Sahara français
En allant reprendre mon auto dans un parc de stationnement à Mont-de-Marsan, je passe près de deux jeunes femmes.
« Quelle chaleur dans ce désert ! » dit l’une d’elles.
Nous voilà revenus dans ce désert landais, dans le « vrai Sahara français » de Théophile Gautier ou dans le « Sinaï » dont parle Voltaire dans son Dictionnaire philosophique. Cette représentation des Landes a même donné des formules les montrant comme « un désert couvert d’eau ». Il ne s’agit pas d’une région sans habitants comme dans le Misanthrope de Molière mais du paysage, d’où la comparaison avec le Sahara.
J’avais montré naguère que dans les systèmes de représentation du temps des Lumières, si les montagnes étaient en friche, les plaines devaient être cultivées. Comme les Landes n’étaient pas couvertes de champs, il ne restait que deux solutions. Soit il y avait une montagne et les géomètres du cartographe Belleyme y ont cherché une grande cascade malgré les dénégations de l’intendant Saint-Maur. Soit, c’était un désert comme le Sahara ou le Sinaï.
Et voilà que ce mythe réapparaissait aujourd’hui sous le soleil estival montois dans les mots prononcés par une jeune inconnue. En bon anthropologue, je me suis enhardi à lui demander les causes de son propos.
« C’est dans un jeu, quand j’étais petite, un personnage le disait ».
Cette fois, l’anthropologie m’a égaré.
Bernard Traimond