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une femme compréhensive !

Publié le 16 juillet 2014 par Dubruel

d'après LA CONFESSION (1884 a) de Maupassant

Quand le capitaine Hector de Boureynes Épousa en juin Laurine Fontaine, Leurs parents et amis estimèrent Que le ménage aurait une durée précaire. En effet, Laurine, rieuse et hardie, Avait accepté Boureynes pour mari Alors qu’elle le savait depuis longtemps Être un homme austère et intolérant.

Le 20 juillet, Laurine partit En vacances chez des amis Tandis qu’Hector rejoignait son régiment En manœuvres au Mans. Un soir, les camarades du capitaine Résolurent de diner en ville Et d’aller ensuite voir les filles. À table, le voisin de Boureynes Lui versa à boire coups sur coups. Au dessert, Hector était saoul. Il parlait, riait, S’agitait, Saisi par l’enivrement bruyant D’un homme sage ordinairement. On lui présenta une jolie comédienne… Le lendemain, le capitaine Se réveillait dans ses bras. Elle lui dit : « Bonjour, mon chat ! » D’abord, il ne comprit pas Puis reprenant ses esprits lentement Il se leva, s’habilla, Vida sa bourse sur le divan, Salua la femme et sortit.

Mais un remords le saisit. Une honte si forte le tenailla Qu’il se rendit à la messe et communia. Fin août, lorsque sa femme rentra, Elle lui ouvrit les bras. Lui, montrait une attitude embarrassée. -« Qu’avez-vous, je vous trouve changé ? » -« Mais je n’ai rien, Ma chère, absolument rien. » -« Pardon, je vous connais bien Et suis sûre que vous avez un souci, Un ennui, Peut-être même du chagrin. » -« Oui, mais je ne puis vous en parler. » -«Pourquoi ça ?... Vous m’inquiétez. » -« Je n’ai pas de raison à vous donner. » -« Voyons ! J’exige de vous la vérité. Vous avez fait quelque chose de mal ? » -« Oui, de très mal. » -« Oh ! De vous, Cela m’étonne beaucoup. » -« Je ne vous dirai rien. Inutile d’insister. » -« Si vous ne me dites rien, Je serais pour toujours fâchée. » -« Si je vous disais ce que j’ai fait, Vous ne me le pardonneriez jamais. » -« Que vous êtes niais ! En refusant de dire ce que vous avez fait, Je vais croire à des choses immondes Et vous en voudrai jusqu’à la fin du monde. Tandis que si vous parlez, Dès demain, j’aurai oublié. »

-« Vous savez que je ne bois ni alcool ni vin… » -« Oui, je le sais bien. » -« Figurez-vous qu’au Mans, Mes camarades m’ont fait boire tant et tant. » -« Vous vous êtes grisé ? Fi, que c’est laid ! » -« J’avais perdu la raison. J’ai été fou. » -« C’est tout ? » -« Non. » -« Ah ! Et…après ? » -« Après, J’ai…j’ai commis une infamie. » -« Quoi donc, mon ami ? » -« Je ne sais comment cela c’est fait : Laurine, je vous ai trompée ! »

-« Vous…vous…vous m’avez… » Elle eut un petit rire nerveux, cassé. Puis essaya de reprendre son sérieux. Sur ses lèvres, elle posa la main Pour tenter de se calmer un peu Mais le rire la secouait sans fin. Au fond de sa gorge, son rire frémissait, Jaillissait. Elle bégaya : -« Vous…vous…m’avez trompée. Ah ! Ah !! » Hector demeura interdit, stupéfait. Laurine, elle, n’y tenant plus, éclata En petits cris saccadés : -« Mon…mon…pauvre ami…Ah ! Ah ! » -« Laurine, vous êtes plus qu’inconvenante. » Elle balbutia dans une folie inconsciente : -« Que voulez-vous, je…je…je ne peux pas… Que vous êtes drôle !…Ah…Ah ! Ah ! » Hector ne dit plus rien, tourna les talons Et sortit du salon.


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