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"Ainsi vécut la femme aimante et sage qui se voulait libre d'accompagner l'homme aimé jusqu'au bout du monde."
Ce que j'ai aimé :
Michèle Kahn retrace le destin atypique de Jeanne Barret, première femme à faire le tour du monde. Quand son compagnon le botaniste Philibert Commerson rejoint l'expédition de Bougainville en 1766, ils décident tous deux que Jeanne fera partie également de l'aventure, déguisée en garçon censé être le valet de Commerson. Commence alors une folle aventure sur les mers du monde à bord de l'Etoile. La traversée sera longue ponctuée par les maladies, le scorbut, le chanvre, par les tempêtes, la peur d'être découverte, les douleurs, la souffrance de ne pouvoir vivre son amour au grand jour... Néanmoins Jeanne tient bon, s'efforçant de mettre ses dons d'herboriste au service de l'expédition, soignant les uns, aidant les autres. Elle a conscience de vivre une expérience unique :
"A l'âge où ses parents ont disparu, elle s'apprête à vivre une expérience que bien peu d'êtres ont connue. Nulle femme, en tout cas. Malgré les conditions ardues - la plus dure est de devoir masquer son amour pour Philibert-, et l'épreuve traversée ces derniers jours, elle ne regrette pas d'avoir désiré comprendre l'envie des hommes d'aller si loin dans le monde. La vie concédée aux femmes est si étriquée, si mesquine, en comparaison."
Puis vient la rencontre avec les sauvages, les échanges, heureux ou malheureux, qui poussent quelquefois Jeanne à se demander qui sont réellement les sauvages en ce bas-monde : "Les gens de chez nous sont plus cruels que les Sauvages."
Tahitiens présentant des fruits à Bougainville, 1768
Elle cotoiera à bord Ahutoru, le jeune tahitien volontaire décidé à découvrir Paris. L'auteur se concentre sur le voyage, balayant rapidement la fin de sa vie après son retour à terre.
L'hsitoire vraie de cette jeune femme téméraire est passionnant, mettant en scène des personnages historiques qui apportent densité et intelligence au récit. Un beau destin de femme !
"Au cours du voyage, Commerson lui dédie un arbuste de la famille des Meliaceae, Baretia bonnafidia. Néanmoins, l'espèce changera, par la suite, de nom pour devenir Turraea floribunda, synonyme de Turraea heterophylla7. Il faudra attendre plus de 200 ans pour qu'un nouveau taxon commémore le nom de Jeanne Barret : en 2012, une nouvelle espèce de Solanaceae découverte en Amérique du Sud est nommée Solanum baretiae en son honneur." (source : wikipédia)
Ce que j'ai moins aimé :
- Quelque longueurs durant la traversée, ponctuée d'évènements assez répétitifs, alors que l'après-voyage est mentionné très rapidement, en quelques pages.
- Les personnages manquent un peu de profondeur.
Premières phrases :
"La brise tournait du nord-est à l'ouest. Au-dessus de la rade semblable à un lac immense, une vapeur légère tamisait le bleu du ciel. L'air résonnait du roulement des charrettes, du piaffement des chevaux, de cris et d'appels en tous sens."
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Du même auteur : Shanghaï la juive
Autre : La bougainvillée de Fanny DESCHAMPS
La clandestine du voyage de Bougainville, Michèle KAHN, Le passage, 2014, 19 euros