Des dents de sagesse pour régénérer nos organes
Publié le 23 avril 2008 par Estelle36
Dernière modification le 04-03-2008
Que vaut une dent de sagesse aujourd'hui ? Pas grand chose, excepté pour ceux qui font commerce de son extraction. Réputée inutile, la dent de sagesse vaut moins encore quand elle est à l'état de
germe, c'est à dire partiellement formée, incluse ou enclavée dans l'os de la mâchoire. Son extraction précoce ou germectomie est programmée de plus en plus
souvent dès l'âge de douze ans, de manière aussi systématique qu'arbitraire.
Pourtant, avec les progrès des biotechnologies et de la thérapie cellulaire, il y a mieux à faire de nos dents de sagesse que de les extraire pour les mettre à la poubelle.
Source de cellules souches
Dans un proche avenir, avec les progrès des techniques de bioingénierie, il y aura beaucoup mieux à faire des précieux tissus contenus dans les germes des dents de
sagesse. En effet, le germe d'une dent de sagesse représente un matériau biologique d'une grande valeur. Pourquoi ? Tout simplement parce que les dents de sagesse, comme les dents de lait, sont
des organes en croissance, donc immatures. Pour cette raison leur pulpe (zone centrale, encore appelée nerf) contient des cellules souches à haute prolifération. Reliquats du développement
embryonnaire, les cellules souches ont la particularité d'être indifférenciées. Elles possèdent deux propriétés essentielles: elles sont capables de s'auto-renouveler et de se différencier en
plusieurs types cellulaires, elles sont donc multipotentes. À ce titre, elles représentent une base biologique à partir de laquelle il est possible de produire des cellules hépatiques, osseuses
et même des cellules nerveuses en faisant agir sur elles différentes hormones.
Expériences prometteuses
Récemment, un groupe de chercheurs de l'Université d'Osaka* est parvenu à différencier des cellules souches, prélevées sur des dents de sagesse
humaines, en cellules hépatiques. Celles-ci ont été ensuite injectées chez un rat déficient dont le foie était incapable de produire de l'albumine. Le traitement a permis la récupération de la
fonction de production d'albumine en trois semaines. Une étude publiée en décembre 2007** confirme la ressource thérapeutique que représentent les cellules souches dans le traitement des lésions
hépatiques. Un rat traité par transplantation de cellules souches provenant de dents de sagesse a montré une régénération hépatique en quatre semaines. De plus la transplantation de cellules
souches a montré l'amélioration des fonctions hépatiques (mesurées par les niveaux d'albumine et de bilirubine du sérum). Ces expériences incitent à penser que les cellules souches multipotentes
issues des dents de sagesse sont une opportunité extraordinaire pour la thérapie cellulaire qui pourra demain régénérer des foies et bien d'autres organes.
Thérapie d'avenir
La médecine de demain utilisera les cellules souches pour traiter des leucémies, des cancers, des maladies dégénératives liées au vieillissement, des maladies
héréditaires, les maladies de Parkingson, l'Alzheimer, la sclérose en plaque. Les cellules souches permettront de régénérer le foie mais aussi le pancréas, les cellules du myocarde après un
infarctus. Les possibilités offertes par ces précieuses cellules sont quasi-infinies et avec le vieillissement de la population, les besoins ne feront que s'accroître. Mais où trouver ces
cellules de jouvence ?
On trouve des cellules souches dans les dents de lait, le cordon ombilical en contient également. Des banques d'organes se proposent aujourd'hui, moyennant un coût élevé, de conserver les
précieux vestiges en les congelant dans l'éventualité de besoins ultérieurs. Or chacun dispose grâce aux germes des dents de sagesse d'une source abondante et de haute qualité de cellules
souches. Chacun porte dans ses mâchoires un kit complet de régénération tissulaire, à disposition et totalement gratuit.
Fontaine de jouvence et beau gâchi
Les germes des dents de sagesse représentent une fontaine de jouvence pour le corps. Est-il raisonnable dans ces conditions de laisser amputer
systématiquement ce précieux capital, trop souvent pour des raisons médicalement injustifiées qui cachent en réalité des motifs pécuniers ? On retire aujourd'hui de manière systématique les
germes des dents de sagesse, dès douze ans, à des enfants qui dans vingt ou trente ans en auront peut-être besoin pour régénérer leur foie ou un autre organe ou traiter une maladie. Alors que la
science développe des techniques de régénération tissulaire à partir des cellules souches, les chirurgiens et stomatologues extraient à tour de bras les germes des dents de sagesse,
dilapidant le précieux capital. Au train où vont les choses, on pourrait bien demain se retrouver devant le paradoxe suivant: disposer des techniques mais n'avoir plus aucune cellule souche à
disposition pour cause d'éradication systématique des dents de sagesse. Est-ce acceptable ? Et surtout, est-ce logique ?
* Bulletins électroniques: Avoir foi(e) dans la dent
** Keda E et coll. Multipotent cells from the human third molar: feasibility of cell-based therapy for liver
disease. Differentiation. 2007 Dec 17.
Important
Une dent incluse (sans contact avec le milieu buccal) doit être laissée en place si elle ne provoque aucun symptôme. L'extraction d'une dent de sagesse
(incluse, enclavée ou en place) répond à des indications cliniques précises. Voir le Pratikadent, rubrique Dent de sagesse.
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