Quoi de plus secret et mystérieux que l’album d’un songwriter méconnu ? Le projet instrumental de ce même songwriter méconnu. Les plus attentifs se souviennent de l’Anglais barbu Keaton Henson. On l’avait découvert à l’occasion de Birthdays, un deuxième album somptueux sur lequel le musicien, fan de Jeff Buckley et Elliott Smith, tissait des liens entre folk et musique romantique.
Avant un nouveau disque de chansons promis pour les prochains mois, Henson redonne de ses nouvelles avec Romantic Works, un recueil strictement instrumental que lui a inspiré son amour pour la musique classique et la musique répétitive – le jeune peintre et illustrateur vénère Philip Glass, Arvo Pärt ou Henryk Górecki.
Keaton Henson, hélas pour lui, est connu pour ses phobies. Il vit seul dans sa chambre londonienne, craignant la foule et l’exposition. Sa musique, pourtant, reste ample et aérienne : Romantic Works propose un voyage en terre mélancolique qui, par l’absence de chant, prend souvent des allures de bande originale de film. Pour l’enregistrer, Henson a parcouru les magasins caritatifs et les objets trouvés.
Là, il a récupéré de vieux instruments puis s’est cloîtré dans sa chambre à coucher. Il a ensuite convié son ami violoncelliste Ren Ford. De ces sessions, le duo a accouché d’un disque sobre, ombreux et raffiné, où le violoncelle côtoie le piano et quelques discrets instruments à vent. Evoquant certains travaux de Lambchop pour cette façon de jouer en retrait (Elevator Song, Josella), Henson agence ici neuf chapitres envoûtants qui consolident sa réputation d’orfèvre caché.
(Source : Johanna Seban / Les Inrocks)
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