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Sarkozy n'aime pas la démocratie participative

Publié le 21 mars 2007 par Dedalus

"Votez pour moi... et puis taisez-vous !"


En meeting hier soir dans l'Essonne, Le candidat de l'UMP et du MEDEF s'en est pris à la démocratie participative préconisée par Ségolène Royal ain de renouveler les pratiques politiques. Pour l'autoritariste presqu'ex-ministre de l'Intérieur, la démocratie participative serait "la fin de toute volonté politique". "C'est la fin de la politique qui prend ses responsabilités. Il faut avoir le courage d'appeler les choses par leur nom, leur démocratie participative ce n'est pas le remède contre la dictature de la pensée unique, c'est la fin de la démocratie représentative dans le soupçon généralisé", a-t-il affirmé, ajoutant enfin pour enfoncer le clou que "Leur démocratie participative ce n'est pas une nouvelle manière d'associer le peuple aux décisions qui le concernent, c'est juste la forme ultime de la démagogie".

Avant de commenter cette prise de position radicale, référons-nous à ce qu'on peut trouver sur Wikipedia à ce sujet. Tout d'abord une définition : La démocratie participative recouvre des concepts permettant d'accroître l'implication et la participation des citoyens dans le débat public et la prise de décisions politiques qui s'en suit [...] l'objectif étant que toutes les mesures soient prises avec l'accord de la majorité des personnes concernées et dans le sens du "bien commun". Etant ensuite précisé que les fondements d'une démocratie participative sont :
1- un droit étendu et fréquent de vote, qui permet de fournir directement l'initiative législative aux citoyens ;
2- la concertation dynamique, qui se traduit par des débats libres de fonction professionelle et/ou institutionelle, traitant tant les décisions à une échelle locale que celles ayant un impact national ;
3- une organisation du système économique et social garantissant que toutes les idées constructives originelles et originales des habitants seront examinées d'une façon efficace.
C'est l'absence d'un tel système qui provoque souvent l'échec des expériences, par découragement des citoyens et des élus.

Il est en définitive assez aisé de comprendre les motivations profondes de M. Sarkozy : sa conception de la politique se résume à se faire élire sur un programme qu'il maquille soigneusement, jusqu'à pratiquement le dissimuler, de manière à créer une illusion qui puisse plaire à une majorité, pour une fois élu être en mesure de l'appliquer brutalement en ne s'embarrassant pas au cas par cas de l'avis des citoyens qui en votant auraient terminé de jouer leur rôle. En caricaturant à peine, le candidat libéral considère que le peuple est une entrave à l'action et souhaite en conséquence que nous lui votions les pleins pouvoirs.

Or c'est en cela précisément que l'homme est dangereux. Sarkozy a l'incroyable prétention de détenir la Vérité Politique, prétention qui confine souvent à une tentation totalitariste. Il nous en a fourni plusieurs fois l'exemple en tant que Ministre de l'Intérieur, ne craignant pas de réduire les libertés individuelles au prétexte d'assurer la sécurité publique. Ainsi :
- dans sa lutte contre la délinquance, il n'a pas craint d'élaborer des lois liberticides incluant l'extension du fichage génétique ou la détection des comportements déviants chez des enfants dès leur plus jeune âge ;
- dans sa lutte contre le terrorisme, il propose une loi dont l'objectif affichée est d'"être à l’écoute de tout, et si possible savoir tout"... et tant pis pour les atteintes à la vie privé ou la présomption d'innocence ;
- dans sa lutte contre l'immigration, il fait expulser en masse des hommes et des femmes dont les enfants sont nés en France, et se prononce maintenant de limiter de manière drastique le regroupement familial : c'est l'intérêt supérieur supposé du pays qui passe comme un rouleau compresseur au mépris de milliers de vies brisées et renvoyées à leurs souffrances ;
- et quand on lui parle de la surpopulation carcérale, il répond "je n’ai jamais compris cet argument car après tout, mieux vaut voir les délinquants en prison que dans la rue ", au mépris de tout principe de dignité humaine.

Ce ne sont là que quelques exemples - je n'ai ainsi pas parlé de sa conception de l'indépendance de la justice - afin d'illustrer combien pour cet homme la fin justifie les moyens : aucun principe n'est indépassable en regard de ce qu'il considère être l'efficacité de l'action. Liberté, Egalité, Fraternité, Solidarité ne sont en aucun cas des références pour lui, plutôt des obstacles qu'il ne faut pas craindre à l'occasion de piétiner. La participation active des citoyens aux décisions politiques ne saurait donc être considérée que comme un frein par cet homme sans mesure : Votez et puis taisez-vous !, nous dit-il en substance. Telle est sa vision de la démocratie, un passage obligé pour accéder au pouvoir, comme une sorte de mauvais moment à passer... Moins de démocratie afin qu'en effet, tout lui devienne possible. Tout et même le pire !

Votez et puis taisez-vous ! : "Votons et faisons le taire" semble être la réponse qui s'impose.


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