D’ordinaire aussi je m’efforce de respecter tout un chacun, je m’efforce d’accepter que d’autres que moi aient une pensée et une conception différentes des miennes.
Mais quand l’autre a une parole blessante j’ai du mal à garder mon calme, j’ai du mal à maîtriser mes émotions et à ne pas sortir de mes gonds.
C’est quand même un truc de dingue de se voir reprocher des propos que l’on a jamais tenus (et que je ne tiendrais d’ailleurs jamais).
Je n’ai jamais tenu et ne tiendrai jamais des discours pro-ana !
Comment pourrais-je prôner des propos vantant l’hyper maigreur, la restriction alimentaire et la haine des gros ??? Comment le pourrais-je alors que j’ai souffert d’anorexie-boulimie pendant une bonne dizaines d’années ? Comment pourrais-je tenir des propos aussi ignobles alors que j’ai vu les dégâts de l’anorexie sur de nombreuses compagnes d’hospitalisation ? Comment le pourrais alors que mon père que j’adore est en sur-poids ??
D’ailleurs être gros ce n’est pas une insulte.Être rond, gros ou surpoids ne fait pas de nous une mauvaise personne ou une personne de moindre valeur. C’est fou, mais après certaines réactions, je me sens obligée, une fois de plus de recadrer les choses et ça me rend dingue.
Dingue que certains de mes mots soient sortis de leur contexte et réinterprétés à une sauce qui n’est pas la mienne.
Je n’ai jamais écrit que les femmes qui mesuraient 1.60m pour 60 kg étaient des grosses qui devraient fissa perdre du poids !!! JAMAIS !!! Mais mais, où va-t-on ?
J’ai écrit qu’en quelques années j’avais pris au minimum une dizaine de kg, que je dépassais les 60kg (et que je refuse de monter sur ma balance et de savoir où j’en suis actuellement). J’ai écrit que je ne me reconnaissais pas et oui JE me dégoûte parfois. Ce n’est que mon histoire personnelle. Ce ne sont que des mots qui avaient pour but de faire le point, d’y voir plus clair ; un déversoir à émotions pour essayer de me délester de mes sombres pensées et pour aller de l’avant.
Les rondes ne me dégoûtent pas. C’est de MON putain de corps qu’il s’agit ici. Quand j’écrit et quand je pense Yeuk, c’est l’effet que je me fais. De quel droit peut-on me reprocher de me sentir mal et d’avoir un mal de chien à accepter ce changement ?
On est toujours plus mince que l’une ou plus grosse que l’autre. Et alors ?
Ce n’est pas parce que je suis plus mince que l’une que cela ne m’autorise pas à avoir du mal avec mon physique. Et réciproquement, ce n’est pas parce qu’une autre est plus heureuse que moi avec une silhouette différente que je vais me mettre à la juger elle, son physique et son ressenti !
Je suis contente de ne plus être ni anorexique ni à proprement parler boulimique.
Je regrette juste de me tourner encore trop fréquemment vers la nourriture doudou pour gérer mes émotions.
Je regrette de m’être aussi volontairement enrobée pour ne plus plaire physiquement. C’est une réalité. Je ne voulais plus que les hommes me regardent et le moyen le plus simple pour moi a été de m’enrober quelque peu. Sauf qu’ensuite on ne peut pas enlever ces kg bouclier comme on enlève un vêtement…
Je suis consciente, 1000 fois consciente que mon poids reste acceptable. Et alors ? En quoi est-ce si incompatible avec des difficultés à accepter ce nouveau corps ? En quoi est-ce mes foutues difficultés peuvent être prises comme un jugement sur autrui ??
Donc je persiste, je signe et je re-signe :
- oui je n’aime pas ce que j’ai fait de mon corps,
- oui il y a des problèmes plus graves que quelques kg en trop
- oui on peut être heureux et bien dans sa peau à n’importe quel poids,
- oui je suis inquiète à l’idée de continuer à prendre encore et encore du poids,
- oui mon physique est quelque chose qui m’importe, oui j’ai envie de pouvoir à nouveau me regarder dans une glace sans avoir honte ni être envahie d’une vague de tristesse,
- oui j’ai envie d’arrêter de me remplir de bouffe juste pour gérer les situations stressantes
- et oui aussi, mon bonheur est loin de ne passer que par cette fichue apparence physique
- et non tout cela n’a rien de contradictoire :
le corps et l’esprit, les deux sont importants pour se sentir bien ; et je ne crois pas que l’un puisse aller sans l’autre.
Voilà, je suis non violente et ouverte à la discussion, mais si tu ne me comprends, je t’en prie va lire ailleurs si j’y suis !