"Je te soutiens, tu m'amnisties..."
Nicolas Sarkozy, en échange du soutien de Jacques Chirac à sa candidature, se serait engagé en cas de victoire à la présidentielle à "éviter au président sortant tout retour de flamme judiciaire", affirme le Canard Enchaîné paraissant mercredi. "Le vote d'une amnistie spécifique aux affaires financières, jugé politiquement trop risqué, a été écarté. En revanche, la discussion d'un projet de loi destiné à renforcer la lutte contre la délinquance devrait fournir l'occasion attendue", écrit l'hebdomadaire satirique.
Selon le Canard Enchaîné, "l'équipe de Sarko se montre très discrète sur cette promesse. Mais certains de ses conseillers confirment que le projet a été bien étudié". "Du côté de l'Elysée, on se montre plus bavard. Un familier du chef de l'Etat" a même donné "au 'Canard' les détails de la mise en oeuvre du plan envisagé", poursuit le journal : "un article de la loi imposera aux juges de clore leurs dossiers dans des délais très stricts. Pas plus d'une dizaine d'années après les faits incriminés pour les simples délits. Les dossiers trop anciens, encore à l'instruction, seront purement et simplement annulés".
Un "proche de Chirac" cité par ailleurs avertit que "les promesses peuvent être oubliées, mais nous avons pris des garanties". "C'est du rapport de forces, du donnant-donnant. On a des dossiers sous le coude", a-t-il affirmé au Canard Enchaîné.
Interrogée sur les informations de l'hebdomadaire, la présidence de la République a déclaré ne faire aucun commentaire.
Dans un entretien le 29 mars à L'Express, Nicolas Sarkozy a souligné que "la justice doit passer pour tout le monde et ne s'acharner sur personne". Un ancien président de la République "doit être traité avec respect et dignité", ajoutait le candidat UMP à la présidentielle.
M. Chirac pourra être entendu par les juges après la fin de son mandat le 16 mai prochain dans plusieurs affaires judiciaires datant de l'époque où il était maire de Paris et président du RPR. L'affaire la plus dangereuse reste celle du financement occulte du RPR, dans laquelle Alain Juppé a été condamné, mais le cas de Jacques Chirac a été disjoint.
Nicolas Sarkozy avait assuré le 12 mars qu'il ne se "mêlerait pas" de ces dossiers s'il était élu à l'Elysée. "Ce n'est pas le rôle du président de la République. Il y a une justice, elle est indépendante. Surtout je ne m'en mêlerai pas. C'est ce qu'on demande d'un président de la République, qu'il ne se mêle pas des affaires de justice", avait-il dit à l'époque.
Nicolas Sarkozy avait également débuté sa campagne en disait qu'il voulait "être le candidat de l'éthique". Depuis le candidat de l'UMP, alors encore Ministre de l'Intérieur, a demandé aux RG d'enquêter sur l'entourage de Ségolène Royal, a fait préfacé l'édition italienne de son livre par un ancien responsable fasciste, a appelé les élus de l'UMP à apporter leurs signatures à Jean-Marie Le Pen pour permettre sa candidature, a amalgamé la question de l'identité nationale avec celle de l'immigration, n'a pas craint de prétendre que ses adversaires se rangeait dans le camps des fraudeurs et des délinquants, a flirté ostensiblement avec les thèses de l'eugénisme, et hier encore sur France-Inter, interrogé par Nicolas Demorand, il se permet d'entrer dans des considérations raciales, affirmant sans état d'âme que "90 % des Chinois sont des " Hans ". On peut dire que l’empire colossal chinois c’est une race, c’est une ethnie. Ce n’est pas mal que de dire ça".
Et j'en oublie sans doute. J'omets par exemple de rappeler les soupçons qui subsistent quant à sa déclaration de patrimoine, comme les révélations du Canard Enchaîné concernant d'un côté les ristournes qui se compte par centaines de milliers d'euros et que lui a accordé son entrepreneur à l'occasion de l'achat de son appartement à Neuilly et les travaux qui y ont été effectués, et de l'autre côté les ristournes d'un montant équivalent accordées cette fois par l'élu Sarkozy à ce même entrepreneur pour l'achat de terrain dans la même ville de Neuilly...
Bref, la conception de l'éthique de Nicolas Sarkozy semble s'arrêter là où commence son ambition et ses intérêts personnels. On le sait bien d'ailleurs, il dira et fera et promettra tout ce qu'il faut pour parvenir à ses fins, réinventant sans cesse le concept même de démagogie - et avec un art qu'on est bien forcé de lui reconnaître. Rien ne saurait l'arrêter... sinon le vote des français qu'il a tout de même largement tendance à prendre pour des veaux qu'il suffirait de gaver de belles paroles, faisant force de "je veux" - poing serré - et de "je n'accepte pas" - main sur le coeur... et bave aux lèvres, tant la salive lui vient facilement à l'idée d'être Président.
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On parle de : Sarkozy, Chirac et les "affaires" : l'autre Pacte Présidentiel