La Bourgogne ne produit pas que du vin et de la moutarde. Elle est aussi le théâtre de belles histoires d’amour et de drôles de passions. Pensons à ces châtelaines, mal mariées, qui rencontrent l’amour et qui ourdissent la mort de leur mari. Ou celles qui multiplient les amants d’un soir en attendant que leur mari revienne enfin de croisade pour les satisfaire. On croisera des vierges trop désirables qui espèrent que Jésus les préservera des envies des hommes. Et d’autres religieuses qui, au contraire, se montrent particulièrement accueillantes avec les visiteurs dans leur abbaye. Mais on trouvera aussi des figures un petit peu plus connues. Comme Emile Zola, par exemple, qui trouve en Jeanne Rozerot, sa petite lingère bourguignonne, une égérie et une maîtresse aimante. Ou le célèbre chevalier d’Eon, dont le sexe est longtemps resté mystérieux, qui est né à Tonnerre, en pays bourguignon.
Tendresse, passion, érotisme, scandale, il y en a pour tous les goûts dans ces histoires rassemblées. C’est d’abord la variété de ces histoires que j’ai appréciée. On peut y lire aussi bien une légende profondément ancrée dans le terroir bourguignon évoquant un personnage dont on n’avait jamais entendu parler mais un lieu où l’on irait bien se promener, qu’un auteur ultra célèbre que l’on n’aurait jamais imaginé retrouver dans ces pages. On peut y lire aussi bien une très belle romance qu’un véritable scandale de luxure. Des plus réalistes aux plus fantastiques, tous les genres, tous les registres sont abordés. Et de la même manière, les modes de narration sont eux aussi variés à chaque histoire: tantôt une saynète où nous sommes plongés in medias res, tantôt une confession où le protagoniste raconte son histoire à la première personne.
On se croit vite dans la confidence de petites anecdotes, dans les coulisses de l’histoire et des légendes. Chaque histoire se nourrit de petits détails croustillants, et l’on n’est pas non plus en reste pour le suspens ou le mystère qui les clôture. Là est peut-être le défaut de ce genre de format: chaque histoire dure à peine deux ou trois pages, et à peine est-on plongé dans un univers qu’on le quitte pour passer à un autre complètement différent avec un ton et un mode totalement différent aussi. J’ai parfois eu l’impression de quelques raccourcis dans les histoires pour mieux coller à ce format court. J’aurais préféré peut-être moins d’histoires mais plus développées. De manière générale, j’attends de voir Sandra Amani dans un récit historique et légendaire entier qui rendrait mieux justice à son talent de conteuse.
La note de Mélu:
A picorer avec délice.
Un mot sur l’auteur: Sandra Amani (née en 1966) est une auteure française passionnée par la Bourgogne. D’autres de ses livres sur Ma Bouquinerie:
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