Je vous ai plusieurs fois parlé de mon admiration pour l'illustrateur jeunesse PEF ( à ne pas confondre avec l'humoriste pas drôle et accesoirement cinéaste des Robins des Bois) , et de son ouvrage le plus célèbre, La belle lisse du prince de motordu.
Ce merveilleux livre dont PEF a fait les textes et les dessins a été publié pour la première fois en 1983 par Gallimard dans le cadre de la fameuse collection Folio Benjamin, et on peut dire sans hésitation qu'il a bercé l'enfance de beaucoup de générations différentes.
Ce livre est un vrai classique de la littérature enfantine, une référence incontournable de l'enfance que les instituteurs et les bibliothécaires jeunesse conseillent forcément à ses ouailles.
C'est l'histoire du prince de Motordu qui déforme les mots et ne sait ni lire ni écrire jusqu'au jour où il rencontre la princesse Dézécolle, institutrice, qui accepte, malgré son âge avancé, de le recevoir dans sa classe.
Mon fils a découvert il y a plusieurs années ce prince , cadeau d'anniversaire de sa tata institutrice, et, lui qui aime bien jouer jouer sur et avec les mots ( j'ai du lui communiquer ce goût), a hurlé de rire devant les facéties stylistiques du prince.
Dans son dernier album à ce jour, "Le Cauchemarre de Motordu", pour la première fois qui épouse la forme d'une bande dessinée, format qui permet de développer le coté délirant de ce cauchemar qui par définition va, comme souvent dans les rêves et les cauchemars très loin dans la folie et l'onirisme.
L'histoire commence lorsque La Princesse Dézécolle a dû s'absenter et le Prince de Motordu a du mal à s'endormir : il craint les cauchemars. Pour s'endormir il compte les jours de fête : Noëlle, Parc, Jour de lent, Quatorze Jouets... Il finit par s'endormir. Motordu rêve qu'il vole mais un avion survient, ouvre sa gueule et l'avale. Et le rêve, peuplé de personnages menaçants, se poursuit de nuage en nuage...Ce qui commence comme un rêve un peu bizarre se transforme vite en cauchemar où Motordu croise sa femme ou des créatures tout à fait imaginaires…
Le livre suit fidèlement sa ligne de conduite, à savoir ces déformations verbales et atres jeux de mots toujours aussi savoureux (À deux pains pour le petit déjeuner).
Les illustrations jouent aussi sur ce double discours, illustrent et complètent le texte de façon particulièrement judicieuse. En effet, alors que les terreurs nocturnes du prince figurent dans un noir et blanc assez anxiogène, le retour de la couleur annonce celui de la conscience, de la réalité, des explications et surtout de la Princesse.
Malgré quelques longueurs à mi parcours, le plaisir de lecture est toujours aussi présent et rend cette collection du Prince de Motordu toujours aussi originale et singulière.