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Que penser de Google Street Art Project ?

Publié le 11 juillet 2014 par Aude Mathey @Culturecomblog

Google envahit décidément tous les terrains liés à l’art visuel.

Que ce soit les musées d’art ou d’archéologie, de grands documentaires sur l’Histoire (avec un grand H et par une compagnie privée qui a l’oeil partout… grrrr j’en frissonne), Google a un faible pour la culture. C’est un fait. Au mois de juin dernier, Google a donc récidivé en scannant le haut lieu de l’art urbain à New York voué à disparaître : 5 Pointz.

Mais Google ne s’est pas arrêté là, il propose de recenser partout dans le monde (oui, vous avez bien lu) les différentes interventions d’art urbain, en comptant tout simplement sur la collaboration des internautes. Les journaux en ont fait des articles très positifs si ce n’est dithyrambiques. 5000 oeuvres d’un art éphémère deviendront pérennes grâce à Google, rendez-vous compte ! Google devient donc aujourd’hui le garant de la préservation des oeuvres d’art. Bien joué.

Il est vrai que ce projet, ambitieux, est intéressant. On y découvre en haute résolution des fresques impressionantes, que l’on n’irait peut-être pas voir. Google a également développé un concept d’expositions en ligne, avec – et c’est une première – des témoignages des artistes et des contenus autour du contexte et des oeuvres.

Copie d'écran Google Street Art Project

Copie d’écran Google Street Art Project

C’est en effet une première car si vous vous rappelez bien mes derniers articles sur le Google Art Project, ce dernier manquait cruellement de contenus scientifiques et de médiation. En effet, quid de la diffusion si le visiteur ne comprend pas ce qu’il regarde ?

Malgré ces efforts, je persiste à émettre deux réserves et demi sur ce projet :

  • l’art urbain est par essence un art éphémère et qui évolue au fil du temps dans son environnement. N’est-ce donc pas le dénaturer que de l’immortaliser à une période précise de son existence ? Cependant, cette remarque étant récurrente que l’on parle d’art contemporain ou encore de la valorisation de certains artistes de street art (ex. Bansky), elle ne compte que pour une demi-réserve.
  • Quid du droit d’auteur dans ce cas précis ? Google a travaillé avec 30 partenaires pour ce projet, mais quand on sait que pour l’Art Project, les oeuvres soumises au droit d’auteur avaient été floutées, qu’en est-il ici pour l’art urbain ? En effet, on est sur de la diffusion de reproductions d’oeuvres pour la création d’un outil pédagogique certes mais par une société privée. J’ai posé la question à Amit Sood sans succès et ne réussis pas à joindre le service presse de l’Art Project ni Laurent Gaveau. (si jamais vous avez des astuces, vous pouvez me les communiquer ici). La question mérite donc en effet d’être posée.
  • Enfin, ce projet permet (subtilement ?) à Google de se placer dans un univers cool et tendance très convoité par ses concurrents, notamment sur le créneau mobile et logiciel. En effet, Apple a commencé très tôt à se positionner auprès des industries créatives et des personnes « dans le vent ». Microsoft lui a ensuite emboité le pas rapidement, le marché porteur étant celui des Digital Natives…

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