La dengue est une maladie transmise par les moustiques qui infecte environ 390 millions de personnes chaque année, dont environ 96 millions de personnes de manière symptomatique. L’OMS estime que la charge mondiale de la dengue a été multipliée par 30 fois au cours des 50 dernières années et que plus de la moitié de la population mondiale à risque de la maladie. L’OMS estime que, chaque année, 500.000 personnes atteintes de dengue sévère, dont une très forte proportion d’enfants, nécessitent une hospitalisation. Environ 2,5% d’entre eux en meurent.
« CYD-TDV » est le premier candidat vaccin contre la dengue à atteindre la phase III, car il n’existe pas, à ce jour, de vaccin autorisé pour traiter ou prévenir la fièvre de la dengue, et le développement d’un vaccin s’est toujours heurté à la nécessité de cibler, par un même vaccin, les 4 sérotypes (DEN-1, DEN-2, DEN-3 et DEN-4 à l’origine des infections.
Cet essai de phase 3 mené dans des zones où la dengue est endémique, soit 5 pays d’Asie, concentrant plus de 70% de la charge mondiale, a suivi, durant 2 ans, 10.275 enfants en bonne santé, âgés de 2 à 14 ans, assignés au hasard à recevoir 3 injections du vaccin ou un placebo à 0, 6 et 12 mois.
Durant la période de suivi, 250 cas de dengue plus de 28 jours après la troisième injection, dont 117 dans le groupe vaccin et 133 dans le groupe placebo, ont été recensés. Ces données suggèrent,
· une efficacité protectrice globale de 56,5%,
· une efficacité après 3 doses de 88,5% contre la dengue hémorragique,
· une efficacité après 3 doses de 67% contre l’hospitalisation associée à la maladie,
· une efficacité variable selon les sérotypes : 35% contre DENV 2, plus de 75% contre DENV 3 et 4, et 50% contre DENV 1,
· une efficacité après au moins une dose presque aussi élevée qu’après 3 doses,
· une tolérance presque satisfaisante : 647 événements indésirables graves ont été rapportés, dont 62% dans le groupe vacciné.
Des résultats qui suggèrent que le vaccin CYD-TDV pourrait permettre de réduire l’incidence de la dengue symptomatique de plus de moitié et surtout les hospitalisations et les complications. Ce qui représenterait un impact considérable en santé publique, conclut l’auteur principal, le Dr Maria Rosario Capeding de l’Institut de recherche de médecine tropicale des Philippines. Mais, si ce candidat est le meilleur de tous les candidats actuellement dans le pipeline son taux d’efficacité implique son recours en combinaison avec tous les autres outils de lutte disponibles dont les approches anti-vectorielles.
Source: The Lancet 11 July 2014 doi:10.1016/S0140-6736(14)61060-6 Clinical efficacy and safety of a novel tetravalent dengue vaccine in healthy children in Asia: a phase 3, randomised, observer-masked, placebo-controlled trial