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"L'insignifiance, mon ami, c'est l'essence de l'existence."
Ce que j'ai aimé :
"La peur de l'insignifiance nous rend fous" titrait un autre auteur récemment dans un essai qui s'interrogeait sur la place de l'individu dans notre société contemporaine. Ces interrogations se retrouvent dans le dernier roman de Kundera. A travers les déambulations parisiennes de quatre personnages, Alain, Ramon, Charles et Caliban, il lance des pistes de réflexion qui permettent au lecteur, dans la droite lignée de Socrate et de sa maïeutique, d'accoucher d'idées liées à son temps. Il ne nous raconte pas d'histoire à proprement parler mais offre des discussions, divagations, anecdotes, réflexions philosphiques qui donnent du corps à une philosophie de vie centrée sur la bonne humeur.
"Nous avons compris depuis longtemps qu'il n'était plus possible de renverser ce monde, ni de le remodeler, ni d'arrêter sa malheureuse course en avant. Il n'y avait qu'une seule résistance possible : ne pas le prendre au sérieux."
L'armée des excusards est en effet en place dans un monde centré sur le thème de la culpabilité : culpabilité de vivre pour un enfant non voulu, culpabilité de mentir pour se sentir plus vivant, pour ne pas être insignifiant "Se sentir ou ne pas se sentir coupable. Je pense que tout est là." Mais justement, pourquoi ne pas être insignifiant, pourquoi ne pas prôner "l'inutilité d'être brillant. Plus que l'inutilité. La nocivité." Pourquoi ne pas souhaiter une vie légère, sans trop se prendre au sérieux, une vie limpide, plongée dans la bonne humeur ?
"C'est seulement depuis les hauteurs de l'infinie bonne humeur que tu peux observer au-dessous de toi l'éternelle bêtise des hommes et en rire."
"Respirez, D'Ardelo, mon ami, respirez cette insignifiance qui nous entoure, elle est la clé de la sagesse, elle est la clé de la bonne humeur..."
Les personnages observent celles et ceux qui les entourent et derrière la pseudo futilité de leurs déambulations, se cache un foisonnement philosophique enrichissant. La critique unanime a hissé ce court roman dans les meilleures ventes, aux côtés de Musso et Pancol ! Son universalité et son intelligence ravissent le lecteur loin des sentiers battus et l'élèvent vers des sphères aériennes... Osez l'insignifiance !
Ce que j'ai moins aimé :
- Rien.
Premières phrases :
"C'était le mois de juin, le soleil du matin sortait des nuages et Alain passait lentement par une rue parisienne. Il observait les juenes filles qui, toutes, montraient leur nombril dénudé entre le pantalon ceinturé très bas et le tee-shirt coupé très court. Il était captivé ; captivé et même troublé comme si leur pouvoir de séduction ne se concentrait plus dans leurs cuisses, ni dans leurs fesses, ni dans leurs seins, mais dans ce petit trou rond situé au milieu du corps."
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Du même auteur : La valse aux adieux
D'autres avis :
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Jostein ; Leiloona
La fête de l'insignifiance, Milan Kundera, Gallimard, mars 2014, 15.90 euros