L'Amérique, 1868. Les Veneurs n'ont qu'un seul et unique objectif, terrasser les Wendigos qui sèment la mort et la désolation sur leurs parcours. Derrière cette volonté farouche qui les a forcé à fuir les leurs, à renoncer à tout ce en quoi ils croyaient, se cache bien sûr un but ultime, faire ployer et succomber Notre-Dame des Loups sous le feu de leurs balles d'argent.
La forme narrative adoptée par Adrien Tomas dans ce roman a pour elle de maintenir un intérêt constant pour l'histoire. Non pas qu'on s'en serait écarté par ailleurs mais en proposant de la suivre successivement par chacun des membres de la Vénerie, l'intérêt s'en retrouve redoublée. Chacun apporte en effet son éclairage sur les rapports qu'ils nourrissent les uns avec les autres, sur ses propres moticvations, sur les enjeux de leur quête et les liens, complexes ou ambivalents, qui les lient à Notre-Dame des Loups. La tension est là, l'ambiance glaçante et oppressante aussi et le final ne manque pas d'un certain éclat... argenté...
Le Voyageur de James Smythe, mon avis est un peu plus mitigé. Et pourtant la matière est là. Après avoir passé toutes les étapes de sélection, le journaliste Cormac Easton obtient son billet pour l'Espace. L'objectif du voyage est simple, aller plus loin qu'aucun être humain ne l'a jamais fait. La conquête de l'inconnu comme nouveau rêve pour une humanité en perte de vitesse. Il faut peu de temps cependant pour que l'odyssée tourne à la déconvenue la plus totale. Tous les passagers meurent les uns après les autres. Ne reste plus que Cormac, isolé dans le vaisseau dans l'attente du retour programmé.
Si le livre est intéressant dans ce qu'il révèle du sentiment d'isolement et de solitude et de ses incidences, notamment dans le regard que Cormac porte sur lui-même, celui qu'il était, celui qu'il est devenu, il m'a manqué quelque chose dans ce roman. Ou plus exactement même si, comme je le disais, l'approche est intéressante, je n'y ai pas cru. Mis à part peut-être à travers ses pensées le ramenant en arrière, vers sa femme Elena et les étapes successives amenant à sa sélection pour faire partie du voyage, la voix de Cormac ne m'a pas touché. Il n'a jamais su me transmettre totalement sa peur ni le vertige de sa fuite en avant dans le néant spatial. Mais tout compte fait, c'est peut-être plus la sensation que tout arrivait à point nommé, en raison de contingences narratives, qui a fini de me laisser à l'écart et fait en sorte que Cormac me reste aussi étranger qu'il s'est révélé l'être pour lui-même.
Des nœuds d'acier, de Sandrine Collette. Comme on y voit très peu de lumière, peu d'espoir. Il y a pourtant des éclairs de poésie, vite rabattus cependant par l'implacabilité du récit.
Théo sort tout juste de dix-neuf mois de prison pour un crime commis à l'encontre de son frère. Il n'aura pas le loisir de goûter longtemps à sa nouvelle liberté. Retranché en pleine campagne, il se fait capturer par deux vieillards qui l'enferment dans la cave de leur ferme et se font de lui leur esclave.
Pas étonnant donc que Des Noeuds d'acier ait reçu le Grand Prix de la littérature policière 2013... et que mon intérêt se porte aussitôt sur Un vent de cendres, un histoire qui, encore une fois, a l'air de prendre aux tripes.
Voilà c'est fini pour aujourd'hui. Vous devriez maintenant savoir à quoi vous attendre mais j'essaierai de faire plus gai pour la prochaine fois.
* La Geste du sixième royaume et La Maison des Mages
Notre-Dame des Loups, d'Adrien Tomas, Mnémos, 2014, 198 p. Le Voyageur de James Smythe, traduit de l'anglais par Claude Mamier, Bragelonne, 2014, 352 p. Des noeuds d'acier, de Sandrine Collette, Le Livre de Poche, 2014, 264 p.