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Avec la primaire de l'Oregon de ce jour, Barack Obama espère franchir un seuil fatidique. Dimanche, il a rassemblé plus de 75 000 personnes lors d'un meeting. Du jamais vu.
Même si le camp d'Hillary Clinton conclut toujours à la poursuite de la course, il est certain que les jours qui ont suivi l'Indiana ont marqué un tounant.
La dernière semaine écoulée marque en effet un nouvel équilibre dans la primaire démocrate.
Nous l'annoncions dès le 7 mai au lendemain du score de l'Indiana, l'investiture d'Obama est désormais inscrite dans les chiffres et dans la réalité politique.
Il ne reste que les dernières étapes formelles à vivre.
Pour rompre les analyses les plus diverses sur les décomptes, l'équipe d'Obama a publié le 13 mai son propre décompte : 150 délégués le séparent maintenant du seuil fatidique.
C'est le moment choisi par Obama pour sortir du duel interne au parti démocrate en s'adressant désormais à McCain mais aussi rassurer sur les enjeux internationaux majeurs.
Il a adressé un message très ferme en faveur de la sécurité d'Israël. Tout en écartant une "diplomatie à la cow boy comme Bush", Obama a réaffirmé que la défense de la sécurité d'Israël n'était pas négociable.
Deuxième temps, Obama a bénéficié du soutien public officiel de John Edwards. C'est une étape que nous avions annoncée dés le 18 février 2008. La base électorale d'Edwards complète particulièrement bien celle d'Obama.
Le soutien de John Edwards n'a pas tardé à produire des effets pratiques. Le syndicat des métallurgistes (1, 7 millions d'adhérents) qui soutenait initialement John Edwards a annoncé son ralliement à Barack Obama.
Le syndicat des Travailleurs des Communications (700 000 adhérents) a annoncé également son soutien à Barack Obama.
Pendant cette période, Hillary Clinton n'a annoncé aucun soutien ce qui tranche avec Obama mais aussi montre son isolement actuel.
Du côté du Parti Républicain, McCain multiplie les déclarations pour se démarquer de l'Administration Bush.
John McCain fait ainsi de la lutte contre le réchauffement climatique l'une des priorités de sa campagne. C'est une double histoire.
D'une part, celle de la volonté de se démarquer de Bush. Or ce domaine est l'un de ses échecs majeurs.
D'autre part, en Californie, cette nouvelle frontière portée par un républicain a permis de modifier les lignes avec les démocrates.
Or McCain sait qu'il doit faire bouger les lignes pour éviter la défaite.
Au même moment, George Bush a commencé à dramatiser les enjeux du scrutin. Il a déclaré pas moins qu'une victoire démocrate pourrait entraîner une nouvelle attaque contre l'Amérique. La démocratie américaine est parfois la plus complexe de toutes les démocraties modernes mais elle peut aussi s'avérer terriblement prévisible et simpliste. La présidentielle se prépare ainsi sur des bases manichéennes pour le parti républicain.
D'un côté, le candidat expérimenté qui assure la sécurité nationale :
McCain.
D'un autre côté, l'aventure avec l'inconnue quant à la sécurité nationale : Obama.
La campagne s'annonce rude. Il est à souhaiter que dans l'Amérique profonde le désir de candidature d'un candidat métissé devienne aussi le désir d'élection sinon bien des surprises sont encore possibles pour une campagne qui rappelle beaucoup les attaques portées contre le candidat démocrate Dukakis à qui rien ne fut épargné.
Il est à souhaiter que Barack Obama retrouve vite des forces car la finale contre McCain s'annonce particulièrement sportive et éprouvante tant les attaques du parti Républicain s'annoncent violentes.