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“Le trait, c’est une façon de faire de la musique, il doit être musical”

Publié le 18 juillet 2014 par Abbaye Aux Dames, La Cité Musicale De Saintes @Abbayeauxdames

Nous sommes aujourd’hui allées à la rencontre d’une figure locale autant à l’aise sur les plateaux télés que dans son atelier. Il promène ses pinceaux un peu partout et rapidement, pour réaliser des portraits “minutes” de personnalités connues. Il est aussi surnommé le “saltimbanque du pinceau”. Rencontre dans son atelier.

Comment en êtes-vous arrivez au dessin ?

Jean-Pierre Blanchard : Comme tout le monde, tout petit j’ai dessiné. Cependant à cet âge-là je voulais être chef d’orchestre. C’est pour ça, comme je suis un frustré de la musique que j’ai essayé d’associer le dessin à la musique. Je fais des spectacles de peinture. Donc tout petit je dessinais tout le temps et ensuite j’ai fait une école préparatoire aux Beaux-Arts mais comme à l’époque je couchais sous les ponts, je n’ai pas pu continuer. J’ai fait 36 métiers : barman, marchand de patates [rire]. Après, pour gagner ma vie j’ai été illustrateur pendant très longtemps pour la publicité. J’ai terminé directeur de création dans une grande agence à Paris. Et depuis bientôt 30 ans je ne fais plus que de la peinture. Je vis de ça.

Qui sont vos sources d’inspirations ?

festival saintes 104
Énormément de gens. Je vais souvent en Italie me ressourcer au près des peintres du XVIème italien. Il y a Salvador Dali (photo 104) qui m’a influencé, il y a Picasso. Enfin tous les grands. Rembrandt aussi, Velasquez. J’aime beaucoup la peinture Espagnol.

Comment êtes vous arrivez au Festival de Saintes ?

J’habite à Saintes depuis bientôt 20 ans tout simplement. J’ai rencontré Philippe Terville avec qui j’ai discuté. Je lui ai dit que j’avais fait des tournées notamment en Allemagne avec l’orchestre symphonique de Munich où je peignais au milieu de 70 musiciens. Je ne touchais plus terre. Je lui ai exprimé mon souhait de faire ça au festival dans le cadre de l’Abbaye aux Dames. Il a trouvé l’idée intéressante. Je n’ai jamais travaillé dans le cadre du festival. Mais ça se fera surement.

Comment peint-on la musique ?

Quand j’avais 14 ans j’ai participé à un salon pour la première fois de ma vie où j’avais mis une petite peinture. Et là dans ce salon, il y avait un vieux peintre qui avait peint le Boléro de Ravel. C’était une toile totalement abstraite et quand on écoutait la musique en regardant la toile c’était extraordinaire parce qu’on rentrait totalement dans l’univers de Ravel et on suivait la musique sur la toile. Cela m’avait subjugué. C’est de là que m’est venue l’idée de me dire que la peinture et la musique sont deux arts qui sont au niveau émotionnels très proches. On parle de composition, on parle de rythme. En musique on parle de « couleur musicale ». Je trouve que tout ça fonctionne bien ensemble.

Comment dessine-t-on le mouvement plus spécifiquement ?

Dans les écoles on apprend à faire du « croquis de mémoire ». C’est-à-dire que vous avez un personnage qui évolue et qui refait très souvent les mêmes mouvements, c’est le cas d’un chef d’orchestre. Je me souviens d’un jardinier à l’école qui venait, qui travaillait qui faisait semblant de faire certains mouvements. Il répétait souvent ses mouvements quand il bêchait ou quand il poussait la brouette. On l’observait pendant un quart d’heure puis on remontait en classe et on devait faire 10 ou 20 croquis de différents mouvements qu’on avait saisi. Dans le cadre des concerts les musiciens font certains gestes et on obtient un trait spécifique. Le trait c’est une façon de faire de la musique, il doit être musical. Je travaille beaucoup à l’encre de Chine, à la plume, parce que la plume a de la musicalité dans le trait.

Quel serait votre projet avec le festival de Saintes ?

Ce serait de faire une expo qui soit vraiment en harmonie avec le sujet. […]J’ai envie de faire une exposition avec des grandes toiles parce que cette salle (la salle d’exposition de l’Abbaye aux dames) est magnifique, des très grands dessins de 3 mètres de haut, quitte à le faire sur place.

Combien de temps mettez-vous pour faire vos œuvres ?

Ça dépend. Quand je fais en spectacle, je fais des portraits de cette taille (ils nous montrent un portrait de 3 mètres de haut et 2 mètres de large environ) le temps d’une chanson donc environ 4 minutes. Après quand je ne suis pas en spectacle, ça dépend des pièces musicales. Ça peut durer 10 minutes, un quart d’heure. Tout dépend de comment la musique rentre dans le sujet.

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Dernière question, vous avez mentionné vos voyages notamment en Italie, est-ce qu’il est important de voyager pour un peintre ?

Oui, il faut. Des jeunes comme vous, il faut que vous fassiez le tour du monde. J’ai eu la chance de beaucoup voyager grâce notamment à une émission sur TV5 Monde. Ça me permet d’aller en Chine, en Australie, aux États-Unis, partout. C’est extraordinaire de rencontrer des gens qui ont des cultures différentes, qui travaillent différemment et avec qui on peut échanger.

Eléonore Terville et Mathilde Plus


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