Un père parle à son fils, son petit Mickaël. Qui ne lui répond pas. Il est plongé dans un coma profond, et son père guette le moindre signe qui peut lui montrer que son père reprend conscience. Une oeil qui s’ouvre, un mouvement. Quelque chose qui le fera remonter sur l’échelle de Glasgow, cette échelle qui sert à mesurer la profondeur du coma. Comment lui donner envie de la gravir? A défaut d’autre solution, il raconte. L’histoire de deux copains d’enfance, Catfish et Astro Man. Ils avaient quinze ans et une passion commune: la musique. Fan de Jimi Hendrix et des autres stars du rock des années 1970, ils commencent à jouer au fond de leur garage, sur une guitare qu’ils se partagent. Ils prennent des cours, pour s’améliorer. Catfish progresse, mais pour Astro Man, très vite, le talent explose. Il a quelque chose, ce je-ne-sais-quoi qui fait les génies de la musique. Et Catfish s’en rend bien compte. Alors lorsque se présente le casting qui peut changer leur vie, il décide de forcer le destin.
Ce court roman jeunesse est bourré de qualités et bien moins superficiel que je ne m’y attendais. Je ne connaissais pas le concept d’échelle de Glasgow et il donne à cette histoire une résonnance, un contexte très particuliers. A l’entrée de chaque chapitre, les échelons gravis sont notés, et le père reprend un dialogue à sens unique où se mêle un optimiste débordant et énormément d’émotion. On ne saura jamais exactement pourquoi le jeune garçon est dans le coma, même si on le devine assez bien; on ne verra personne d’autre parler; on reste dans un huis-clos qui fait ressortir le discours de ce père qui espère tellement être entendu par son fils comme nous l’entendons, nous, et comme il nous touche.
On devine assez bien aussi l’identité de Catfish. La rivalité-amitié entre les deux jeunes gens laisse une impression douce-amère. Elle est racontée comme un récit d’apprentissage, où tous les rêves de devenir des “guitar heroes” ami à la vie à la mort de deux ados sont mis à mal lorsque la réalité rattrape le rêve. Elle montre que la vie réserve bien des surprises, que le bonheur n’est pas forcément là où on pense à quinze ans qu’il sera. Le message que le père veut faire passer à son fils, on devra le déduire, le comprendre, chacun à sa manière et si il sera entendu, ça aussi, reste en suspens. C’est un roman qui n’apporte pas vraiment de réponse mais qui laisse une très forte impression.
La note de Mélu:
Une belle lecture.
Un mot sur l’auteur: Marcus Malte est un auteur français qui s’est aussi illustré dans les polars noirs pour adulte.