Quand Sarkozy se fait préfacer par un leader post-fasciste

Publié le 14 février 2007 par Dedalus

Gianfranco Fini, préfacier post-fasciste de Sarkozy


Témoignages, le livre de Nicolas Sarkozy s'exporte bien, parait-il. Du moins a-t-il été traduit en plusieurs langues. Ainsi en existe-t-il une édition italienne et l'on n'aurait pas grand-chose à y redire si n'était que la préface de celui-ci a été confié par M. Sarkozy à un certain Gianfranco Fini, homme au parcours politique indubitablement sulfureux et actuellement chef d'Allienza Nazionale - Alliance Nationale - héritière directe du MSI, Mouvement Social Italien qui fut jusqu'au milieu des années quatre-vingt dix le plus important mouvement néofasciste en Europe et le prolongement naturel du Parti National Fasciste de Benito Mussolini.

Nicolas Sarkozy maîtrise parfaitement sa communication et l'on ne pourra pas croire que le choix de Gianfranco Fini pour préfacer l'édition italienne de son livre n'aurait pas reçu son assentiment explicite. Or voilà un choix qui n'est surtout pas anodin et il est légitime que l'on s'interroge : pourquoi donc M. Sarkozy a-t-il fait ce choix connoté aussi fortement ? Et précisément en ce début d'année électorale ?

Certains s'engouffreraient aussitôt dans la brèche pour dénoncer les connivences de pensée entre M. Sarkozy et l'extrême-droite et, empoignant leur porte-voix, clameraient haut et fort l'éternel slogan: Sarko-Fasco. Ce serait sans doute trop simpliste, et certainement parfaitement contre-productif car trop attendu. M. Sarkozy a bien des défauts, mais c'est un républicain et ce n'est pas sur ce terrain-là qu'il faut l'affronter.

On en revient alors toujours à la même chose : Nicolas Sarkozy a une ambition et une seule, et il est prêt à tout pour y parvenir. Depuis toujours - tout petit déjà - il veut devenir Président de la République, et cette seule fin justifie à ses yeux tous les moyens. Or il sait pertinemment qu'il a besoin de l'extrême-droite pour y parvenir, ou du moins que les voix qu'elle représente en France pourraient bien lui être nécessaire pour franchir les quelques pour-cent qui pourraient, s'ils venaient à lui manquer, lui interdire l'accès à ce sommet qu'il chérit tant.

Que l'on ne s'y trompe pas, l'on ne parle pas là des classes populaires désespérées par les partis traditionnels et qui expriment leur souffrance et leur révolte dans un vote lepéniste, ces voix qui font grimper Lepen jusqu'à des quinze ou des vingt pour-cent. Ceux-là n'ont cure des accointances éventuelles de M. Sarkozy avec un parti post-fasciste italien. Non, il s'agit de ces quelques pour-cent - moins de cinq sans doute - qui savent très précisément pourquoi ils penchent à l'extrême-droite et qui ont des rêves ouvertement fascisants, qui sont le coeur battant de l'extrême-droite française. Ce sont ces voix-là qui se porteront ou non sur M. Sarkozy lors d'un éventuel second tour, qui manqueront ou ne manqueront pas au candidat, une population qui de tout temps a pesé sur la droite française et à laquelle il est nécessaire d'adresser des signes pour peu qu'on veuille à tout prix s'en approprier le vote.

En cette droite-là, extrême et fascisante, M. Chirac - et l'on doit bien lui reconnaître au moins ça - a toujours refusé d'aller y perdre son âme, fut-ce au profit d'une ambition. Mais M. Sarkozy, dont on sait qu'il ne laisse rien au hasard, ne s'embarrasse pas de si peu. Pour les besoins de sa cause personnelle, il a de toute évidence choisi de revenir à cette tradition trouble de la droite française, ce temps où elle laissait sciemment se brouiller quelques lignes, cette frontière entre le fréquentable et l'infréquentable. Le signe adressé par Nicolas Sarkozy et qui nous parvient depuis nos voisins transalpins, est tout à fait clair et nul doute qu'il saura être entendu par ceux qui l'attendaient.

Pour les autres, cela ne leur était pas destiné et on aura remarqué que la presse - hormis dans un court article paru dans Libération - s'est montrée bien sage en ne relatant rien de cette préface dont on peu concevoir qu'elle puisse légitimement interroger. On pourrait même vouloir qu'un journaliste fasse son travail et que le candidat Sarkozy s'explique à ce sujet. Mais la question serait-elle trop embarrassante, comme le serait sans doute ce logo de l'Alliance Nationale affirmant sans ambiguïté, assumant même sa filiation avec le MSI dont M. Fini fut secrétaire national jusqu'en 1995, logo reproduit ci-dessous et qui en rappelle furieusement un autre...


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