Charlie le Mindu fait son cabaret

Collection A W 2014-15 / Cabaret Paris Hait Gris

 Charlie Le Mindu installe un cabaret au genre nouveau, où les héroïnes complexes vacillent entre oiseaux de nuit et danseuses prophètes mystiques. Comme à son habitude, le cheveu – matière fétiche et sacrée – du créateur impose la collection sous des rythmes en syncope. Nous explorons une fois encore l’esthétique inspirée, poétique et libre de l’artiste de Haute Coiffure à travers les fresques d’un corps bouleversé par l’art optique. Un voyage, au sein de la capitale, fragments d’équation entre sentiment de déjà-vu et vieux film en noir et blanc, sillonnant place de l’Etoile, dédales du Père Lachaise, Porte Ternes, buildings de la Défense et ce, sans oublier les Invalides. A travers cet exercice, partitions orgasmiques, volutes arithmétiques, Charlie Le Mindu offre à Paris un nouveau souffle qui nous ôte nos souvenirs grisés.

Alors, chapelier fou, coiffeur ou styliste pour cheveux ? Peu importe, ce spécimen rare du monde de la coiffure n’est pas du genre à se laisser coller une étiquette sur la tête, sauf effet de mode voulu. Du salon de sa grand-mère au cinquième étage de chez Harrods à Londres, parcours d’un jeune prodige qui a su se faire une place dans la « coupe » des grands.

C’est à 13 ans que notre artiste fait ses classes dans un petit salon familial près de Bordeaux. Il y apprend les techniques de bases du métier, passe aussi souvent le balai, mais son tempérament volcanique s’accommode mal de la tranquillité rurale, et très vite, il aspire a plus de liberté. A 15 ans, il entre dans le vif du sujet et intègre un salon de coiffure « PUNK » : « On rasait tout ce qui rentrait dans le salon, les humains, les animaux, tout ! » Le ton est donné, place à la créativité.

De plus en plus attiré par le monde de la nuit, il plie bagage pour s’installer à Berlin, capitale européenne des milieux alternatifs. Il n’a que 17 ans, ne parle ni l’allemand, ni l’anglais, mais qu’importe, sa passion l’anime, et c’est bien là le principal. Il écume les restaurants chics français, les shops underground et les clubs gays de la capitale allemande en proposant ses services aux clubbers. Il invente le « Pop Up Salon » sur donation. Le concept fait mouche, ses coups de ciseaux aussi. C’est à cette période qu’il rencontre la chanteuse Canadienne PEACHES (alter ego de Chilly Gonzales) dont l’extravagance va le séduire en même temps que l’inspirer. Il débutera ses créations capillaires sur sa tournée.

A 21 ans, lassé par les folles nuits berlinoises, il taille la route pour Londres « une ville où tout est possible ». Frustré de ne travailler que sur la tête, il créé une collection et présente son premier défilé de Haute Coiffure à 22 ans ; « Le cheveu, c’est comme de la fourrure, ça peut être un vêtement très chic. Sauf qu’on ne fait de mal a personne ! ». Devenu coiffeur attitré de nombreuses stars à tout juste 25 ans, il est notamment le perruquier de LADY GAGA, puis FLORENCE AND THE MACHINE, et The B-52’s, il anime son propre show sur la WebTV Konbini de relooking capillaire.

Il travaille à de nouvelles collections qu’il présente lors de la semaine de la Haute couture parisienne, et l’enseigne Harrods à Londres lui ouvre son cinquième étage pour y faire son salon.

«  J’aime qu’on m’adore ou qu’on me déteste »

Charlie le Mindu défraye toujours la chronique avec ses défilés de Haute Coiffure à sensation, qu’on aime ou pas, l’œuvre du perruquier français ne laisse pas indifférent. Dernier en date, son cabaret « PARIS HAIT GRIS » qu’il vient de présenter lors des 30 ans de la Fondation Cartier dans le cadre des soirées nomades, le 5 juin 2014.