La Dépêche s'est procuré la version provisoire des propositions du parc naturel marin. Une version provisoire, certes, mais qui regroupe les pistes d'actions, le périmètre proposé et la composition du conseil de gestion. Voici quelques éléments de réponse. Attention, le document que la Dépêche s'est procuré n'est qu'une « version provisoire » des propositions du parc naturel marin. Il sera peut-être modifié avant la présentation publique du 8 novembre prochain à Lanton. De plus, comme l'a précisé Pierre Leca, directeur adjoint de l'Agence des aires marines protégées : « Le projet de parc naturel marin avec son périmètre, ses orientations et la composition de son conseil de gestion sera soumis à enquête publique et à consultation des organismes intéressés.
Le décret instituant le parc naturel marin définira précisément la composition du conseil de gestion sans donner de nom. Ensuite, le préfet indiquera qui fera partie du conseil de gestion en fonction de la composition indiquée dans le décret. » Pour autant, voici quelques-unes des informations importantes contenues dans ce document de 72 pages.
Pourquoi un parc marin ? « Une lagune à marée est un bassin peu profond, creusé de chenaux qui canalisent les apports d'eau douce, en provenance de la terre, et les apports d'eau marine, en provenance du large. Ces milieux très productifs, riches d'une biodiversité spécifique, disparaissent partout dans le monde, du fait des aménagements humains et de leur exploitation intensive. Unique sur les côtes françaises, le bassin d'Arcachon est l'une des lagunes à marée d'Europe. Sa localisation, à mi-chemin entre le nord et le sud de l'Europe occidentale, font de ses habitats productifs une halte privilégiée pour les oiseaux migrateurs, ainsi qu'une zone de frayère et de nourricerie pour les poissons et les invertébrés marins (seiches...). Seul site marin abrité entre Oléron et Hendaye, territoire très attractif avec ses paysages singuliers, le bassin d'Arcachon accueille une population croissante. Ces dernières années, les usages récréatifs s'y sont fortement intensifiés, notamment en haute saison. La valeur de ses écosystèmes, les pressions qui s'y exercent et le confinement du site font du bassin d'Arcachon et de son ouvert le siège de forts enjeux environnementaux. »
Le périmètre Le projet de parc naturel marin sur le bassin d'Arcachon et son ouvert couvre 420 km2 d'espace marin et 178 km de côtes. « Côté littoral océanique, les frontières correspondent aux frontières administratives entre les communes de Lège-Cap Ferret et Le Porge, au nord, et entre les départements de la Gironde et des Landes, au sud. Au large, vers l'ouest, l'importance d'assurer une connaissance fine des entrants dans le Bassin, aussi bien chimiques que biologiques (alevins, efflorescences planctoniques...), justifie l'intégration dans le périmètre du futur Parc d'un « espace corridor » au large. Celui-ci se situerait à trois miles à l'ouest des passes, en cohérence avec la limite, observée dans les engins de pêche, de présence des déchets végétaux issus du Bassin. Les eaux sortant du Bassin lors du jusant s'étendent selon l'importance de la marée jusqu'à 4 à 5 miles au large des passes. À l'intérieur du Bassin, la prise en compte des continuités écologiques est nécessaire à une bonne gestion des habitats marins.
