film ! Effet appuyé par la voix tranquille de Holly, narratrice, comme étrangère à sa propre histoire.
Les obsessions du réalisateurs sont déjà bien présentes (c'est son premier film) : les belles demeures américaines dans des lotissements aérés et verdoyants, la lumière, les arbres, omniprésents, géants, comme empreints d'une sorte de pouvoir, l'herbe qui ploie sous la caresse du vent, la musique, très originale : des choeurs, des mélodies envoûtantes sur xylophone et/ou flûte de Pan (je crois...). La nature, magnifique et magnifiée, qui nous relie au cosmos ; nous pauvres petites choses, pour la plupart incapables de comprendre l'équation !
Les acteurs, malgré la noirceur de leurs rôles, engendrent la sympathie et la tendresse... et on déteste ce paradoxe ! Dérangeant. Ils portent en eux comme une sorte d'innocence enfantine, oui, oui ; comme des gosses qui jouent au gendarme et au voleur, en sachant pertinemment que le gendarme gagne toujours... Génération désenchantée, comme disait Mylène. Martin Sheen est parfait, entre James Dean et Johnny Depp, beau gosse, tête à claque, indomptable, irrécupérable. Sissy Spacek, entre innocence et soumission aussi glacée que perverse, cache sous ses longues mèches rousses un regard immense qui vous transperce... Brrr...
Le scénario est inspiré d'une histoire vraie.
J'avais été très agacée par The tree of life ; j'ai maintenant envie de le revoir pour tenter de mieux cerner l'étrange poésie de Monsieur Malick qui, tel un David Lynch, ne livre pas toujours ses ouvrages avec le mode d'emploi... Un artiste, un vrai, finalement.
Il FAUT maintenant que je voie TOUS ses autres films pour conforter mon ressenti et mon opinion.
(désolée pour la qualité des photos ; impossible de trouver quoi que ce soit d'un peu net)
Cet article a été programmé car je suis absente jusqu'au 28 juillet. Je répondrai à vos commentaire dès mon retour.