Charente Maritime : Fronde des ostréiculteurs et des mytiliculteurs

Publié le 11 juillet 2014 par Blanchemanche
Article du 11/07/2014/ http://www.lhebdo17.com/actualite/Departement-:-Fronde-des-ostreiculteurs-et-des-mytiliculteurs-3883.html

De g. à dr. : Gérald Viaud, président du CRC Poitou-Charentes, et Magali Sellès, sous-préfète de Rochefort.Le 8 juillet, le Comité régional de la conchyliculture organisait une réunion publique, à Marennes, sur les mortalités des moules et des huîtres.
C'est la crise de trop. Les mortalités répétées des huîtres et des moules ont mis la profession à genoux. « On n'a plus rien dans les poches. Les montants proposés par l'État ne sont pas à la hauteur des pertes subies. Nous avons une tribune en or avec l'arrivée de la saison estivale. Il faut en profiter », dit Benoît Durivaud, président des producteurs de moules en Charente-Maritime, ce mardi, devant une salle de près e 400 professionnels remontés à bloc.« Il nous faut organiser la fronde, renchérit Gérald Viaud, président du Comité régional de la conchyliculture Poitou-Charentes (CRC). Il faut s'attendre à ce que le mouvement prenne de l'ampleur, car les professionnels des autres régions ont la même réflexion. »
Le raz-le-bol est général. Depuis mars dernier, les mytiliculteurs sont confrontés à une crise de mortalité des moules sans précédent. 100 % des moules de filières et 90 % des moules de bouchot de la baie d'Aiguillon ont été décimées. La baie d'Yves est à peine mieux lotie. Ils avaient alors estimé leurs pertes à 10 millions d'euros. Aujourd'hui, elles sont à 20 millions. L'État propose de les aider à hauteur de 10 millions. « Pour pouvoir récupérer notre chiffre d'affaires en 2015, il nous faut 14 millions », relève Benoît Durivaud.
Les ostréiculteurs ne sont pas en meilleure situation. Les mortalités des huîtres se répètent depuis 2008, et leurs pertes étaient estimées l'an dernier à plus de 50 millions d'euros.
La qualité des eaux en question
Pour l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, ces mortalités sont en partie liées aux conditions environnementales particulières de l'hiver 2014 (fortes pluviométries, nombreuses tempêtes...), qui ont créé une situation propice à l'action pathogène d'une bactérie de type Vibrio Splendidus. « On trouve toujours des trucs. Mais on continue à s'enliser dans les mortalités, note Gérald Viaud. La vraie question est : pourquoi ces crises se répètent-elles ? »
C'est du côté de la dégradation des milieux qu'il faut chercher les origines du mal. Les sources de contamination sont à la fois la pression démographique sur la frange littorale, le développement anarchique de l'urbanisme, la mise en culture des marais doux, l'agriculture intensive et les rejets systématiques en mer. Autrement dit, les mortalités mytilicoles et ostréicoles ne seraient pas liées à des pathologies infectieuses mais aux dégradations écologiques locales. La solution ? Reconstruire l'écosystème. Nouvelles questions : que faire et qui fait ?
Les actions urgentes
La profession a identifié dix actions urgentes à mener pour rétablir les fonctions écologiques des estuaires et des marais doux et salés : contrôle systématique de la qualité des eaux douces rejetées comme des rejets des stations d'épuration en milieu marin, aménagement des marais doux, arrêt immédiat de tous les rejets en mer, atteindre les objectifs de la directive cadre sur l'eau, réaménagement du marais salais, programme de réhabilitation et de gestion des gisements naturels coquilliers classés, etc.
La sous-préfète de Rochefort, Magali Sellès, a proposé d'y travailler ensemble au sein d'un groupe de travail, qui devra apporter des réponses dans un délai d'un an. Si la profession était d'accord, elle exigeait, dans l'immédiat, la « juste réparation économique par l'État de son préjudice ». Ce même jour, un appel était lancé à la grève administrative pour une durée indéterminée et l'organisation de manifestations. Mais la profession s'avère divisée sur des actions de ce type en pleine saison, période idoine pour leur commerce. Affaire à suivre...