Je vous ai parlé des nuits de fourvière la semaine passée, lors de mon compte rendu particulièrement élogieux du spectacle de cirque Klaxon, mais comme j'y suis pas mal allé voir du coté de l'amphithéâtre cette année, j'ai d'autres pas mal de live reports à vous livrer, et notamment celui de deux concerts de chanteuses françaises, qui ont quelques points communs, notamment dans la voix, et leurs manières d'être : un peu diva, un peu femme enfant, et avec un univers musical à chaque fois affirmé., j'ai nommé Vanessa Paradis et Emilie Simon...
Si je reviendrais prochainement sur le concert d'Emilie Simon, sans plus attendre, voici le compte rendu d'une de mes premières nuits de Fourvière de juin 2014, à savoir le concert de Vanessa Paradis le 10 juin dernier :
Et après l'avoir un peu perdue, j'ai pu, grace à ce Love Songs, avoir la joie de retrouver avec le plus grand plaisir et la même émotion, la Vanessa de ses débuts...
Des histoires d'amour déclinées dans des univers et des reliefs très disparates, ce qui fait qu'on ne se lasse jamais, contrairement aux précédents disques de Vanessa. Malgré cet ecléctisme, on reconnait bien la patte de Biolay aux manettes, même lors des chansons qu'il n'a pas composées lui même, puisqu'il réalise la totalité de cet album qui porte bien son empreinte. En effet, ces love songs alternent, à peu près à 50-50 des ballades poignantes et mélancoliques avec des morceaux bien plus dansants et enlevés, et cela ne se fait pas au détriment de la fluidité de l'ensemble. Et rarement la voix de Vanessa fut aussi bien mise en valeur, car, que ce soit dans les aigus ou les graves, l'oiseau de paradis maitrise parfaitement son affaire.
Bref, je n'allais pas manquer le 10 juin dernier le rendez vous donné par Vanessa Paradis qui marquait égalament le coup d’envoi des grands concerts du festival. Un concert symphonique, où Vanessa était accompagné par les musiciens du Conservatoire à rayonnement régional de Lyon, sous la direction musicale de l'enfant chéri de Lyon ( et de Vanessa si l'on en croit la presse people), Benjamin Biolay en personne.
Même si il avait très fortement plu avant que le concert ne commence (faisant des dégats sur les caméras sensés retransmettre le spectacle), le ciel s'était calmé lorsque Vanessa est entrée en scène, prorement renversante dans une sublime robe rouge.
Visiblement émue de l’accueil que le public lyonnais lui avait réservé, elle y a déroulé quasiment en intégralité ses fameuses Love Song. Et ce fut un peu à la fois la force et la faiblesse de ce concert car si comme je le dis, j'adore cet album, aux textes sont très intelligents, sensibles et profonds, et aux mélodies nous entraînant dans un univers soyeux, parfois nostalgique mais jamais plombant, toutes ne m'ont pas semblé être idéales pour l'univers symphonique crée par Biolay, d'autres arrangements les auraient certainement bien mises en valeur.
Et puis le public s'attendait certainement à ce que miss Paradis vienne chanter plus de tubes (ce qu'elle n'a fait qu'à la toute fin de son concert, pour un bref rappel avec quatre de ses plus grands succès : Marylin et John, Il y a, Pourtant et Tandem) qu'il aurait pu chanter à tue tête, car ce n'était pas facile de faire participer le public pas forcément très connaisseur de tous les morceaux de cet album, et du coup, le public de Fourvière me sembla être un peu mou du genou sur cette soirée là.
Comme moi, le public semblait regretté le manque de dialogue de Vanessa avec lui, se contentant uniquement de l’émotion qu’elle fait passer dans ses chansons. Si elle a pris la parole à deux reprises, mais uniquement pour dire sa fierté d’être ici et pour évoquer Benjamin Biolay, qu’elle surnomme le "bijou de la chanson française", on aurait aimé plus d'échanges et de complicité avec le public .
Lors de ce concert, on sent Vanessa ravie de partager ses mélodies avec son public, même si, effectivement, l'on aurait certainement aimé qu'elle exprime cette émotion également par des mots.
Mais malgré ces réserves, le concert fut traversé de belles fulgurances, notamment la version encore plus magnifique que sur l'album du Rempart (écrite par Mathias Boogaert) bercé par un tango argentin de toute beauté magnifiant ce texte puissant et si beau sur ce thème eternel de l'amour impossible, sans oublier "la Chanson Des Vieux Cons, ce magnifique morceau écrit et composé par Biolay qui prouve à quel point les deux artistes étaient faits pour se rencontrer.
Benjamin Biolay était souvent sur scène, même s'il a passé le concert la cigarette à la bouche, derrière son piano installé dans un coin très à droite de la scène.
Benji ne voulait certainement pas se mettre en avant vu que ce n'était pas son concert à lui, mais on aurait aimé qu'il fasse quand même plus de duo avec Vanessa, d'autant plus que son seul duo pour "Les Roses Roses", malicieux ping pong vocal entre un homme et une femme qui se donnent rendez-vous dans plusieurs endroits à Paris, était d'une beauté à nous faire monter les larmes aux yeux, on aurait notamment aimé qu'il remplace également la voix enregistrée de CarL Barat pour le duo "The Dark It Comes" .
Mais visiblement, en dépit de ces légères déceptions, le concert se termina sous les applaudissements fournis des 4000 spectateurs visiblement conquis.
Et pour l'échange et la complicité manquante avec la public, on peut esperer que lors de son second rendez vous au théâtre antique, avec le public prévu pour le 27 juillet (report de la date initiale du 16 juin annulé pour cause de grève des intermittents), Vanessa et Benjamin auront largement corrigé la donne et offert un moment aussi beau que ce duo proposé aussi.
Les Roses roses - Vanessa Paradis - Benjamin Biolay - Nuits de Fourvière Lyon 10 juin 2014