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Malades du plombage dentaire : ils sont fous, ces mercuriens !
Publié le 18 avril 2008 par Estelle36
Dernière modification le 18-04-2008
Les malades intoxiqués par les plombages au mercure sont-ils des malades imaginaires ?
Un article paru le 28 février 2008 dans un journal connu du monde dentaire*, intitulé : "Merci au ministre norvégien de
l'Environnement" répond sans ambages à cette question.
Réaction tardive à la décision de la Norvège d'interdire le plombage au mercure à dater du premier janvier 2008, voilà de bien étranges remerciements en forme de compliments "totalement assassins"* puisque l'auteur suggère d'élever une statue à l'effigie de madame
Anne Beate Tangen (directrice du ministère norvégien de l'Environnement), ainsi qu'à "la bêtise triomphante". Nos amis norvégiens
apprécieront.
Mais l'auteur ne se contente pas de fustiger les autorités norvégiennes. Après une introduction
musclée dans laquelle il affirme que les dentistes ne contribuent que pour 0,04% à 0,2% à la pollution due au mercure en général*, il s'en prend aux malades du mercure dentaire à propos desquels
il écrit: " Les groupes de patients 'somatiques' incriminant le mercure dentaire figurent maintenant en bonne place dans les revues psychiatriques". Des fous relevant de la psychiatrie,
telles sont les victimes du mercure dentaire pour l'auteur qui n'hésite pas à surenchérir en concluant : "ils sont fous, ces vikings". Comme quoi ne peuvent être que "fous" les opposants à
l'amalgame dentaire. On appréciera la qualité de l'argument.
Folie mercurielle
Fous, n'est-ce pas une évidence ? Quel meilleur moyen de nier les symptômes des victimes du plombage quand on
affirme haut et fort que "l'innocuité de l'amalgame d'argent est reconnue par l'ensemble du monde biomédical" ? Les nombreux patients dont on a pu entendre le témoignage dans l'émission Les
mercuriens** seront ravis d'apprendre que leur cas relève de la psychiatrie. C'est d'ailleurs systématiquement chez le psy qu'on envoie celles et ceux qui se plaignent de troubles tels
qu'angoisses, irritabilité, dépression, perte de mémoire, hypersensibilité, bruxisme, acouphènes, maux de têtes, fatigue, allergies aux aliments, aux odeurs, etc. C'est évidemment oublier que le
mercure est un toxique dont l'affinité
spécifique pour la cellule nerveuse explique les nombreux troubles neurologiques décrits par les porteurs de
plombages. À ce propos, rappelons que les premiers dentistes commencèrent par rejeter en bloc l'amalgame d'argent après avoir observé les troubles nerveux, moteurs et de démence, qu'entraînait
leur pose. En 1852, le dentiste français Talma décrit les "mouvements nerveux qui se prolongèrent toute la journée et ne cessèrent que quand les dents furent déplombées". Il ne fut pas le seul.
Dès 1848, l'American society of dental surgeon, association de dentistes qui fédère alors la profession Outre-Atlantique, suspend onze de ses membres pour avoir utilisé l'amalgame d'argent.
Paradoxes du progrès, alors que la composition du matériau a certes changé mais contient encore 50% de mercure, les instances professionnelles, dentaires aussi bien que médicales, françaises
aussi bien qu'européenne*, défendent aujourd'hui becs et ongles l'innocuité de l'amalgame dentaire. La neurotoxicité du mercure est pourtant connue de longue date. Ainsi les chapeliers, exposés
aux vapeurs de mercure utilisées dans la fabrication des feutres, étaient-ils connus pour développer des troubles neurologiques. D'où le chapelier fou d'Alice au pays des
merveilles et l'expression tourner du chapeau.
* Un rapport rédigé par un
comité scientifique européen et publié mi janvier 2008 affirme l'innocuité totale de l'amalgame au mercure.
