Est-ce lié à des facteurs liés à l’infertilité génétique ou biologique de la mère ou à son traitement ? Si cette grande étude danoise de population ne le dit pas, elle révèle un risque plus élevé de troubles psychiatrique chez les enfants nés de femmes ayant des troubles de la fertilité que les enfants conçus naturellement. Les conclusions, présentées à la 30e réunion annuelle de l’European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE) aboutissent à une augmentation du risque certes modeste mais persistante jusqu’à l’âge adulte.
Le Dr Allan Jensen de l’Université de Copenhague a travaillé sur les données de plus de 2 millions d’enfants (n=2.430.826) dont 124.384 (5%) nés de mères ayant des troubles de la fertilité. Les enfants ont été suivis ont été suivis durant plus de 20 ans. Au cours de cette période, 170.240 enfants ont été hospitalisés pour trouble psychiatrique. C’est l’ampleur de l’échantillon qui a permis aux chercheurs d’identifier un risque accru, bien que faible en valeur absolue que d’autres études n’avaient pas permis d‘identifier. L’analyse constate en effet, chez les enfants de mères ayant connu des troubles de la fertilité vs chez les enfants conçus naturellement :
· une incidence accrue de 33% de troubles psychiatriques chez les enfants nés de femmes ayant des problèmes de fertilité,
· de 27% et 32% pour la schizophrénie et les psychoses,
· de 37% pour l’anxiété et autres névroses,
· de 13% pour les troubles du comportement alimentaire (TCA),
· de 28% pour les troubles du développement mental, dont les TSA (22%) et le TDAH (40%).
L’augmentation des risques persiste à l’âge adulte : Une analyse plus fine, par période de vie montre que ces estimations de risque n’évoluent pas de l’enfance (0-19 ans) au début de l’âge adulte (≥ 20 ans). Si globalement, le risque reste faible, les auteurs appellent les professionnels impliqués dans le diagnostic et le traitement des troubles de la fertilité à le prendre en compte, tout en le mettant en perspective avec les bénéfices physiques et psychologiques d’une grossesse. Ainsi, selon cette étude, 1,9% de tous les troubles psychiatriques diagnostiqués chez les enfants –ici, au Danemark- seraient associés à l’infertilité de la mère.
En cause, l’infertilité ou son traitement ? Malgré sa taille, l’étude n’établit pas si l’augmentation du risque a été associée à des facteurs liés à l’infertilité ou à son traitement et les mécanismes exacts derrière cette augmentation restent inconnus. Cependant, les chercheurs suggèrent que des gènes endommagés « codant pour » les troubles psychiatriques, surreprésentés chez les femmes ayant des problèmes de fertilité pourraient expliquer, du moins en partie, le risque accru de maladies psychiatriques chez l’enfant.
Source: ESHRE 2014 Increased risk of psychiatric disorders in children born to women with fertility problems: results from a large Danish population-based cohort study