Après une première intégrale (Minutemen) signée Darwyn Cooke qui proposait de découvrir les premiers pas des Minutemen, un deuxième recueil (Compagnon) qui revenait sur l’histoire de trois personnages croisés dans "Watchmen" (William Benjamin Brady, alias Dollar Bill, Moloch et le corsaire Gordon McLachlan), une troisième intégrale qui s’attaquait au personnage le plus emblématique de Watchmen (Rorschach), un quatrième tome (Spectre Soyeux) qui s’intéressait à la jeunesse de la fille de Sally Jupiter , un cinquième volet qui plaçait Adrian Veidt, alias Ozymandias, sur le devant de la scène, un sixième album consacré au Hibou (deuxième du nom) et une très mauvaise intégrale qui s’intéressait au personnage par qui tout a commencé (Le Comédien), ce dernier tome revient sur les choix effectués par Jon Osterman, depuis cet accident qui l’a transformé en Dr. Manhattan.
Au lieu de simplement revenir sur l’origine du personnage de manière totalement linéaire, Joe Michael Straczynski a la bonne idée de présenter la vie du Dr. Manhattan comme une succession de choix parmi un nombre infini de probabilités. Cette approche est intéressante car il restitue à merveille le manque d’humanité de ce surhomme qui perçoit son quotidien comme une série de décisions et de probabilités qui mènent à une vie différente. Ce sont ces choix et ces motivations qui contribuent à mieux cerner le personnage, sans forcément le rendre humain. Ce portrait détaché et froid ne plaira pas à tout le monde, tout comme les questions métaphysiques, mais j’ai trouvé cela assez intelligent et agréable à lire. Le fait de revenir constamment sur le même problème de physique quantique concernant le contenu d’une boîte fermée a certes un côté légèrement rébarbatif, mais l’auteur a du coup l’intelligence de limiter son récit à quatre épisodes. De plus, la rencontre entre le Dr. Manhattan et Ozymandias s’avère particulièrement intéressante.
La mise en scène originale des différents choix du Dr. Manhattan s’installe très vite au diapason de ce récit. Les planches d’Adam Hughes sont très belles et accompagnent à merveille le portrait de ce personnage distant et déshumanisé.
Un dernier tome original et plaisant à lire !