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Affaires Européennes et Internationales : Sarkozy l'incompétent

Publié le 30 avril 2007 par Dedalus

Les dangers de l'incompétence


On aura remarqué que tout au long de cette campagne électorale Nicolas Sarkozy a largement fait l'impasse sur les questions internationales, sinon pour faire des généralités en forme de lieux communs, et quand certains se sont permis de l'interroger un peu plus précisément, il s'est alors fourvoyé dans de dangereuses déclarations. Petite revue de détail :

L'Iran et le nucléaire : lorsque l'on demande à Nicolas Sarkozy si une solution militaire qui serait préconisée par ses amis américains pouvait éventuellement avoir ses faveurs, il répond sans nuance qu'il n'en est pas question en regard de l'échec de l'intervention en Irak, là où Ségolène Royal se montre bien plus subtile en expliquant qu'il est impératif que l'Iran ne puisse se doter de l'arme nucléaire, que la diplomatie doit pour parvenir à ce résultat jouer tout son rôle, que la dissuasion et le rapport de force est un élément important de cette diplomatie, que l'éventualité d'un recours à la force armée est un élément de la dissuasion, qu'il serait aujourd'hui diplomatiquement contre-productif de se priver de ce qui est un moyen de pression, qu'il s'agit de faire tout pour éviter l'escalade et qu'en tout état de cause ce ne sont pas les américains qui doivent seuls se charger de cette question et qu'il faut s'en remettre à la communauté internationale et plus particulièrement à l'ONU. On notera en passant que le seul soutien de Nicolas Sarkozy sur la scène internationale, M. Berlusconi, a soutenu l'intervention militaire américaine en Irak.

L'Afghanistan et les otages : lorsque l'on demande à Nicolas Sarkozy son opinion quant à la présence des troupes françaises en Afghanistan, Nicolas Sarkozy répond qu'elle n'a pas vocation à se pérenniser - ce qui est une évidence -, prenant le risque par une telle déclaration de donner raison aux talibans qui retenaient en otage, au moment de cette déclaration du candidat de l'UMP, deux français et leurs trois chauffeurs afghans, et dont la revendication est précisément liée à la présence militaire française sur le sol afghan. Pour sa part, Ségolène Royal a rappelé que du fait de l'existence de ces otages, il n'était pas opportuns de s'étendre publiquement sur un tel sujet alors même que l'on sait que la prise d'otages est étroitement liée à la période électorale de laquelle les talibans espèrent bien tirer un profit, et que l'on sait aussi que chaque fois que l'on donne publiquement le sentiment de céder aux preneurs d'otages, on les encourage pour l'avenir à renouveler ce type d'action. On voit là encore de quel côté se trouve la compétence et la subtilité diplomatique.

Le Darfour et la Chine : lorsque Nicolas Sarkozy est interrogé sur la question du Darfour, il évoque la nécessité d'ouvrir un corridor humanitaire et s'en tient à cela. Ségolène Royal, quant à elle, va au-delà en invoquant la nécessité de mettre fin au conflit lui-même et donc la nécessaire pression diplomatique qu'il faut faire peser sur la Chine dont on sait l'implication dans le drame qui se joue dans cette partie du monde. Elle évoque en particulier l'éventualité d'une menace de boycott des jeux olympiques de Pékin comme moyen de pression sur les autorités chinoises par la communauté internationale. En résumé, quand l'un se contente de panser des plaies, l'autre refuse l'impuissance et ouvre des portes vers un règlement du conflit et la fin des exactions sur les populations.

Europe et Turquie : Nicolas Sarkozy se déclare opposé à l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne en renvoyant ce pays à son appartenance à l'Asie Mineure. Non seulement, cela piétine les engagements de la France, à travers l'Europe, vis à vis de la Turquie, mais cela démontre une méconnaissance absolue de l'histoire de la civilisation européenne dont la Turquie est, avec Rome, le berceau. Ségolène Royal se contente de rappeler que pour l'heure la question n'est pas d'actualité, que le chemin est encore long - au-delà d'une dizaine d'année - avant que la Turquie ne puisse être en mesure de satisfaire aux critères d'entrée dans l'UE, notamment pour ce qui concerne la démocratie et les droits de l'Homme. L'heure est à la création de partenariats privilégiés permettant à la Turquie de s'arrimer à l'Europe et d'éviter de voir ce grand pays laïc repoussé vers l'islamisme.

Europe et Allemagne : Depuis cinquante ans, la politique française sur la scène européenne repose sur le postulat de la réconciliation avec l'Allemagne et la consolidation du couple franco-allemand comme pilier de la construction de l'Europe politique. Nicolas Sarkozy est parvenu à la prouesse de mettre en danger cinquante années de rapprochement des peuples en une phrase assassine et irresponsable : "La France n'a jamais commis de génocide. Ce n'est tout de même pas la France qui a inventé la solution finale. C'est-à-dire que dans sa volonté acharné de grandir la France et d'exalter un sentiment national, M. Sarkozy ne trouve rien de mieux que de laisser entendre que l'Allemagne posséderait en elle le germe du nazisme - un génétisme propre au peuple allemand, sans doute. On imagine comme les allemands ont apprécié. La presse allemande a réagi très fortement, ce dont Nicolas Sarkozy n'a cure tant son atlantisme l'incline davantage à se tourner ver la Grande Bretagne et les Etats-Unis - ce qui se ferait bien évidemment au détriment de la construction européenne.

Europe et les français : Les français ont repoussé par référendum le projet de traité Constitutionnel Européen. Pour Nicolas Sarkozy, ce n'est pas un problème, il suffira de ne plus leur demander leur avis et de soumettre au parlement un traité allégé. D'ailleurs, Nicolas Sarkozy est très clair à ce sujet, dès lors que les français l'auraient élu, il deviendrait tout à fait superflu de recourir au référendum : "Si je suis élu (...) est-ce que vous croyez que je pourrai dire au pays (...) "j'ai encore besoin d'avoir votre opinion" ? Après les législatives, il sera largement temps qu'on se mette au travail", a-t-il déclarer sur France 2, ajoutant que selon lui "on peut s'interroger sur l'utilité du recours au référendum". En bref, si le peuple veut parler, c'est le 6 mai. Ensuite, la démocratie aura passé. A bon entendeur...


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