Comment symboliser l'accessibilité numérique ?

Publié le 04 juillet 2014 par Tetue @tetue

Confondu avec le handicap moteur, critiqué pour sa passivité, le symbole international d'accessibilité a été conçu pour les lieux physiques. Comment symboliser l'accessibilité numérique ?

Le symbole international d'accessibilité est un pictogramme identifiant les lieux qui sont accessibles aux personnes handicapées. Il consiste en un dessin stylisé d'une personne en fauteuil roulant vue de profil, le plus souvent en silhouette blanche dans un carré bleu vif.

Conçu en 1968 par la designeuse danoise Susanne Koefoed, il a été rapidement adopté : utilisé par les Nations Unies dès 1974, puis approuvé par l'organisation internationale de normalisation (ISO). Il est considéré comme l'un des cinq signes les plus reconnus dans le monde d'aujourd'hui. C'est dire sa force signifiante !

Dans les guides touristiques comme dans l'espace public, ce pictogramme signale les lieux et établissements accessibles, notamment aux fauteuils roulants, mais pas seulement. Derrière ce symbole se cachent quatre types de déficiences, qui se déclinent en autant de pictogrammes à destination des lieux publics, symbolisant les handicaps moteur, mental, visuel, auditif et mental. Problème : handicap moteur et accessibilité sont représentés par le même visuel.

Le symbole international est critiqué parce qu'il met davantage en avant le fauteuil roulant que la personne. Certains handicapés ne s'y reconnaissent pas. Depuis 2011, des activistes interviennent au pochoir dans les espaces publics, directement sur ce symbole, pour l'améliorer. Ils critiquent la passivité qu'il évoque et souhaitent le remplacer par un nouveau, plus dynamique, dessiné par l'artiste américaine Sara Hendren, initiatrice du « accessible icon project ». Actionnant lui-même la roue de son fauteuil, décideur de sa mobilité, ce nouveau personnage va de l'avant. Le mouvement est aussi ce qui caractérise le logo de l'Association des Paralysés de France (APF).

Conçu à une époque où les services en ligne n'existaient pas, le symbole international d'accessibilité est prévu pour une signalétique des lieux physiques. Mais sur le Web ? Les difficultés rencontrées ne sont pas les mêmes. Les pages web se parcourent-elles en fauteuil roulant, à la force du triceps [1] ? De plus, les utilisateurs en difficulté sur le Web ne sont pas tous handicapés. L'accessibilité web concerne un public plus large. Dès lors, comment symboliser l'accessibilité numérique ?

Le plus logique est de repartir du symbole international. C'est ce que font certains — en ajoutant un ordinateur, en transformant la roue du fauteuil en arobase, etc. — comme la Section 508, nom usuel d'un amendement à une loi américaine, qui porte sur l'accessibilité aux personnes handicapées des sites fédéraux et ressources électroniques du gouvernement.

Le fabriquant Apple a choisi un autre symbole. L'icône de l'« Accès universel », panneau de configuration de MacOS, représentant un bonhomme dans un cercle, s'inspire de l'homme de Vitruve. Ce dessin à la plume réalisé aux alentours de 1492 par Léonard de Vinci, symbolise l'humanisme, l'homme y étant considéré comme le centre de l'univers. Ce n'est pas sans rappeler l'ergonomie, dont la marque est si soucieuse, qui place l'utilisateur au centre.

Cette icône est depuis reprise dans la sphère numérique, notamment dans le monde libriste, où elle symbolise le même panneau « accès universel » du système Gnome pour Linux, où elle sert de de logo du groupe de travail accessibilité de l'APRIL.

J'aime assez ce simple personnage, pour l'universalité et plus encore pour l'humanité qu'il évoque, qui peut former une ribambelle, rappelant le vœu pieux exprimé par son fondateur, Tim Berners-Lee, d'un Web pour tous et toutes.



[1] Généralement, un utilisateur de fauteuil roulant sollicite, pour faire avancer son fauteuil, les triceps, les pectoraux et les deltoïdes, faisant travailler ces groupes de muscles de façon intensive.