Brosella 38 years!
Samedi le folk, t'étais à Gierle, dimanche, le jazz, t'es au rendez-vous et bien à l'heure pour saluer les ouvriers dont Guy, désormais orphelin.
Il te confirme que la pluie avait épargné la journée consacrée au folk et si le dimanche démarre sous de bons auspices, Chac, Tlalocantecuhtli, Tirípeme Curicaueri et autres divinités folkloriques se sont donnés le mot pour nous arroser copieusement en ce jour du seigneur où Allemands et Argentins ont décidé de prolonger le suspense!
Sur les sept groupes proposés t'en pointes quatre, tous sur la Theatre Stage.
Bordel, qui a eu l'idée d'aller planquer ce podium à cette hauteur?
15:00 Aarhus Jazz Orchestra!
Henri tricote son laïus, achetez le bracelet, s v p, puis 18 hominidés de l'espèce Homo Sapiens, propres et concentrés, prennent place.
Le fascicule dit: Lars Møller (conductor), Aske Drasbæk et Morten Øberg (alto sax), Michael Bladt et Claus Waidtløw (tenor sax), Michael Olsen (baryton sax), Antonio Gecek, Jan Lyngaard Sørensen, Jakob Buchanan et Rasmus Bøgelund (trumpet), Nikolai Bøgelund, Stefan Ringgive, Casper Jensen et Niels Jakob Nørgaard (trombone), Mads Bærentzen (piano), Morten Ramsbøl (bass) et Rasmus Killberg (drums).
Il en manque un, godv.
Plus tard, le chef nous soufflera que Claus n'était pas de la partie, ils avaient emmené un remplaçant.
Le hic, c'est que Fred à la cuisine avait prévu des harengs pour 17 concitoyens de la petite sirène et pas 18, le resquilleur se contentera d'un paquet de frites chez Eugène!
Guy tenant à te raconter sa vie t'as rien compris de l'allocution du maestro Lars, qui a repris les rênes délaissées par Jens Klüver, après 35 ans de bons et loyaux services à la tête du Klüvers Big Band, devenu Aarhus Jazz Orchestra, donc la première plage interprétée est sans titre.
Du mainstram jazz, orné d'une envolée lyrique de l'excellent guitariste, l'intrus, et d'une escapade frivole d'un sax tenor ( Michael).
' Third of April' débute façon marche sombre dominée par les trombones, le guest remplaçant Claus Waidtløw a droit aux honneurs et nous exécute un solo bien fichu in a mellow tone.
Les Danois poursuivent avec une composition de Claus Waidtløw dédicacée à Jeff Ballard, ' Ballad for Ballard', une promenade bucolique dans le Botanisk Have, Aarhus' største parker.
Next one is a rewrite of Stravinski's ' Rite of Spring, it is called 'Spring Square' ( une compo de Lars).
Temps mort, le printemps tarde à montrer le bout du nez, le chef a égaré ses feuillets, o k, un démarrage aux tonalités Autour de Minuit, un solo de sax du maestro et un virage symphonique martial à la Bernstein.
Ils poursuivent avec le smooth, mélodieux et frivole 'Extended searching'.
Du jazz reposant!
Dédié à Bob Brookmeyer du New Art Orchestra, voici ' Christmas Waltz', moins sombre que le Christmas Carol de Dickens.
Un prélude posé, une guitare fluide, une accélération nerveuse, un rush fougueux et reprise de thème en mode andante.
Une nouvelle composition de Claus, a lullaby, sans violence, ni sexe, ni poussée d'adrénaline... une tisane pour cardiaques!
'Folk song' une sorte de Walt Disney soundtrack termine ce set plaisant de jazz grand public.
Le concert de l'Aarhus Jazz Orchestra est ponctué par une averse orageuse, Guy t'accueille sous son auvent, le calme revenu on s'enfile quelques mousses au bar, étrangement déserté.
17:45 au tour du pianiste cubain, Omar Sosa, d'investir la grande scène.
En 2014, Omar tourne avec le AfroCubano Quartet.
Le wizard, musician extraordinaire--composer, arranger, pianist, percussionist, improvisator, and communicator s'est entouré d'une fine équipe: Leandro Saint-Hill (alto and soprano sax, flute, percussion, voice), Childo Tomas (voice, electric bass) et Ernesto Simpson (drums) pour baigner Bruxelles et ses pieds boueux dans un flow aux couleurs afro- caribéennes qui rendra le sourire à tout le monde.
Vêtu de blanc de la tête aux pieds, le souriant natif de Camagüey entame, seul, le set par une introduction te rappelant curieusement le fond musical d' 'Inch Allah' d'Adamo, un spoken-word enregistré en chambre d'echo, Childo, costume traditionnel et bandeau, se pointe armé d'un serpent battant les airs, le sax de Leandro se fait entendre, le drummer complète l'équipe, Bruxelles est déjà envoûtée quand Childo ramasse sa basse.
La plage vire afrocuban-jazz percutant, tu penses aussi bien à Eddie Palmieri ou Chucho Valdes qu'à Gato Barbieri.
Le sorcier part en impro soutenu par Ernesto, Leandro a saisi des shakers et maracas...dur,dur de rester assis, ça groove à mort.
