Ce n’est pas un hasard mais une nécessité qui m’a poussée à prendre, cette semaine, ce livre d’Annie Duperey sur les chats qu’on ne choisit pas mais qui s’imposent à vous, issus de nulle part, les vagabonds, les sans maîtres qui deviennent très vite les plus indispensables compagnons qui soient.
J’en avais déjà très envie depuis la lecture de son magnifique «Le voile noir» sur la mort de ses parents quand elle n’avait que huit ans, mais cette fois, j’en avais vraiment besoin. Il me fallait comprendre de l’intérieur et pas seulement grâce aux explications du vétérinaire pourquoi, sans raisons apparentes, mon chat de sept ans, si tranquille, placide et doux était devenu brusquement nerveux au point de griffer violemment celui qui le caresse rituellement chaque soir avant d’aller au lit. Il y avait du sang partout sur le sol: une scène digne d’un film d’horreur! Bon j’exagère, bien sûr, mais pourquoi une telle agression d’un chat équilibré et sans problèmes, semble-t-il? Ne pas pouvoir trouver d’explication et voilà ce livre entre mes mains. Je n’y ai pas trouvé ce que j’y cherchais mais j’ai pris un grand plaisir à le lire.
Les chats de hasard d’Annie Duperey, Titi et Missoui, sont des plus attachants et quand elle parle d’eux, c’est d’elle aussi dont il s’agit. L’enterrement de Missoui est un grand moment, digne d’une reine, elle, la petite maigrichonne venant de nulle part, affamée et malade, «des morsures profondes, du cou jusqu’aux reins». Recueillie, sauvée, bichonnée, chouchoutée elle vivra très longtemps après son adoption et laissera un souvenir impérissable à toute le famille.
Un incontournable, ce livre, pour les amoureux des chats mais pour les autres aussi. C’est une belle lecture de toutes façons.
Combien de chiens, de chats exceptionnels dans une vie? Un, deux, peut-être trois? Et combien d’amours, d’amis véritables? Un ou deux. Trois au plus ? Ils sont aussi rares. Missoui, cette petite personne animale a été pour moi, à l’égal d’une affection humaine, une amie, un amour merveilleux, un grand soutien et finalement celle qui m’a aidée à franchir une nouvelle étape. (p. 221)
J’ai pour les animaux un amour raisonnable. (…)
Mais les chats …
Les gens qui aiment les chats évitent les rapports de force.Ils répugnent à donner des ordres et craignent ceux qui élèvent la voix.
Les gens qui aiment les chats sont habiles à fuir les conflits et se défendent fort mal quand on les agresse.Les gens qui aiment les chats avec infiniment de respecte et de tendresse, auraient envie d’être aimés de la même manière.
Les gens qui aiment les chats font une confiance parfois excessive à l’intuition.
Les gens qui aiment les chats sont souvent frileux.
J’aime les chats. (p. 9)
Les chats de hasard, Anny Duperey, Récit, (Seuil, 1999, 222 p.)