Censure, collusion et nominations
Ainsi, la société des journalistes, réunie en AG après la conférence de rédaction, au cours de laquelle Espérandieu a confirmé avoir reçu un coup de fil, a envoyé mardi après midi une lettre ouverte à Arnaud Lagardère, dénonçant « une censure inacceptable », reproduite ci-dessous.
Ce même jour, on apprend via un article du journal Le Monde que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont proposé à deux journalistes deux postes de conseillère, qu'elles ont chacune accepté. Catherine Pégard, rédactrice en chef du service politique du Point, rejoindra l'équipe du chef de l'Etat à l'Elysée. Myriam Lévy, reporter au Figaro, intègre avec le titre de conseillère en communication l'équipe de François Fillon à Matignon. Nominations qu'il faut d'évidence placer dans la continuité d'une campagne où ont abondé les collusions entre le pouvoir en place et une certaine presse dont les journalistes politiques ont fait preuve d'une remarquable indulgence à l'égard du candidat Sarkozy.
Voici donc qui place la présidence Sarkozy devant sa réalité. Seront récompensés les journalistes serviles, seront censurés - et éventuellement châtiés - ceux qui se perdront dans une impartialité suspecte. Les journalistes sont prévenus : ceux qui ne placeront pas aux côtés du Petit Père des People seront contre lui...
« Une censure inacceptable »
- lettre ouverte à Arnaud Lagardère, envoyée par la société des journalistes du Journal du Dimanche -
« Vous êtes intervenu samedi auprès de la direction de la rédaction pour que cet article ne soit pas publié. Nous estimons qu'il s'agit là d'une censure inacceptable, contraire à la liberté de la presse. L'ensemble des journalistes du JDD s'indigne de cette pratique d'un autre âge, d'ailleurs largement dénoncée par l'ensemble de notre profession, en France comme à l'étranger.
« En l'espace d'un week-end, cette intervention a donné du crédit aux graves accusations portées contre les titres du groupe, soupçonnés d'avoir favorisé la campagne de Nicolas Sarkozy. Ces derniers mois, le Journal du Dimanche s'était pourtant attaché à respecter son devoir d'impartialité. Depuis dimanche, son image est gravement mise en cause. Notre site Internet et le standard du groupe sont submergés de messages de lecteurs indignés. Au final, c'est la crédibilité du titre et de ses journalistes qui est mise à mal.
« Vos relations privilégiées avec Nicolas Sarkozy ne sauraient nous contraindre à renoncer une nouvelle fois aux exigences de notre métier. La rédaction du JDD, indépendante, revendique le droit de refuser toute subordination qui voudrait la priver de son devoir d'informer. »
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