L’ampleur de la déroute se suffisait à elle-même, mais cela n’a pas empêché le PS d’ajouter le ridicule à l’humiliation. Si contrairement aux sorties pathétiques du 6 mai au soir, les éléphants n’ont pas trop cherché à tirer la couverture à eux le 10 juin (faut dire que nombreux sont les pachydermes socialistes à ne pas être certains d’être reconduits par les électeurs), le 11 juin au matin est à marquer d’une pierre noire, ou d’une rose morte, rue de Solferino.
Le comble de la cacophonie a en effet été atteint en direct à la radio par le couple Hollande/Royal. Pendant que le premier, légitime quelques mois encore en sa qualité de premier secrétaire du parti, rejetait sur France Inter tout accord avec le MoDem en précisant qu’ "à chaque fois que nous sommes en situation d'être au second tour, nous resterons au second tour", sa compagne faisait part sur RTL de son intention de "prendre contact" avec François Bayrou avec qui elle partage "un certain nombre de valeurs". Outre le fait qu’elle met son compagnon dans une situation intenable lorsqu’il est obligé de réponde qu’il "n'empêche personne de parler avec qui que ce soit. Ils se sont déjà parlé notamment entre les deux tours de l'élection présidentielle", et sape le peu d’autorité qui lui reste encore, Ségolène Royal démontre ainsi, si besoin en était encore, qu’elle s’assoit sur le PS et son fonctionnement. Mais le plus affligeant est de la voir faire du pied de manière éhontée à un parti mort-né sur le plan électoral et qui en tout état de cause ne représente pas une réserve de voix suffisante pour sauver les meubles socialistes au second tour.
A peine l’ancienne candidate PS à la présidentielle a-t-elle donné le premier coup à François Hollande, que les anciens inféodés ont pris le relais pour mettre plus bas que terre le premier secrétaire. Ainsi Malek Boutih, afin de justifier son score minable que le prive de second tour, lance-t-il la curée envers son ancien protecteur avec un zèle et un empressement qui donnent envie de vomir : "c'est la responsabilité personnelle de François Hollande, qui était venu me chercher quand j'étais président de SOS Racisme, qui m'avait donné sa parole qu'il renouvellerait le PS, qu'il m'aiderait à être élu, et qui m'a envoyé au casse-pipe, comme on dit"…
Evidement, le PS n’en est pas encore au niveau du PCF, qui a sans doute livré le 10 juin au soir sa dernière grande envolée de langue de bois par la voix de Patrice Cohen-Seat, bras droit de la secrétaire nationale, qui s'est félicité du "redressement significatif" du résultat PCF par rapport au 1,93% recueilli au premier tour de la présidentielle par Marie-George Buffet, avant d’ajouter que "l'objectif d'un groupe parlementaire est réalisable" (dommage qu’il n’ait pas conclu son intervention en rappelant que le bilan de l’URSS est "globalement positif")…
Mais en fin de compte, la vraie surprise du premier tour est qu’un électeur sur quatre ait accordé sa voix à un parti socialiste qui n’a plus ni ligne, ni programme, ni leader (ni avenir ???)...