Ce dimanche, c’était la journée des beaux gosses déprimés à la Rochelle. A la guitare, au clavier, au piano, en acoustique ou électrique, les garçons ont chanté leurs peines de cœur tandis que le ciel lâchait toutes ses larmes. Ça commençait dans une Chapelle avec Baptiste Hamon et Pierre Lapointe, concert qu’on a failli loupé (tu connais l’histoire : "c’est complet", "oui mais", "non mais". Assis par terre comme des pauvresses) et ça s’est fini sur une grande scène pour une soirée "WTF" avec l’écorché vif Asaf Avidan programmé sur la même scène que la grosse blague du rap français Casseurs Flowters, les vrais rappeurs d’IAM et la deuxième grosse blague de la scène française Fauve. Pour qu’expliquer le high level du public, une phrase : "non mais il faudrait le shooter le mec", dit un jeune en parlant d’Asaf. Voilà.
Sinon, il y a eu de très jolis concerts tous de même entre les crises de nerfs causées par les blocages en cascades et un ciel tous gris. Peut-être était-il triste de voir combien les Francos ont foiré leur 30 ans. Peut-être.
Asaf Avidan, écorché vif.
Le qualitatif a été utilisé des milliards de fois. I know. Mais c’est ce qui lui convient le mieux. Sur la grande scène des Francos, Asaf était seul en scène, à l’ancienne, avec sa guitare sur les genoux, une pédale de boucle et plein d’autres joujous. L’Israéliens s’époumone et maltraite sa voix comme il a l’habitude de faire. Je suis fascinée. Le public semble en avoir rien à foutre. Il ne s’animera que lorsqu’il chantera le tube "Reckoning song/One Day". La malédiction du tube, t’sais.
Baptiste Hamon, le cowboy
Ça doit faire quelque chose comme la quatrième fois que je vois Baptiste Hamon en concert cette année. Et, à chaque fois c’est magique. Les poils qui s’hérissent, la gorge qui se serre et les paupières qui se ferment pour réprimer un sanglot. Baptiste est un poète, un vrai. Celui qui sait te toucher avec les mots justes et quelques chansons. Dans la chapelle Fromentin, il n’en jouera que quatre mais c’était largement suffisant pour démontrer qu’il a tout d’un futur grand. J’attends avec impatience l’album, rien que pour pouvoir écouter en boucle "Peut-être que nous serions heureux", en duo avec Alma Forrer.
Neeskens, la douceur
En quatre ans, tu as pu te familiariser avec Neeskens sur le blog et, si ce n’est toujours pas le cas, tiens-toi bien, tu en auras encore pour quelques temps. C’est sur la scène SFR Jeunes Talents que le Savoyard se produit accompagné de ses deux musiciens (Ahmed au clavier et à la basse) et Cyril (batterie) pour un set de quarante-minute à peu près. Ô miracle, il ne pleut plus, le public est présent et au taquet si l’on en juge par les nombreux appareils photos et smartphone levé pour filmer. Les filles gloussent, les garçons sont charmés. Il me semble que le village Francofous est conquis par les pop-songs épurées de Neeskens. Comme souvent, le charme a opéré.
Pierre Lapointe, l’humour cynique
Ma première rencontre avec Pierre Lapointe s’était très mal déroulée. c’était à l’Olympia. Je me souviens avoir levée un sourcil, lâché deux trois "WTF" et être partie après quatre chansons. Cette fois, dans la chapelle Fromentin, j’ai pleuré. Parce que le Québécois avait dédicacé le concert aux dépressifs chroniques. Je revendique ma dépression chronique, d’où mon amour pour les chansons tristes. Et ce matin-là, assis au piano, il n’a chanté que des chansons tristes. AMOUR pour toi, Pierrot. Si on pleure pendant les morceaux, on rigole beaucoup entre. Parce que le Québécois est un charmant garçon qui a le sens de la formule, de l’auto-dérision et de l’humour, il ne propose pas qu’un simple concert mais un spectacle. Amis français, peut-être devriez-vous plus regarder du côté de nos cousins canadiens.
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