Si on ne se contente pas de regarder les bateaux monter ou descendre d'un étage, on peut aussi faire une petite croisière sur le canal et voir le prodige depuis l'intérieur. Mais attention aux coups de vent ! Perchés sur le canal, à l'abri de rien, vous dominez le paysage et risquez de vous faire envoler la perruque. Libre à vous d'aller ensuite la repêcher dans l'Allier. Si le courant l'a emportée, vous devrez foncer au Bec d'Allier, car votre tignasse a toutes les chances d'être passée d'un fleuve à l'autre.
Trêve de plaisanterie. Au Bec d'Allier, vous êtes à l'endroit même où l'Allier se jette dans la Loire. Vu du haut, on peut en effet distinguer les deux géants qui se rencontrent par leur différence de couleur et de courant. Aujourd'hui, par exemple, la Loire était sombre, presque marron et ridée, tandis que l'Allier était d'un gris bleu profond et totalement lisse. Chaque jour, ce paysage naturel rare se renouvelle, pour la plus grande joie des touristes qui y viennent l'été par bus entiers. Il est vrai que c'est un spectacle dont on ne se lasse pas.
On peut aussi aller fureter dans les ruelles du village aux maisons anciennes et, tout en faisant mine d'être captivé par le panorama, jeter un coup d'oeil discret aux courettes des belles demeures qui font face au fleuve. Quelle chance ont ces gens de pouvoir papoter au jardin, d'avoir le privilège de prendre le thé dans un tel cadre ! On se dit que si on avait un sac de piastres sous l'oreiller, on achèterait bien quelques mètres carrés...