Non, toi non plus, tu n'as pas changé

Publié le 15 mars 2007 par Dedalus

Quand le Docteur Jekyll redevient Mister Hyde


Les signes se multiplient et ne trompent pas : le naturel revient au galop. Il a suffit qu'il sente un peu moins bien cette campagne et la nécessité de s'assurer un peu sur sa droite pour que Sarkozy tombe un brin son masque d'homme lisse et pondéré, tolérant et généreux, humble et à la voix posée.

Il y a d'abord cette information rapportée sur nouvelobs.com selon laquelle Sarkozy, toujours aussi respectueux de la liberté de la presse, a piqué une grosse colère contre Libération après que celui-ci s'est permis de titrer "Impôt sur la fortune de Sarkozy : le soupçon". Le candidat s'est précipité sur son téléphone pour appeler le principal actionnaire du quotidien, Edouard de Rothschild pour lui faire part de son mécontentement, qualifiant le journal de "sectaire de gauche" et de "journal de merde", ajoutant qu'une telle ligne éditoriale "empêcherait sans doute Libération de trouver à l'avenir des gens pour le financer". Laurent Joffrin, le PDG du journal, aurait confirmé cette information lors de la conférence de rédaction du mercredi 7 mars. On se souviendra ici du sort qui avait été réservé à Alain Genestar, l'ancien directeur de Paris-Match, pour avoir osé placé en couverture une photographie montrant Cécilia avec son nouvel ami. Sarkozy avait alors utilisé son ami milliardaire Arnaud Lagardère pour évincé l'impudent.

Ensuite, menacé de représailles électorales par Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy n'a pas craint de se coucher et d'appeler les élus de l'UMP à la rescousse afin que le candidat du Front National reçoive les cinq cents signatures nécessaires à sa candidature. Le candidat à la présidence de la République ne pouvait pas se permettre de lancer un tel appel, non plus que le Ministre de l'Intérieur, chargé à la fois de l'organisation des élections et des collectivités territoriales, aussi est-ce le grand chef de l'UMP qui s'y est collé.

Pourtant, cela risquait de ne pas suffire, et puisqu'il ne faut rien négliger, le candidat de l'extrême-UMP, ne reculant devant aucun amalgame, a plaidé dans la foulée pour la mise en place d'un grand ministère de "l'Immigration et de l'Identité Nationale". On entend très clairement le chant puissant de l'extrême droite dans ces trois termes accolés ainsi, on entend qu'il existerait une identité nationale française qui serait menacée par l'immigration. Rarement le petit Sarkozy ne se sera permis d'aller aussi loin dans sa lente et persévérante stratégie de captation de l'électorat frontiste. La raison en est simple : Bayrou se situant à l'extrême-centre de la droite, il fallait à Sarkozy investir le centre de la droite extrême. Voilà qui est fait et scandaleusement fait - pas sûr que les restes de la droite apprécient, ce qui en ce cas serait susceptible de poser problème s'il venait à cette droite-là de se souvenir de cet inadmissible et insupportable flirt.

L'imposture vacille. Je continue pour ma part de miser que beaucoup de français vont peu à peu prendre conscience de la véritable nature de ce candidat-masqué et s'en détourneront et que, pour peu qu'en sus les électeurs traditionnels de la droite prennent leur part de responsabilité et fasse de même, nous pourrions voir Sarkozy battu dès le premier tour. En ce cas, j'ai dans l'idée que, droite et gauche réunies pour un soir de 22 avril, allions fêter ensemble cette victoire commune rue d'Enghien devant le QG de campagne d'un Nicolas Sarkozy défait. Ensuite, il resterait quinze jours de campagne pour offrir aux français un débat responsable et un choix véritable entre deux projets pour la France. Ce ferait un joli moi de mai...

Parce que oui, sans lui, tout devient possible !


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