Abasourdi par cette décision annoncée depuis quelque temps par les médias je n'en demeure pas moins assommé aujourd'hui par la certitude de la nomination, fait du Prince Élyséen, de Jacques Toubon, ancien cacique du RPR et pilier de l’équipe municipale de Chirac à Paris, de Défenseur des droits. Cette autorité indépendante est inscrite dans la Constitution (article 71-1) depuis le 23 juillet 2008 et instituée par la loi organique du 29 mars 2011 et regroupe les missions du Médiateur de la République, du Défenseur des enfants, de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité (HALDE) et de la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité (CNDS). Un regroupement critiqué et condamné alors par le PS et ses députés parmi lesquels figurait F. Hollande. Ce même député avec son groupe fustigeait le pouvoir exclusif de nomination par le président de la République, après avis certes, des commissions des Lois de l’assemblée nationale et du Sénat qui ne s’imposent que si 3/5èmes des membres de ces commissions s’opposent à une nomination!
J. Toubon? Député de Paris de 1981 à 1995, secrétaire général du RPR, ministre de la culture, ministre de la Justice: c'est la chiraquie à son apogée. J. Toubon s'est politiquement illustré par des choix contestables qui l'éloignent naturellement de s'engager pour la défense des droits... Il vote contre la dépénalisation de l’homosexualité, il vote contre la loi du 9 octobre 1981 d’abolition de la peine de mort. Comme ministre de la Justice: il défend l'amnistie des infractions des commandos anti-IVG puis, cerise sur le gâteau, il s'autorise l'envoi d’un hélicoptère au Népal pour y quérir un procureur de la République en vacances, dans l’espoir qu’il mette fin à une enquête tout juste ouverte contre Xavière Tibéri. Oui vous avez bien! Xaviere Tibéri dont nous observons au fil de l'actualité judiciaire la condamnation de méthodes illégales...
La décision de François Hollande, par sa méthode et son choix, est inique et obscène. Elle est un déni du droit pour ceux et celles qui se battent contre les discriminations et pour la défense des droits. Elle met en valeur des petits arrangements entre ami-e-s des allées du pouvoir.
J'aurais tant souhaité que les socialistes donnent l'exemple en réfutant ce choix. J'aurais tant souhaité que celui et ces affiliés qui localement s'étaient placés en défenseur d'une moralité politique en s'étant, tout abusés par des mirages, trompés de cible réajustent leur tir pour décocher un rejet bien marqué de cette décision... C'est bien entendu une autre histoire tant je suis certain que les atrophies intellectuelles et morales qui ont sapé l'humanisme socialiste de leur parti nous séparent irrémédiablement et que l'éveil des consciences s'est dilué dans le réalisme libéral ce " born again " devenu le fond baptismal de leur politique.