Droit chez le psychiatre
Pourtant les témoignages des malades du mercure, sont systématiquement rejetés par la
médecine officielle qui se contente de les adresser chez le psychiatre, chargé de les traiter par anti-dépresseurs. Les accusations de la toxicité du plombage au mercure reposerait sur des
dosages fantaisistes "dans le cadre restreint d'associations militant contre le mercure et l'usage de métaux lourds pour des raisons qui ne concernent qu'eux-mêmes". Ainsi sont balayés d'un
revers de main les témoignages et les souffrances des intoxiqués du mercure dentaire en même temps qu'est habilement sous-entendu que leurs troubles psychiques sont la cause réelle de leurs maux.
Tout est dit. Malades somatiques, prenez vos anti-dépresseurs et taisez-vous. "À ce jour, aucun dossier de malade n'a permis d'établir de relation entre le mercure et le déclenchement de
pathologie" affirme l'auteur de l'article. Et pour cause ! Une patiente intoxiquée au mercure qui témoigne dans l'émission les mercuriens, explique que les médecins ont tout simplement
refusé d'examiner son dossier médical, la remettant d'office aux bons soins du psychiatre de service. On voudrait croire à une plaisanterie. Hélas la "thèse psychiatrique" concernant les patients
intoxiqués à l'amalgame au mercure est des plus officielles. Dans son rapport d'octobre 2005, l'Afssaps conclut (page 90) : "selon les données scientifiques
publiées depuis 1998, les symptômes décrits par certaines personnes comme étant la conséquence de la présence d'amalgame dans leur bouche ne sont pas
attribuables au mercure mais reflètent des maladies somatiques non diagnostiquées ou des troubles psychiques, voire psychiatriques".
Déni et hypocrisie
L'art du déni porté à ce sommet d'hypocrisie jette le discrédit sur le monde médical, par ailleurs impliqué dans
les scandales que l'on sait (vache folle, sang contaminé, amiante, etc.). Cette négation du risque est d'autant plus paradoxale que les dentistes sont eux-mêmes les premiers exposés aux vapeurs
de mercure libérées lors de la pose et de la dépose des plombages. Dans l'émission les mercuriens, une dentiste témoigne, après quinze ans d'exercice, de troubles sensitifs à type de
fourmillements et de douleurs multiples et se dit profondément déçue de l'ignorance dans laquelle l'ont tenue ses formateurs, une ignorance que des articles comme celui de ce journal bien connu
de la profession continue d'entretenir. On peut lire également à ce sujet le témoignage du Dr JM Bousquet atteint d'une maladie
neuro-dégénérative grave et qui a dû cesser son activité après 25 ans de pratique. Nier en bloc est une stratégie de défense dont la France est hélas coutumière. On se souvient du nuage de Tchernobyl qui n'a jamais
franchi la frontière, du scandale du sang contaminé, de l'hormone de croissance, de l'amiante etc. Pourtant le déni trouve tôt ou tard ses limites et fonctionne aussi longtemps que les plaignants
sont minoritaires. Combien de temps le déni pourra-t-il fonctionner face à la recrudescence de maladies dégénératives incurables (cancer, Alzheimer, sclérose en plaque, etc.) ? Trop longtemps
hélas pour les patients malades du plombage au mercure mais sans doute pas aussi longtemps que les représentants de la médecine officielle l'espèrent. Le déni prendra fin un jour prochain mais il
est à craindre qu'alors la facture soit de plomb. En attendant, l'industrie des psychotropes et autres anti-dépresseurs a encore quelques beaux jours devant elle.
* Pour plus de détails voir l'article : Interdiction du plombage en Norvège: les
dentistes ripostent (publié sur le site des éditions Luigi castelli).
** Émission diffusée le 26 mars 2008 sur France culture
Note : la toxicité du plombage au mercure et l'intérêt de sa dépose sont exposés dans le Pratikadent dont des extraits peuvent être consultés sur le
site des éditions Luigi Castelli : Plombage / Plombage-dangers / Plombage-dépose.
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LES COMMENTAIRES (1)
posté le 20 janvier à 16:20
ai écouté avec grand intérêt l'émission de Frnce cult "les mercuriens" et dois faire 2 importantes déposes d'amalgammes dentaires. Les dentistes contactés nient le probl mercure y'a t'il un réseau de praticiens concernés?