Lors du récent 23ème sommet ordinaire des chefs d'Etat et de gouvernements de l'Union Africaine (UA) à Malabo, en Guinée équatoriale, terminé le 28 juin denier, étaient présents le secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (ONU), Ban Ki-moon, le Premier ministre de l'Espagne, Mariano Rajoy et le vice-président de Cuba, Salvador Valdes Mesa.
Le thème officiel de ce sommet était « L'agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique », mais selon Alfredo Tjiurimo Hengari, chercheur principal à l'Institut sud-africain des affaires internationales, dans un éditorial daté du 26 de juin 2014, peu sinon aucune des décisions lors du sommet ont porté sur l'agriculture ou la nourriture. Il a ajouté que c'est la preuve que les thèmes du sommet sont purement symboliques et ne sont guère suivis d'intenses discussions autour du sujet qui compte. Malgré cela, certaines sources affirment que le 23ème sommet est historique parce que, à la fin des délibérations, bien que beaucoup de décisions ne concernaient pas l'agriculture et l'alimentation, un pas de géant a été accompli vers l'autonomie financière de l'Afrique comme continent avec l'adoption du protocole fondateur et les statuts du Fonds monétaire africain (FMA).
Fondé en 2009, le FMA a pour but de contribuer à la stabilité économique et à la gestion de la crise financière en Afrique, en donnant la priorité aux développements macroéconomique et des entreprises, ainsi qu’en favorisant les échanges entre les États d’Afrique. Il est prévu de créer un marché commun entre les États africains en 2017. Ayant son siège basé à Yaoundé, la capitale politique du Cameroun, cette institution est censée forger une monnaie unique africaine dans le but de favoriser l'intégration économique régionale rapide qui, pour l’instant reste un dilemme particulier avec les nombreuses monnaies en circulation sur le continent. Certains analystes affirment même que la multitude des monnaies sur le continent a nettement affaibli les échanges entre les États africains.
La mise en place du Protocole portant création et les statuts du FMA à Malabo, le vendredi 28 juin 2014, ne signifie en aucun cas que le continent africain va soudainement devenir financièrement indépendant. Les quinze États africains doivent ratifier les statuts de l'institution pour que celle-ci devienne opérationnelle. Un organigramme de l'institution doit être mis en place avant le recrutement du personnel, y compris d’un directeur général.
C'est en effet un programme ambitieux pour les chefs d'État qui ont décidé de mettre la charrue avant les bœufs. Beaucoup de pays africains sont encore en proie à des obstacles financiers précaires tels que les impôts lourds, les obstacles au commerce et la corruption. En plus de ces obstacles, la République centrafricaine reste embourbée dans un conflit armé et sanglant, le Nigeria reste torturé par les activités de Boko Haram et le Kenya est toujours à la recherche de solutions au dilemme Al Shabab.
En plus des différents obstacles rencontrés par les différents États sur le continent, l'Afrique n'est pas encore une force qui compte dans le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (ONU). Hengari dans son éditorial soutient que, à la lumière d'une réunion qui a eu lieu en mai 2014, l'agenda de la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies pour l'UA reste bloqué en raison des propositions rigides issues du Consensus d'Ezulwini. Hengari fait valoir en outre qu'en ce qui concerne le cadre institutionnel actuel, l'UA reste centrée sur l'État, alors que l'UA accepte les communautés économiques régionales en tant que blocs de construction essentiels à l'intégration régionale.
Il est grand temps pour les États de résoudre leurs problèmes domestiques comme les obstacles au commerce, la lourdeur de la fiscalité et la corruption. Les États africains doivent ouvrir leurs frontières pour le commerce et ne pas les fermer sous prétexte de lutte contre l'immigration illégale tout comme ça a été le cas entre la Guinée équatoriale, le Cameroun et le Gabon.
Il est pertinent pour les chefs d'État de tenter de résoudre les conflits en cours sur le continent, y compris les attaques de terroristes de groupes comme Boko Haram et Al Shabab. Il est important pour l'UA d'engager également les chefs de communautés et les fonctionnaires dans le cadre de travail de la commission et de l'assemblée, en particulier dans la résolution des conflits et l'intégration régionale.
Considérant ces suggestions pertinentes pour l'UA, si elles ne sont pas prises au sérieux alors le rêve du FMA peut être une autre perte de temps et d'argent, notamment des impôts des contribuables de l'Afrique.
Chofor Che analyste pour africanliberty.org – Article initialement publié par African Liberty – Traduction réalisée par Libre Afrique – Le 11 juillet 2014