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A+2, Sophie Schulze

Publié le 16 juillet 2014 par Bouquinovore @bouquinovore
A+2, Sophie Schulze Auteur: Sophie Schulze Titre Original: A+2 Date de Parution : 20 août 2014 Éditeur : Léo Scheer Nombre de pages : 150 Rentrée Littéraire 2014 Prix : 17,00€ Commandez: A+2
Quatrième de couverture :En Arabie Saoudite, en Tanzanie, à Abu Dhabi, à Paris, à Strasbourg, au Niger, à Jérusalem et à Cracovie, entre la fin du deuxième millénaire et le début du troisième, une femme de 40 ans, deux générations après Auschwitz, raconte son histoire, ou plutôt notre Histoire.
Le dédale des voyages et des expériences vécues, hétérogènes et éclatées, que traverse la narratrice, nous amène à prendre conscience du poids des origines sur une biographie. Une question totalitaire, d'abord non dite, lointaine, puis étouffante, hante et clôture le récit : comment accepter, en l'avouant, la filiation d'un héritage haï et banni sans commettre le parricide ?
Extrait Papiere ! Schnell !
J'ai perdu ma carte d'identité française. Je n'ai plus qu'un passeport. Les raisons de la perte de ma carte d'identité nationale sont délicates à présenter. Il faut remonter au début des années 2000, et partir vivre ensuite à Riyad, la capitale de l'Arabie Saoudite. Quand j'ai tenté cette expérience, j'avais encore ma carte d'identité. Et deux passeports. Le passeport classique. Et un passeport diplomatique. Le passeport diplomatique venait de mon employeur, l'École «française internationale» de Ryiad, où j'enseignais. Grâce à lui, je traversais en coup de vent, sans file d'attente ni contrôles, les frontières de presque tous les pays voisins de l'Arabie. C'était magique. Une liberté de mouvement inédite. Le prix de cette liberté, la face cachée, obscure de mon passeport diplomatique, me furent révélés lors d'un voyage touristique en Afrique, une année environ après mon installation à Riyad. Je n'en pouvais plus, à cette époque, des déserts et de la chaleur sèche. Je rêvais de froid, de montagnes, de neige. Ces rêves avaient un nom. Le Kilimandjaro. La montagne enneigée la plus proche de mon domicile. Je pris contact avec un guide tanzanien. Je repris la course à pied. Le premier jour des vacances, j'étais partie. Ma conquête du Kilimandjaro démarra sur des chapeaux de roues. Le vol Abu Dhabi-Nairobi afficha douze heures de retard. Il fallut l'attendre toute la nuit sur un fauteuil peu confortable de l'aéroport. À Nairobi, le lendemain matin, impossible de retrouver le guide. Après trois heures de recherche, je me rendis à l'évidence. Je devais rejoindre Arusha, la ville au départ de l'ascension, par mes propres moyens. Je montai dans un bus, sans être certaine que c'était le bon. Le bus traversa une partie du Kenya. Puis de la Tanzanie. Il arriva à Arusha à la tombée de la nuit. À l'hôtel, je trouvai le guide. Un homme souriant, doux, flegmatique. Il me laissa une nuit pour me remettre de mes quarante-huit heures de transports variés. Puis nous avons attaqué, vaillamment, comme convenu, les six mille mètres de dénivelé. Nous avons passé la barre des cinq mille mètres après trois jours de marche. J'ai commencé à ressentir alors une grande fatigue. Trois longueurs avant le sommet, exténuée, je me suis effondrée au relais. Le guide m'a secouée. Il m'a fait boire. Il m'a forcée à parler. Je suis repartie. Il y a bien de la neige au sommet du Kilimandjaro, je peux aujourd'hui en attester. De retour à Arusha, j'ai goûté au plaisir d'une douche et d'un bon lit après une semaine de camping à marche forcée. Propre et reposée, je suis partie en ville. À la terrasse d'un café, j'ai discuté avec un organisateur de safaris. Ses tarifs défiaient toute concurrence. Quelques heures plus tard, j'étais dans sa Jeep, à côté d'un Norvégien et d'un couple de Suédois. Puis la Jeep s'est retrouvée dans le cratère d'un volcan, au milieu des lions et des buffles.

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