A l'évidence le nucleus du show ne sera pas basé sur le dernier effort discographique du souriant pianiste, 'Senses', a solo piano work, par contre il choisira plusieurs thèmes de 'Eggün' une ré-écriture personnelle du 'Kind of Blue' de Miles Davis, lui permettant, ainsi qu'à ses acolytes, de divaguer à satiété.
Jazz fusion, Latin jazz, un brin de Gillespie, de Gonzalo Rubalcaba, de la salsa, du cha cha cha, du son, un rondo animé, un lament noir, des rythmes chaloupés ou nerveux (Ernesto, quel drummer!), une basse groovy, un piano impressionniste à la Debussy , un sax enjôleur, des tempos médium ensorcelants, une voix off ou live incantatoire, des accords lancinants... pas étonnant qu'après 10 minutes une vingtaine de chicas se postent au pied du podium pour tanguer langoureusement.
Point fort, la mélopée, entamée par un majestueux nappé de claviers et chantée d'une voix veloutée à la Barry White.
Bis, un impromptu,piano/drums, extrait de 'Senses'.
Nouvelle douche immonde, Guy tiens moi une place sous la bâche!
Bande son, au choix....''It's raining again' - 'Here comes the rain again' - 'Buckets of rain' ou 'Who'll stop the rain'...
DelVitaGroup XL
Where jazz meets classics!
Le DelVita Group: Peter Delannoye-trombone, Steven Delannoye-sax, Bart Van Caenegem-piano, Janos Bruneel-bass et Toni Vitacolonna-drums accompagné par un classical woodwind ensemble : Tille van Gastel (flute), Dimitri Mestdagh (oboe), Frank Coryn (clarinet) , Bert Helsen (bassoon), Bart Lagacie (bass clarinet), Anthony Devriendt (French horn) et Pieter Nevejans (bass tuba).
Programme prévu, une lecture de l'album 'Yip and Yang' qui dépoussière des oeuvres oubliées de compositeurs impressionnistes belges.
Un Prélude en trois notes du musicien liégeois Joseph Jongen ouvre le récital.
Si l'amorce est ludique, l'ensemble classique transforme la dissertation en essai sérieux.
Lodewijk Mortelmans, 'Wierook' arrangé par Steven Delannoye.
Du chamber jazz soigné , encensoir en argent en option!
Janos s'est chargé des arrangements de ' Vitabis' et 'Turkwaas' , la première pièce en forme de marche funèbre, la seconde tout aussi austère, malgré les coloris frais apportés par les bois, a tout du lament.
Moins épique que Dvorak, moins grandiloquent que Wagner, l'exercice proposé offre un caractère subtil, voire aristocratique, mais manifestement il ne convient qu'aux oreilles averties.
Les pavillons nourris au mainstream ou à la variété ont fermé leurs conduits et ont décidé de faire un somme.
Le silence régnant dans le vert amphithéâtre est à peine troublé par des piaillements admiratifs de perruches mélomanes.
Un second Mortelmans, le 'Psalmus VI, ne in furore tuo arguas me' du chanoine Jules Van Nuffel et l' 'Aria opus 51' de Florentinus Peeters achèvent le concert .
Un reproche: à écouter en salle et pas lors d'un festival grand public!
23:00 Kenny Garrett Quintet.
Les arènes ne sont pas pleines pour recevoir ce maître du sax ayant joué avec Miles Davis, son sax s'entend sur le 'Miles and Quincy Live in Montreux' de 1991.
Que des virtuoses sur le podium: Kenny Garrett (alto sax), Vernell Brown (piano), Corcoran Holt (bass), Rudy Bird (percussions) et Marcus Baylor (drums).
Le dernier album du maître, ' Pushing the world away' date de 2013, les quatre musiciens l'accompagnant à Bruxelles sont repris sur la pochette.
Pas de setlist, aucun titre annoncé, mais un groove incandescent ayant secoué Brosella, plus de la moitié des survivants est venue danser face au podium, pour le concert qu'il ne fallait pas manquer!
Que ce soit à l'alto ou au soprano, Kenny Garrett est époustouflant.
Marcus est du genre infatigable, il frappe comme une bête, son copain Rudy, un oiseau dégarni et barbu, jongle avec son attirail percussif, la contrebasse du cormoran groove à mort, tandis que Vernell combine subtilité, adresse et créativité.
Des monstres!
La première plage, plus de 15', sans Rudy, passe du post bop au free avec une longue envolée de sax, délirante et furieuse à souhait.
Pour te faire plaisir on avance des titres avec les réserves d'usage, ils sont interprétés sans transition: 'Alpha Man', ' A side order of Hijiki', 'Pushing the world away' au ton incantatoire, avec vocaux psalmodiés, puis une ballade ample aux accents latino.
Le set vire soudain Brazilian/Cuban jazz, les danseurs se contorsionnent sur des rythmes salsa ou mambo ( 'Chucho's Mambo') pas amidonnés.
Ayant repéré une madame au jeu de jambes affriolant il se met à encourager les sédentaires...if you're feeling sexy, come on, come on... venez danser face à nous.
' Happy People', ambiance carioca aux pieds de l'Atomium, la plage prend des intonations hip hop, Rudy y va d'un petit pas de danse, Bruxelles le relaye aux handclappings tandis que Kenny répète come on, come on.. à l'infini en invitant la foule à se déhancher.
Na, na, na, na, na, na, na ... un cri unanime, une fausse fin, une reprise pour le final brûlant et une acclamation monstre!
Rideau sur Brosella 2014