En cette veille de salon aéronautique de Farnborough, l’avionneur américain se veut résolument optimiste estimant le besoin en nouveaux appareils ŕ 36 770 d’ici ŕ 2033, ce qui devrait se traduire par des ventes globales de 5 200 milliards de dollars.
Une croissance qui, en nombre d’appareils, est de 4,2 % par rapport aux 35 280 nouveaux appareils qu’avait estimé Boeing l’an passé ŕ la męme époque. Une demande accrue en nouveaux avions de plus de 90 sičges (hors turbopropulseurs et avions d’affaires) qui se justifie par la croissance du trafic aérien (il faudra 21 270 appareils pour répondre ŕ cette croissance) et le remplacement de ceux arrivant en fin de vie (soit 15 500 avions). Seulement 5 410 appareils actuellement en service le seront encore en 2033.
Alors Boeing est-il trop optimiste ? Il est évident que seul l’avenir le dira. Mais pour l’heure, les commandes qu’il a engrangées depuis le début de l’exercice 2014 semblent donner raison ŕ ses analystes. Car les chiffres ŕ la fin juin sont éloquents. L’avionneur de Seattle annonce avoir enregistré 499 commandes pour les 6 premiers mois de l’année (nettes des annulations) et avoir livré 432 appareils tous modčles confondus.
Son concurrent Airbus sera t-il moins optimiste lorsqu’il publiera sa propre étude de marché, le Global Market Forecast (GMF) qui ne sortira qu’en septembre si la tradition est respectée. Si on en restait aux résultats de l’avionneur européen, on pourrait en douter. Car Airbus n’a enregistré que 290 commandes nettes au premier semestre (plus de 200 de moins que Boeing) et n’a réalisé que 303 livraisons, soit 129 de moins que son concurrent outre Atlantique.
Mais c’est sans compter le salon de Farnborough. En effet Airbus, contrairement ŕ Boeing qui vient d’annoncer en ce mois de juillet la formalisation par Emirates Airlines d’une commande pour 150 Boeing 777X alors que cette męme Emirates a annulé une commande de 50 A350 auprčs d’Airbus en juin dernier, n’a pas l’habitude de conserver Ť au frigo ť des commandes pour les annoncer tambour sonnant ŕ une manifestation que ce soit Farnborough, Le Bourget, Singapour ou Dubaď pour ne citer que les plus importantes.
Ce n’est pas le cas d’Airbus et męme Boeing est convaincu que l’avionneur européen se réserve pour la semaine prochaine, le salon de Farnborough ouvrant ses portes dčs ce 14 juillet. L’avionneur est européen, mais son sičge est ŕ Toulouse. A t-il réservé de grandes annonces pour célébrer la fęte nationale française ? On verra le bilan qui en sera fait par Gérard Jouany la semaine prochaine.
Mais en attendant il y a une chose qui ressort clairement de l’étude de marché de Boeing (qu’il appelle le Current Market Outlook, CMO). Le marché est porté surtout par les monocouloir : selon Boeing, 25 680 appareils seront livrés d’ici ŕ 2033 soit quasiment la moitié de la valeur du marché. Et sur ce marché des monocouloirs Randy Tinseth, vice-président du marketing de la division aviation commerciale de Boeing, estime que c’est le 787-800 et dans l’avenir proche, le 787 MAX-8 (ŕ savoir le -800 remotorisé avec des LeapX) qui correspond le mieux ŕ la demande des compagnies ŕ la recherche de capacité accrue (160 places pour ce modčle) capable d’assurer de trčs nombreuses rotations quotidiennes. Cela bien évidemment en offrant un coűt au kilomčtre-passager toujours plus attractif et un niveau de nuisance environnementale en accord avec les nouvelles directives.
Est-ce ŕ dire que les bi-couloirs sont morts aux yeux de Boeing ? Certes pas, mais selon ses perspectives, le créneau se porte principalement sur long-courriers de 200 ŕ 300 sičges tel son 787-8, alors que pour le créneaux des trčs gros porteurs sera alimenté par des appareils biréacteurs performants tels que le 787-10 et son nouveau 777X.
Sans le dire Randy Tinseth a presque, une fois de plus, enterré l’A380 de son concurrent Airbus qui voit le marché de ce type d’appareils ŕ quelques 1 500 avions. Pour Boeing, ce n’est pas le cas ayant préféré lancer son 777X et ramené ŕ 620 exemplaires le nombre de long-courriers de trčs grande capacité (supérieure ŕ 400 sičges) alors qu’il estimait encore l’an passé ce marché ŕ 760 avions.
Nicole B. pour Aeromorning