Par exemple, la conservation et la restauration du rôle d'habitat pour les poissons, dont les anguilles, la lutte et la prévention des invasions biologiques, le drainage hydraulique ou encore l'impact des opérations de démoustication intéressent ces secteurs périphériques et ont un impact sur la bonne santé de la lagune. Les limites proposées du Parc naturel marin sont celles du domaine public maritime. Ce périmètre inclut à plus de 50% les sites Natura 2000 mer du bassin d'Arcachon. Le Parc sera gestionnaire de ces sites. Ainsi les enjeux marins des domaines endigués et des zones humides hors DPM et ceux du delta de la Leyre seront pris en compte dans le plan de gestion du Parc. L'importance du bassin d'Arcachon et de son ouvert pour l'accueil de l'avifaune nécessite également une vision globale. » Le conseil de gestion 47 membres formeront le conseil de gestion, organe de gouvernance du parc naturel marin. Pour info, ils sont 48 en Iroise, 41 à Mayotte et 56 dans le Golfe du Lion. Il sera composé, en partant des plus nombreux, de :
- 12 représentants des organismes professionnels (8 de la pêche professionnelle et de la conchyliculture et 4 des autres activités professionnels comme la filière nautique, le transport de passagers, les activités touristiques et les ports du Bassin).- 12 élus ou représentants des collectivités territoriales (soit les dix maires du Bassin, un représentant désigné par le conseil régional et un, désigné par le conseil général)
- 6 représentants de l'Etat et de ses établissements publics - 5 représentants des associations de protection de l'environnement et du patrimoine culturel.
- 5 représentants des usagers de loisirs en mer (pêcheurs de loisirs, chasse maritime, sports nautiques, voile, plaisanciers).
- 4 personnes qualifiées (connaissance scientifique, activités du Siba, relais éducatifs et formation professionnelle).
- 3 représentants des organismes de gestion d'espaces protégés (Réserve du banc d'Arguin, réserve des prés-salés d'Arès / Lège-Cap-Ferret et le parc naturel régional des Landes de Gascogne).
En bref, les élus et les professionnels de la mer représenteront chacun 25 % des voix, suivis des services de l'Etat avec 13 %, des associations environnementales et patrimoine à 11 %, tout comme les usagers de loisirs en mer. Suivront enfin les personnes qualifiées (8 %) et les gestionnaires d'espaces protégés avec 6 %.
Orientations de gestion du futur parc Dans les nombreuses et riches pistes d'actions annoncées, on retiendra notamment :
- Promouvoir les mesures de conservation ou de restauration et suivre leur efficacité sur les paysages, les habitats et espèces ayant un statut international ou national (Natura 2000, OSPAR) comme sur ceux de la biodiversité ordinaire indispensable à l'équilibre des écosystèmes. Encourager la protection des juvéniles et des reproducteurs, et les suivis sur les populations amphihalines (notamment anguilles).- Sensibiliser au maintien des laisses de mer sur une période maximale en compatibilité avec l'accueil touristique, sur les plages océanes et intra Bassin.
- Favoriser le dialogue et le suivi par l'ensemble des exploitants de la ressource, professionnels et récréatifs, pour une gestion globale de celle-ci. Organiser le rôle de sentinelle et de veille écologique des professionnels de la mer. - Comprendre le rôle de corridor des passes pour les échanges de faune et de flore entre l'océan et le Bassin.
- Favoriser la mise en oeuvre d'un tourisme adapté à l'esprit du lieu et à sa sensibilité.
- Professionnels de la mer : contribuer à la formation et au développement d'emplois liés à l'éco-tourisme et soutenir la démocratisation de l'accès aux produits éco-touristiques.
- Accompagner le travail des professionnels vers une amélioration des pratiques et la mise en place de cahiers des charges d'exploitation respectueuse de l'environnement.
- Valoriser l'image de la profession (ex : participer à la réflexion sur le balisage des parcs non travaillés, à la gestion des friches et des rochers d'huîtres).
- Nautisme, Soutenir une innovation technologique plus respectueuse de l'environnement et encourager les filières professionnelles associées.
- Entretenir la cohabitation et la mixité des activités ; organiser par concertation, la capacité d'accueil des sites et la gestion des flux en périodes de fortes fréquentations.
- Proposer des réadaptions de la réglementation pour une meilleure cohérence avec la fragilité environnementale.
[ J-B.L.]
http://www.ladepechedubassin.fr/actualite/Exclu-:-Parc-marin-du-bassin-d-Arcachon,-les-premieres-annonces-!-2462.html