Festival VISIONS #2 (8/10 août 2014)

Publié le 11 juillet 2014 par Hartzine

Après une première édition bien chargée (lire), les Disques (pas si) Anonymes remettent le couvert cette année, avec, dans la chaleur bretonne, une seconde édition du Festival Vision. Toujours dans le bled scrabble mot compte triple Plouézoc’H, nos amis se sont mis en tête une bien bonne idée qu’on aurait pu avoir, mais qu’on a pas eu, trop occupé à en avoir d’autres, à savoir : prendre deux trois têtes de gondole cool, avenantes, engagées et respectées, et ambiancer le tout avec une montagne de groupes bien de chez nous, plus esthètes que maniérés. Ça donne en gros, dans le gras, les mecs de Cheveu, les excités de Kap Bambino et l’érudit Rubin Steiner, avec répartis sur les trois soirs un bon quintal découpé dans notre mixtape ANTI-french-pop (lire) avec La Secte du Futur, Saintes, Le Réveil des Tropiques, en plus d’une bonne rincée de lard fumé : de Françoise Pagan à Strasbourg en passant par Delacave – où la reconstitution du triangle garage hexagolal entre Bordeaux, Paris et l’Est de la France. Hartzine offre des places par ici.

On en a profité pour chiper une mixtape au programmateur, Guillaume Derrien, tout en lui soumettant quelques questions auxquelles il a répondu – sans merci.

Entretien avec Guillaume Derrien

Avant toute chose, peux-tu présenter Les Disques Anonymes ? Nous dire quel en est le leitmotiv et l’esthétique globale ?

Les Disques Anonymes, c’est un label qui vient de fêter ses deux ans en juin. Nous sommes basés à Rennes mais pas particulièrement centrés sur la scène bretonne même si on l’apprécie.

On alterne les micro-productions DIY avec des sorties un peu plus conséquentes. Par exemple, on sort en ce moment un Vinyle LP du groupe France et en même temps une mini-série K7 faite-main de H Ø R D et un CD édition limitée de My Disco Jacket.

L’esthétique tourne plutôt autour d’une recherche sur les sonorités synthétiques dans la pop que sur un genre musical particulier. Entre l’electro-pop léchée et en Français de France, le synthpunk 8 bits de My Disco Jacket et l’électronique froide de H Ø R D, je crois que ça dresse un panorama assez fidèle de là où on se situe !

Pourquoi ressentiez-vous cette idée de monter un festival ? Est-ce juste l’occasion de se la mettre bien ou c’est une façon de défendre de façon cohérente une certaine idée de la scène hexagonale ?

A vrai dire, on ne ressentait pas vraiment la nécessité de monter un festival, ça nous est tombé dessus un peu par hasard ! On avait organisé pas mal de concerts avant ça pour promouvoir nos artistes et pour faire un peu de soutien promo sur les sorties de disques, mais on n’avait jamais envisagé un tel événement.

En fait, on avait été invité à un microfestival DIY en 2013 par nos copains du label Pacinist et de Concert Chez Moi et on se devait d’organiser le match retour chez nous, c’est comme ça qu’est né VISIONS.

Ceci dit, une fois qu’on a mis le pied à l’étrier, on avait pas mal d’idées sur ce qu’on devait faire. Comme de permettre notamment à une certaine scène souterraine française qui écume les salles indés durant l’hiver de pouvoir se produire enfin par chez nous pendant un festival estival. Il y a aussi l’envie de dresser une certaine carte de la scène un peu marginale à laquelle nous appartenons, d’en proposer à un moment donné, sans prétention d’être exhaustif, une vision instantanée.

Et puis c’est vrai que c’est aussi l’occasion d’organiser une grosse fête, parce qu’on est quand même là pour s’amuser avant tout, et de permettre à notre public de passer un chouette moment dans un cadre assez exceptionnel.

Justement la scène hexagonale n’a jamais paru aussi riche. Quelle géographie en fais-tu ?

Oui, c’est sûr qu’on vit une période assez intense mais c’est peut-être aussi l’effet loupe parce qu’on a le nez dedans. Selon moi, il y a clairement la musique électronique qui a libéré les artistes français dans un premier temps et puis sur les dernières années, sa réappropriation par des artistes issus d’un terreau plus punk a été particulièrement intéressante.

Il y a des foyers qui jaillissent autour d’une ville et qui créent une émulation. Je pense évidemment à la Grande Triple Alliance Internationale de l’Est et au collectif Iceberg de Bordeaux qui sont deux grands modèles pour nous. En fouillant, on découvre toujours de nouvelles pépites !

Mais comme c’est mouvant et éphémère, qui sait où sera l’épicentre musical français demain? La scène rennaise est prolifique, c’est un bon challenger pour demain.

Concrètement, quelle est la relation entre le label et le festival : est-ce une façon de placer ces groupes a côté de têtes d’affiches ?

Les choses ne sont pas très claires actuellement entre le festival et le label mais je pense qu’au fur et à mesure, cela va devenir deux structures bien distinctes.

Mais au delà de l’aspect purement administratif, on continuera quand même à faire participer les artistes qu’on produit sur le label parce que ça nous paraît important de réunir la famille au grand complet pendant ces événements.

On essaye de pas faire de favoritisme outrancier, mais si on peut donner un coup de pouce, on n’hésite pas ! Cette année, on présente H Ø R D, Piranha et aussi Delacave avec qui on aimerait collaborer par la suite.

Tous bénévoles ?

Oui, il n’y a que les artistes et les techniciens qui sont payés. On est une structure à but non-commercial et si par chance on parvenait à faire un peu de bénéfice, tout serait ré-investi dans les productions de disques l’année suivante. Je dois avouer quand même que la production se rattrape très déraisonnablement en nature pendant le festival, en galettes-saucisse et surtout en bières.

Peux tu présenter dans les grandes cette édition ? En quoi sera-t-elle différente de la première ?

On est vraiment sur la continuité de la première édition : même lieu, même jauge et une programmation relativement dans la même lignée. La différence principale, je dirais que c’est le fait d’avoir un peu « musclé » notre programmation.

On n’a pas la folie des grandeurs, c’est un festival qui accueille un public restreint sur un site assez remarquable et on aime bien la proximité que ça induit. Ça, ça change pas.

Si je devais présenter le festival, je dirais qu’on propose autour d’une tête d’affiche emblématique par soir sur 3 jours (Kap Bambino/Cheveu/Rubin Steiner) une programmation assez recherchée. Il y a deux scènes dont une est consacrée aux musiques qui se dansent (avec Midi-Deux/BRlST/DSCRD) et l’autre aux lives.

On essaye de garder des tarifs abordables tout en proposant un accueil à la coule et couleur locale, le camping à 20 mètres de la mer y est pour beaucoup.

On continue d’offrir pas mal de choses aussi extra-musicales qui sont en accès gratuit (expo/performances/ateliers pour les enfants/marché des créateurs/etc)

Avoue. Quels sont les concerts que tu ne louperas sous aucun prétexte – genre la quatrième tournée ?

On attend forcément beaucoup de Kap Bambino, Cheveu et Rubin Steiner et on adore vraiment tous les artistes vu qu’on les a programmé. Mais en outsiders placés, j’aurai tendance à miser sur Black Bug, sur le show cintré de Infecticide et côté Clubbing, je suis curieux de découvrir DSCRD. Mais comme on le sait tous, le mieux c’est de se faire surprendre et bousculer, donc tout peut arriver !

Mixtape